Fanfiction Warcraft III

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Le Royaume des Ombres

Par Tirinyel

Chapitre 1 : Nastiën et Gladrín

Chapitre 2 : Les deux puissances

Chapitre 3 : Dalaran

Chapitre 4 : La Citadelle Noire

Chapitre 5 : Epilogue

Les Terres Dévastées. Nastiën s'y sentait à l'aise. Quelques temps auparavant il avait acquis assez de pouvoirs et de puissance au sein de sa communauté des elfes de la nuit pour être capable d'invoquer des portails à volonté et ainsi accéder aux Terres Dévastées à son aise. Il était conscient que c'était un pouvoir extrêmement puissant, et il l'utilisait très souvent. Depuis qu'il l'avait obtenu, il se rendait tous les jours aux Terres Dévastées, et tous les jours il chassait des démons. Et il allait recommencer ce soir.

Allongé au sommet d'une falaise, Nastiën guettait la troupe de démons qui arpentait le sol rouge de la vallée en contrebas. Le groupe était petit. Il était composé de quatre créatures. Nastiën reconnu sans difficultés trois d'entre elles : c'étaient des démons. La quatrième créature était plus étrange, elle ressemblait à une souveraine des tourments, mais elle semblait beaucoup plus puissante, elle était plus petite que les démons, mais il était évident qu'elle était largement plus puissante que les trois réunis.

Nastiën sourit à l'idée d'affronter un tel adversaire et serra ses armes. La nuit allait bientôt tomber, le sang allait bientôt couler.

Les quatre créatures avaient allumé un feu et se préparaient pour la nuit tandis qu'un des démons montait la garde. Il n'eut que le temps de voir un éclair furtif foncer sur lui avant qu'il ne sente le fil affûté d'une lame le trancher de bas en haut. Les deux autres démons alertés par le cri de douleur qu'avait poussé la sentinelle empoignèrent leurs immenses épées et se ruèrent sur le chasseur de démons. Ce dernier fonça vers eux avec une rapidité étonnante et tourna sur lui-même. Chacune de ses deux armes atteignit le cou d'un démon, et leur tête décapitée par la violence du coup s'envolèrent et roulèrent une trentaine de mètres plus loin. La souveraine des tourments, désormais seule, lui envoya une dague empoisonnée au visage. Nastiën n'eut aucun mal à éviter l'attaque de la créature, et entreprit de tester ses capacités. La créature était plus résistante, plus puissante, et plus rapide que les souveraines des tourments que Nastiën avait rencontrées. Elle survivait comme elle pouvait en drainant l'énergie vitale de Nastiën, mais celui-ci s'élança en avant et planta de part en part la lame d'une de ses armes dans le coeur de la créature qui s'effondra alors en arrière dans le sang des démons qui imbibait le sol. Nastiën s'autorisa un sourire d'autosatisfaction puis se rendit compte que la créature n'était pas tout à fait morte. Il leva son arme dans le but de l'achever, lorsqu'elle murmura des paroles qui l'inquiétèrent. Nastiën vit alors une forme bleue sortir de la bouche de la créature et se diriger presque instantanément vers son propre corps. Il hurla de terreur et de douleur et tomba à genoux, les mains sur sa tête. Il resta longtemps dans cette position, des spasmes secouant son corps, et avec l'impression de lutter contre lui-même. Lentement, il se leva, un air rempli de haine, puis il invoqua un portail et retourna dans ses terres de Kalimdor.

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Très loin de là, dans les contrées de Northrend, un combat se déroulait également. Une troupe de nains avait rencontré une patrouille trolle des glaces, le résultat est évidemment un combat à mort entre les deux camps. Leur chef, Gladrín, poussa un cri de guerre en abattant son puissant marteau sur la tête d'un prêtre troll et entendit avec sadisme son crane se briser, pendant que les fusiliers placés à l'arrière mitraillaient les berzerkers. Les trolls ne résistèrent pas longtemps face aux nains. Un berzerker l'avait compris, mais trop tard ; il tenta de s'enfuir et put courir hors de portée des fusiliers, malheureusement pour lui Gladrín lui lança son marteau qui l'atteignit aux jambes. Le chef des nains s'avança et se pencha vers le troll agonisant :

-Où est le mithril que toi et les tiens nous ont sournoisement volé ! lui hurla Gladrín.

- Jamais vous savoir, jamais ! lui rétorqua le troll non sans une certaine ironie dans la voix.

Pour Gladrín, c'était la phrase à ne pas dire. Sous l'effet de la colère, il leva sa hacha et l'abattit avec violence sur la partie faciale du troll. Son sang gicla, souillant la neige et les rochers qui l'entouraient. Gladrín repris son marteau et sa hache quand un fusilier lui adressa la parole :

- Chef ! Les gars et moi pensons qu'il vaut mieux ne pas traîner dans ce maudit coin. Des machines volantes ont repéré des camps de grands dragons bleus dans ces satanées montagnes, de plus la nuit approche et les trolls sont nombreux dans ces nuits maléfiques !

- Eh bien qu'ils viennent ces maudits trolls ! dit Gladrín toujours sous l'effet de la rage. Il trouveront à qui parler, mais tu as raison, nous devrions ne pas nous attarder ici. Rentrons au campement.

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Le campement des nains était simple, mais néanmoins bien fortifié. Des tours canons défendaient des tentes et des ateliers. La plus grande des tours était énorme et se trouvait au centre du camp, son canon devait avoir un bon mètre de calibre et n'importe quelle créature ennemie douée d'un minimum de raison n'aurait pas osé s'approcher de cet immense édifice. Quelques fusiliers ou mortiers arpentaient les passages à des vitesses différentes. La troupe de Gladrín fut bien accueillie et se dirigea vers une « tente-taverne » pour boire une bonne bière et pour raconter les événements de la journée. Une machine volante aborda Gladrín et lui dit que son père, Glodrín, souhaitait le voir dans la grande tente. Le nain compris alors qu'il devait renoncer à sa bière car un entretien avec son père durait souvent très longtemps. Il se détourna alors de son chemin, et prit la direction de la grande tente, en entendant la neige crisser sous ses pas. En entrant dans la tente de son père, Gladrín vu tout de suite que quelque chose n'allait pas. Glodrín lui expliqua le problème qui le tracassait :

- Ah, mon fils, je sais combien cette expédition est importante pour vous, mais en tant que chef de cette expédition, c'est à moi qu'il revient de prendre les décisions...

- Je vois bien qu'il y a un problème, père, dîtes-le moi.

- Nous devons rentrer à Ironforge. Je sais que cela sera difficile à accepter pour vous, mais l'heure est grave.

- Rentrer à Ironforge ? Mais avez vous oublié la raison de notre présence ici ? Nous sommes venus dans ces montagnes ingrates dans le but de trouver du mithril, cela fait bientôt deux mois que nous nous acharnons à extraire ce précieux métal. Et encore, si ces maudits trolls ne nous avaient pas volé tout notre stock de mithril la semaine dernière, nous aurions pu en ramener une grosse quantité, mais partir rimerait à leur donner le travail que nous avons si durement fait !

- Gladrín mon fils, je ne vais pas vous mentir et je vais vous expliquer pourquoi j'ai pris une décision si importante. Des éclaireurs m'ont averti qu'ils avaient remarqué une scène étrange près des côtes de Kalimdor : un chasseur de démons a massacré un village de pêcheurs et a volé un de leurs navires.

- Un chasseur de démons ? Mais c'est impossible, un elfe ne ferait jamais ça !

- Les éclaireurs on également insisté sur le fait qu'il avait l'air beaucoup plus haineux qu'un elfe ordinaire. Et ce n'est pas n'importe quel chasseur de démons, c'est Nastiën. Je pense que s'il est aussi impitoyable et s'il se dirige vers Ironforge, il est un danger très important.

- Vous avez raison, père. Nous ne connaissons pas tous les pouvoirs de Nastiën ; nous devrions rentrer.

La décision de lever le camp fut appréciée parmi les nains. Quelques heures plus tard, les tentes furent pliées, et les nains quittèrent Northrend par la mer.
Les nains, vivant la plupart du temps dans les montagnes, n'ont pas énormément d'expérience maritime, et ne sont donc pas vraiment très forts dans la construction de navires, c'est pourquoi ils ont préféré louer des bateaux et leur équipage à un village, certes éloigné d'Ironforge, mais qui proposait des locations à bon marché. L'équipage, ayant appris pourquoi l'expédition partait, a insisté pour ne pas faire la totalité du voyage jusqu'à Ironforge, et rester dans leur village pour être près de leur famille si Nastiën les menaçait. Néanmoins, il ne demandèrent pas la protection des nains car ils savaient que Ironforge était bien plus importante à leurs yeux qu'un petit village.

Les bateaux étaient rapides et le voyage ne dura que quelques jours. Les marins s'arrêtèrent au port de leur village, sur la côte Ouest, à quelques jours de marche de Dalaran. Les nains s'éloignèrent du village après avoir remercié l'équipage, puis ils installèrent leur campement dans une clairière pour passer la nuit. Gladrín se proposa pour monter la garde, et sa troupe et lui se posta à quelques centaines de mètres, au sommet d'une colline d'où ils pouvaient voir les environs à plusieurs lieues aux alentours. La mer bleue s'étendaient vers l'ouest, quelques bateaux troublant la surface lisse de ses eaux. Soudain, ils entendirent des hurlements et des bruits de bataille du côté du campement, ils y foncèrent et y trouvèrent le camp en pleine agitation. Des cadavres nains jonchaient le sol, des tentes brûlaient, et au milieu de ce carnage se trouvait un elfe, Nastiën.

Gladrín maudit la malchance, se demandant quelle était la probabilité pour tomber précisément maintenant sur un adversaire tel, et se demandant également pourquoi un elfe agissait ainsi.

La troupe de nains dévalait la pente qui les menait au campement, mais ce que Gladrín vit lui déchira le coeur. Son père était en train de combattre Nastiën mais avait l'air affaibli. Nastiën, quant à lui, semblait s'amuser et souriait d'un air dément ; il esquivait les attaques de Glodrín sans difficultés, son âge rendait le nain fragile, puis le chasseur de démons lui envoya un coup de coude dans la tête, là où son casque ne le protégeait pas. Le nain fut assommé un petit moment, et sa barbe était rouge du sang qui coulait de son visage. L'elfe se figea un moment comme pris de remords, fut secoué de spasmes et son visage avait l'air tendu, mais la haine et la destruction revint brutalement sur ses traits avec un rictus de douleur, puis il enfonça une de ses deux lames dans la gorge de Glodrín qui mourut sur le coup et s'effondra.

Gladrín se demanda s'il avait bien vu ce qui s'était passé, il ne croyait pas que quiconque aurait pu tuer son père. Il hurla sa douleur dans un cri qui déchira l'air, tandis que ses fusiliers étaient en train de maudire Nastiën. La vision du camp plongé dans les flammes et dans le sang avait stoppé l'élan des nains, qui maintenant hésitaient à approcher le chasseur de démons.

Nastiën entendit le cri de Gladrín et se dirigea vers lui et sa troupe pour leur faire subir le même sort qu'aux autres. Les nains se préparèrent alors au combat, puis le chasseur de démons chargea. Sa première cible fut Gladrín. Il lui lança un éclair foudroyant. Gladrín eut terriblement mal, il sentait son énergie physique et magique brûler très fortement, comme si un grand dragon rouge lui soufflait dessus de ses flammes brûlantes. La souffrance l'obligeait à fermer les yeux, et quant il put enfin les rouvrir, ce fut pour voir son dernier fusilier tomber à terre, et Nastiën immolé tenant ses armes sanglantes. Le nain se releva et vit que l'elfe allait recommencer son sort. Gladrín utilisa sa plus puissante compétence, il prononça des paroles ancestrales connues des seuls maîtres nains. Sa taille augmenta, ses muscles grossirent, et sa peau devint bleue, preuve de l'insensibilité à la magie qui l'habitait à présent. Nastiën fut surpris, son attaque frappa le nain de plein fouet mais ricocha, sans lui faire de mal, puis sourit comme ayant trouvé un adversaire à son niveau. Il se transforma à son tour en une immense créature noire, des cornes et des ailes lui poussèrent et le rendirent effroyable. Le nain engagea le combat en lançant son marteau dans la tête de l'elfe. Le coup était tellement violent qu'une de ses cornes faillit se briser, et que Nastiën resta assommé pendant plusieurs secondes. Gladrín profita de ces instants pour l'attaquer grâce à sa hache, puis récupéra son lourd marteau. Le chasseur de démons ne pouvait plus utiliser ses pouvoirs pour blesser le roi de la montagne, désormais insensible aux sorts. Néanmoins, il parvenait toujours à esquiver les coups du nain, et il le faisait très bien. Gladrín prépara un puissant coup de marteau et l'abattit avec force sur Nastiën qui l'évita d'une agilité surprenante, même pour un elfe. Le marteau défonça le sol, de la terre jaillissant partout. L'elfe fut quand même étourdit, mais le résultat n'était rien comparé à ce que le nain comptait lui faire. Il recommença et cette fois le chasseur de démons ne fut pas assez rapide pour esquiver le coup. Sa corne se brisa pour de bon et il sentit son esprit défaillir. Dans la vallée, les chocs de l'affrontement de ces deux énormes puissances se répercutaient loin. Nastiën aurait sans doute gagné si son adversaire n'était pas insensible aux sorts. Il décida de s'éloigner et d'attendre que l'avatar de Gladrín se soit épuisé. Sa métamorphose serait aussi écoulée, mais au moins il aurait une chance de gagner. L'elfe s'enfuit aussi vite qu'il le put, une corne brisée et une aile en lambeaux. Le nain ne le laissa pas s'échapper et concentra ses dernières forces pour lui envoyer son marteau entre les omoplates. L'arme destructrice fendit l'air comme la foudre et stoppa sa course dans la chair de Nastiën. Le chasseur de démons tituba un moment puis s'effondra lourdement sur le dos. Gladrín était également mal en point, son armure de mithril avait été brisée par la puissance des attaques chaotiques de Nastiën, et du sang coulait de ses nombreuses et profondes plaies. Il s'avança tant bien que mal vers l'elfe gisant à terre, pour s'assurer qu'il était bel et bien mort. Le chasseur de démons gardait un peu de vie. Il semblait s'accrocher à l'énergie vitale qui lui restait, et l'utilisa dans un souffle pour parler à Gladrín :

- Sauve-toi, nain, vite...

- Pourquoi ? Tu veux éviter que je te...

Gladrín n'eut pas le temps de finir sa phrase. Une longue forme bleue sortit de la bouche de Nastiën et se dirigea presque instantanément vers son propre corps. La douleur fut telle qu'il tomba, en voyant Nastiën désormais mort, et sentit que son esprit était touché. Une force maléfique s'insinuait en lui et tentait de lui voler le contrôle de son être. Gladrín résista tant qu'il put, la force commença à prendre une place de plus en plus importante dans son âme, et lui imposait ses volontés. Son coeur s'accéléra, et son sang coula à flot des blessures de son combat. La force lui ordonna de causer le maximum de destruction, de massacrer tout sur son passage. Gladrín compris que c'était cette force qui contrôlait Nastiën. Le nain devait obéir à la force, il n'avait pas d'autres choix, il avait horriblement mal, mais il ne pouvait pas faire ce qu'elle demandait, il était trop faible, trop faible. Les pensées s'effondrèrent dans son esprit, puis il perdit conscience. Les corps inertes de ces deux combattants restèrent immobiles dans la forêt, bien plus silencieuse qu'elle n'avait jamais été.
Quand Gladrín se réveilla, il était dans une salle, allongé sur un sol de pierre, la tête posée sur des couvertures pliées. Il pouvait voir par la fenêtre que le soleil n'était pas très haut dans le ciel, il en déduisit qu'il était très tôt. L'immense édifice dans lequel il se trouvait avait visiblement subi des destructions quelques temps auparavant, et était en pleine reconstruction. Ses pensées étaient vagues, quand soudain la douleur le reprit. Ses armes se trouvaient à quelques mètres de lui, hors de sa portée. La force maléfique lui imposa sa haine à nouveau, et lui ordonna de récupérer sa hache ainsi que son marteau, mais son corps ne lui obéissait plus, il fut pris d'étourdissements et se rappela qu'il n'avait pas mangé ni récupéré de forces depuis son combat contre l'elfe. Au centre de la pièce se tenaient deux prêtres et un archimage qui semblaient en pleine discussion. Ils s'arrêtèrent quand ils s'aperçurent que le nain était réveillé, et tournèrent leur regard vers lui. L'archimage s'avança et lui parla :

- Bienvenue à Dalaran, Gladrín. Je suis Maître Lentar. Des villageois vous ont trouvé dans une clairière où vous étiez en bien mauvais état. Il y avait également un elfe, ce Nastiën, mais il était décédé. Les villageois ont respecté les traditions et lui ont fait un tertre, bien que ses actes étaient terribles.

Vous êtes resté inconscient pendant plusieurs jours, et un mal vous possédait. Vous m'excuserez de vous l'avoir fait sans votre autorisation, mais j'ai sondé votre esprit pour comprendre ce qui vous est arrivé, ce mal, ce Nastiën mort

Gladrín continuait à se battre pour garder le contrôle de son corps, mais ses faibles forces diminuaient de seconde en seconde. L'archimage ne semblait pas s'apercevoir du combat intérieur que menait le nain, où peut-être faisait-il semblant de ne pas s'en apercevoir. Toujours fut-il qu'il continua son discours :

- Jamais je n'ai trouvé de personnes aussi difficiles à sonder que vous, Gladrín, et pour cause, vous n'avez pas un esprit, mais trois dans votre corps. Cela m'a pris du temps à vous sonder entièrement, mais j'y suis arrivé.

Un sourire illumina le visage de Lentar, attendant une réaction de la part du nain, mais seul un silence pesant lui répondit. Il continua, son sourire toujours aux lèvres :

- Dans votre corps, il y a bien sûr votre esprit, mais il y a également deux esprits qui n'y ont pas leur place. Le premier est celui d'une créature que je ne connais pas. Elle a toutes les caractéristiques d'une habitante des Terres Dévastées, une souveraine des tourments, mais il ne fait aucun doute qu'elle est étrangement plus puissante que ses semblables normales. J'ai vu son passé, et il montre une citadelle sombre, où il semblerait que se soit d'ici qu'elle tienne son pouvoir. Malheureusement, ce passé est flou et je n'ai pas pu voir davantage. Le second est l'esprit du chasseur de démons Nastiën. Je sais que cela doit vous paraître absurde, mais cet elfe traquait la créature et se préparait à l'achever. C'est alors qu'elle a utilisé un sortilège dont seuls les plus grands adeptes de la magie noire connaissent les secrets. C'est un sort qui ne peut s'utiliser que lorsque son invocateur est sur le point de mourir, son esprit entre alors dans le corps de son tueur comme un parasite. Nastiën avait donc deux esprits en lui, et celui de la créature lui ordonnait de faire toutes les destructions qu'il a occasionnées. Lorsque vous avez battu l'elfe, ses deux esprits sont entrés dans votre corps. Voilà pourquoi vous avez subit des lésions mentales si importantes, car trois esprits se disputaient le contrôle de votre enveloppe charnelle.

- Voilà pourquoi vous n'avez pas été soigné, compléta un des deux prêtres, car si l'esprit maléfique venait à prendre le contrôle de votre corps ayant toutes ses capacités physiques, comme elle l'a fait pour Nastiën, alors vous deviendriez un danger presque aussi grand.

- Mais alors, articula Gladrín avec peine, semblant avoir pris le dessus sur les autres esprits le possédant, je vais rester dans cet état, avec ces maudites blessures, jusqu'à la fin de mes jours ?

- Non, reprit l'archimage, nous pensons que se priver de vous ainsi que de Nastiën serait une mauvaise chose car vous êtes tous deux de très bons combattants.

- Mais, sauf votre respect, Maître, répondit le prêtre qui avait déjà parlé, Nastiën est mort et enseveli, n'est-ce pas ? Son corps doit déjà être dans un état de décomposition puisque son décès remonte à plusieurs jours.

- Vous me décevez, mon cher, lui répliqua Lentar. Etant vous-même elfe, je pensais que vous saviez que le corps des elfes ne subit pas les dégâts du temps, autrement dit, Nastiën est dans le même état qu'avant sa mort. Gardes !

- Oui ? Qu'y a t'il pour votre service ? questionna le capitaine des trois fantassins qui entrèrent à ce moment-là dans la pièce.

- Allez à la tour des griffons et demandez de ma part qu'on envoie une unité pour ramener le corps du chasseur de démon Nastiën. Il devrait se trouver sous un tertre, au centre d'une clairière, à environ une lieue et demi du large. Pendant que j'y pense, prévenez la salle des arcanes supérieure que je me téléporterais dans quelques minutes, et qu'il ne soit pas surpris de me voir venir sans ouvrir la porte.

La troupe de fantassins s'éloigné d'un pas vif. On pouvait entendre l'un d'eux grommeler qu'il aurait du écouter son père et devenir paysan, mais un bruit sec claqua comme une gifle, suivit d'un petit cri de douleur, puis ce fut le silence.

- Vous avez un plan, n'est-ce pas ? devina le prêtre qui n'avait pas encore parlé, après un certain moment de silence.

- Oui. Nous allons récupérer deux excellents guerriers et se débarrasser d'un ennemi par la même occasion, annonça l'archimage d'un air rusé, tout en faisant un geste de son bâton, entouré d'un halo bleu. Il se téléporta alors dans une brève lueur blanche, sous les yeux habitués des prêtres et sous ceux écarquillés du nain.

Lentar rentra quelques heures plus tard. La lumière de sa téléportation réveilla Gladrín qui s'aperçut que Nastiën était dans la pièce, aussi inerte que lors de la fin de leur combat, allongé dans la même position que lui, sur sa droite. Il put voir par la fenêtre que l'heure avait avancé, le soleil avait dépassé son zénith de quelques minutes. Le maître paraissait impatient, et au-dessus de la paume de sa main droite flottait deux sphères translucides.

-Pourquoi vos achats furent si longs ? s'étonna un des prêtres. Des emplettes si courtes n'auraient pas du vous prendre autant de temps.

-Ne croyez pas que j'aie fait du simple shopping, lui répliqua Lentar d'un ton neutre. Ce qui s'est passé, c'est que ces fainéants de la salle des arcanes supérieure n'avaient pas les articles que je recherchais ! Il faut bien dire qu'il y a bien longtemps que personne n'a demandé ces objets, dit-il en montrant les deux sphères luisantes. J'ai été obligé d'attendre que ces tires au flanc refassent ces puissantes merveilles, et j'ai même mis la main à la pâte pour aller plus vite !

-Ce sont des gemmes d'âme, non ? demanda le second prêtre, comme pour vérifier ses connaissances.

-Exact, répondit l'archimage avec fierté. Je vais procéder à l'acte immédiatement.

D'un geste de la main, il positionna les sphères au-dessus du corps de Gladrín qui restèrent en lévitation. Il dénoua sa cape, la plaça dans un coin de la pièce, ferma les yeux et se concentra. Son visage était tendu et une veine pulsait au niveau de sa tempe. Des flux d'énergie mystique bleus émanaient de lui, et les même flux commencèrent à émaner du nain. En un éclair, deux longues formes bleues sortirent du corps de Gladrín et se dirigèrent chacune vers une gemme d'âme. Le roi de la montagne puisa au-delà des forces qui lui restaient pour pousser un hurlement de douleur tellement puissant qu'un fantassin passa sa tête par la porte pour vérifier que tout se passait bien. Il la retira vivement face au regard intimidant que lui lança un des prêtres.

L'archimage ouvrit les yeux avec un soupir de soulagement, face au travail qu'il venait d'accomplir : séparer les trois esprits. Il observa les gemmes d'âme : l'une était devenue verte émeraude, l'autre rouge feu. Il était aisé de deviner laquelle des deux contenait l'esprit de Nastiën, et laquelle contenait celui de la créature maléfique. La gemme verte se plaça au-dessus du corps de l'elfe, pendant que les prêtres soignaient Gladrín, possédant désormais un seul esprit, le sien. Sur un mot de Lentar, la gemme verte descendit peu à peu dans la chair de Nastiën, puis une lumière bleue suivie d'une onde verte illumina son corps. Les prêtres, ayant terminé de soigner le nain, s'occupèrent des blessures de l'elfe, qui commençaient à saigner dû à son sang qui circulait de nouveau dans ses veines.

Nastiën se leva, étonné d'être en vie, et huma l'air frais comme s'il redécouvrait ce monde qu'il avait quitté. L'archimage devina que l'elfe ne savait pas ce qui venait de lui arriver, et il lui répondit avant que le chasseur de démons ne lui posa sa question. Il lui expliqua ce qu'il avait fait grâce à la gemme d'âme, et Nastiën le remercia chaleureusement.

- J'ai une faveur à vous demander, lui murmura l'elfe. Si vous n'avez rien à faire de la gemme d'âme rouge, j'aimerais la détruire moi-même.

- Je vous accorde cette faveur, mais restez prudent, elle garde une énergie mystique très puissante, lui répondit le maître.

Nastiën, heureux, s'avança vers la gemme d'âme, et lui lança un éclair foudroyant. Gladrín de raidit, il avait encore le souvenir de ce même sortilège qui l'avait profondément blessé lors de leur affrontement dans la forêt. La température augmenta dans la salle, et l'archimage hésita à invoquer un blizzard pour se rafraîchir. La gemme rouge résistait, mais l'elfe sentait qu'elle commençait à faiblir. Son énergie mystique continuait à brûler, la chaleur se fit de plus en plus intense et soudain la gemme éclata dans une immense gerbe d'étincelles qui remplit toute la pièce. L'archimage vit avec horreur le livre Les champignons vénéneux d'Azeroth à travers les âges aspergé d'étincelles puis brûler, et s'empressa de l'éteindre. Nastiën se dressa fièrement, de la sueur ruisselant sur son visage et sur son torse, et toisa la fumée inoffensive qui avait été un peu plus tôt un esprit dangereux.

Lentar le félicita et déclara que, après toutes ces émotions, un bon déjeuner serait la bienvenue. Les quatre autres personnes présentes dans la pièce acquiescèrent, et tous se dirigèrent alors vers la grande salle à manger de Dalaran.

La salle à manger de Dalaran était vaste, plusieurs centaines de petites tables rectangulaires emplissaient l'immense pièce. Lentar, les deux prêtres, Gladrín et Nastiën s'assirent à une table de six personnes. Une place resta libre. L'elfe s'adressa au nain :

- Je suis vraiment désolé pour ce que j'ai fait aux personnes qui t'accompagnaient. J'essayais de résister, mais l'esprit maléfique était trop puissant pour moi. Je regrette vraiment.

- J'ai moi aussi été contrôlé par cette force, et je sais ce qu'on ressent. Le seul responsable n'est pas toi, mais cette créature, lui répondit Gladrín avec sagesse en se servant de la nourriture appétissante. Mais je ne nie pas que j'aurais préféré que tout mon groupe soit en vie.

- Ne vous en faites pas pour cela, Gladrín, lui répliqua Lentar. Croyez-moi, ne vous inquiétez pas.

- Ne pas m'inquiéter ? s'emporta Gladrín. Mais pensez-vous vraiment que...

- Du calme, le coupa l'archimage. Vous allez bientôt comprendre ce que je veux dire, d'ailleurs il ne devrait plus tarder...

A ce moment-là, un paladin entra dans la pièce l'air épuisé, et s'assit à la table, à la place libre.

- Cinq sorts de résurrections à lancer, avec un aller-retour à Ironforge à dos de griffon ! J'ai terminé ma journée, moi ! lança t-il.

- Ce paladin, Maître Morgann vient de ressusciter votre troupe de nains, expliqua l'archimage à Gladrín.

- Maintenant ? interrogea-t-il.

- Oui.

- Mais ils auraient du être décomposés, non ? Ils sont nains, pas elfes !

- C'est vrai, mais les villageois qui vous ont trouvé ont bien vu que vous étiez vivants, mais près de mourir. Ils vous ont donc apporté ici car Dalaran était proche, mais les autres nains étaient bels et biens morts. Les villageois les ont donc ramenés à Ironforge, leur capitale, où ils ont été enterrés, ou devrais-je dire « enneigés », car ils n'ont pas été enfouis dans la terre, mais dans la neige, ce qui les a conservés, expliqua Morgann.

- Il existe pourtant des paladins nains, n'est-ce pas ? fit remarquer Gladrín. Pourquoi demander l'aide d'un de Dalaran alors qu'il y en a à Ironforge ?

- Parce que les paladins nains se basent plus sur la résistance physique et sur la force, alors que les paladins humains sont spécialisés dans l'intelligence et dans la maîtrise des sortilèges. Les paladins humains sont donc beaucoup plus efficaces que les nains, surtout pour lancer cinq sorts de résurrection, répondit le paladin.

- Mais pourquoi ont-ils dressé un tertre à Nastiën, au lieu de le ramener en territoire elfe ? questionna un des prêtres, mâchant une saucisse.

Un silence gêné se fit à la table, où Lentar et Morgann se regardaient furtivement, se demandant qui des deux allait répondre à la question du prêtre. Finalement, l'archimage prit la parole :

- C'est parce que les elfes ont refusé de le garder, ils ont estimé qu'il avait causé trop de destructions pour avoir l'honneur de reposer en terre elfe, dit-il d'un air désolé.

- Mon honneur a donc été souillé, juste à cause de cette souveraine des tourments ! se lamenta Nastiën. Je ferais de mon mieux pour retrouver mon honneur, quitte à y laisser ma vie, s'écria t-il plein de rage.

- J'ai peut-être une idée qui pourrait convenir. Cette citadelle que j'ai vue dans le passé de la créature maléfique, on ne sait pas ce qu'elle est, elle est sûrement un danger. Va vérifier, éliminer le danger s'il y en a, et cela prouvera ta bonne fois et lavera ton honneur.

- Je me suis laissé contrôler par ceux que j'aurais du combattre, je saisirais la moindre chance de me racheter et d'oublier mon passé dont j'ai honte.

- Je suppose que je dois la vie à Dalaran, ajouta Gladrín. Si vous me le permettez, j'accompagnerais Nastiën et je l'aiderais à détruire ce maudit danger s'il y en a un.

- Ta spontanéité m'impressionne, nain, fit l'elfe reconnaissant.

- Qu'il en soit ainsi, conclut Lentar. Demain, avant l'aube, vous partirez tous les deux pour les Terres Dévastées. Puissiez-vous en revenir saufs.
Nastiën et Gladrín avançaient rapidement dans les Terres Dévastées. Le nain restait derrière l'elfe, car il n'était encore jamais allé dans ce monde, et préférait laisser à son compagnon la charge de guide.

- Jamais depuis que je fréquente ces terres je n'ai entendu parler de cette citadelle, dit Nastiën à mi-voix. Je pense que nous pourrons marcher très longtemps sans la trouver.

- Ces satanées montagnes ne me disent rien qui vaille, répondit le nain. Voilà plus de dix jours que nous cherchons cette maudite citadelle.

- La nuit tombe, finit par dire l'elfe. En temps normal, je continuerais, car mon ultravision me permet de voir aussi bien de jour que de nuit, mais tu es un nain. Arrêtons nous là-bas, dans la fissure, nous y serons en sécurité, dit-il en montrant le flanc d'une montagne particulièrement abrupte.

La cachette dont parlait Nastiën était étroite, mais néanmoins assez grande pour permettre à deux personne de s'y installer. L'elfe, qui n'avait pas besoin de repos, prit la garde, et la nuit passa.

Au matin, Gladrín se réveilla et remarqua qu'il était seul dans la faille. Il se demanda où Nastiën était passé, et sortit de la grotte pour voir s'il pouvait le trouver.
Il vit l'elfe au fond d'une vallée, en train de se battre contre deux démons. Il avait nettement l'avantage et leur envoya à chacun un coup de poing qui les étendit par terre en les étourdissant puissamment. Gladrín coura vers lui et lui parla au moment où Nastiën s'approchait de ses deux adversaires.

- Où étais-tu ? Tu ne peux même pas rester tranquille en attendant que je me réveille ? Tu ne peux même pas résister à attaquer des démons quand tu en vois passer ? Tu es bien hâtif pour un elfe, lui reprocha le nain.

- Je ne t'ai jamais demandé de m'accompagner, vu ?lui répliqua immédiatement Nastiën. La raison pour laquelle je recherche cette citadelle est de me racheter, et elle est beaucoup plus importante que la raison pour laquelle tu es toi ici. Si mes méthodes te dérangent, tu peux très bien chercher tout seul, mais tu ne connais rien à ce monde. Ta seule chance de survie est de rester avec moi, quoi qu'il t'en coûte !

- Certes, ton objectif est plus honorable que le mien, mais tu ne connais pas la vraie raison de ma présence ici, ce n'est pas simplement une raison de dette envers Dalaran, c'est parce qu'agent de cette citadelle a tenter de me contrôler, et que ce même agent a assassiné mon père et toute son expédition de nains, et je sais qu'ils m'en voudraient de ne pas faire le maximum pour les venger ! répondit Gladrín non sans un certain agacement dans la voix.

- J'ai pensé que nous pourrions interroger ces deux démons, et leur demander où se trouve la citadelle que nous cherchons, tu veux essayer ? tenta Nastiën, conscient qu'il avait mal agi envers Gladrín qui devait se sentir inutile.

Le nain, heureux de pouvoir servir à quelque chose, s'avança vers un des démons à terre, et lui hurla :

- N'essaie pas de mentir, dis moi où se trouve la citadelle que nous recherchons, et vite ou je sens que je vais m'énerver !

Le démon lui cracha au visage avec un rire atroce. Gladrín sentit la colère monter en lui et prit avec rage la tête du démon qui se débattit, mais il la broya à mains nues sans prendre compte aux hurlements de douleur que poussait sa victime.

- Tu ne sais pas t'y prendre, lui annonça Nastiën en secouant la tête. Je vais te montrer comment il faut faire, déclara t-il en se dirigeant vers le deuxième démon.

Il se pencha au-dessus de lui et lui dit d'une voix froide :

- Je te propose deux choses : soit tu nous dit où se trouve la citadelle que nous recherchons et j'abrège tes souffrances, soit je coupe peu à peu tes phalanges et tes membres, et la douleur de ton camarade ne sera rien comparée à la tienne. Tu me supplieras de t'achever bien avant que ton sang ne quitte totalement ton corps, ou bien avant que tu ne voies ton coeur battre dans mes mains.

Le démon pâlit au fur et à mesure que l'elfe lui disait ce qu'il allait lui faire si il ne coopérait pas. Finalement, il se décida à dire :

- La Citadelle Noire se trouve au centre du Royaume des Ombres, qui est loin, au nord, a quelques dizaines de lieues d'ici. Le Maître vous y attend.

- Il nous attend ?

- Oui, Il sait tout ce qui se passe dans les Terres Dévastées. Mais vous, vous êtes très loin de vous douter ce qui se passe au Royaume des Ombres, ajouta-t-il avec une insolence furtive.

Nastiën l'acheva, comme promis, non sans l'émotion de bourreau qu'il éprouvait à chaque fois qu'il ôtiat le vie d'une créature maléfique, et Gladrín et lui se dirigèrent vers le nord, dans la direction de la Citadelle Noire.

Ils ne mirent que quelques jours à atteindre le Royaume des Ombres. C'était une immense lande qui se différenciait facilement des autres terres aux alentours. On pouvait aisément sentir la puissance qui se dégageait de cet endroit. Au milieu de cette terre, il y avait comme une colossale montagne noire, dans laquelle avait été taillée la citadelle. Nastiën n'avait jamais vu une contrée pareille, et pourtant il était sur d'être déjà passé dans cet endroit, il en conclut donc que ce royaume était récent, mais néanmoins habité par une présence et une puissance maléfique.

Ils se dirigèrent vers la montagne, et les portes de la citadelle s'ouvrirent toutes seules quand Nastiën et Gladrín s'approchèrent. Une voix leur parvint qui résonnait dans leur têtes :

- Vous êtes dans la Citadelle Noire, monter les escaliers jusqu'en haut, Il vous attend.

Derrière les portes, il y avait un grand hall au bout duquel se trouvait un large escalier. On pouvait voir des étages inférieurs baignés d'une lueur rouge, et entendre des grognement provenir des entrailles de la terre. Obéissants à la voix, le nain et l'elfe montèrent les marches. Chacun d'eux considérait cet édifice avec son propre point de vue. Nastiën se méfiait de cet endroit, il toucha la paroi et le retira immédiatement, comme si la roche l'avait électrifié. Il sentait les énergies malfaisantes qui baignaient les environs et pénétraient le coeur des roches. Il pressa l'allure pour sortir au plus vite de cet endroit. Gladrín , quand à lui, toisait l'édifice avec le point de vue expert du nain qu'il était. Il savait bien que cette citadelle avait été construite par le mal, mais il devait pourtant bien reconnaître que c'était une architecture remarquable, et que tailler une cavité aussi grande dans une montagne n'était vraiment pas à portée du premier venu. Il calqua son allure sur celle de Nastiën et arriva au dernier étage. En haut des escaliers, il y avait une forme enveloppée dans un grand manteau sombre.

- Bienvenue à la Citadelle Noire, Nastiën, bienvenue également à Gladrín, dit la forme aimablement. Je sais qui vous êtes, je sais ce qui vous amène, je sais tout.

- Vous savez tout sur nous, mais nous ne savons rien sur cet endroit et sur vous, nous ne sommes pas à égalité, tonna Gladrín. Qu'est-ce que c'est que cet endroit, pourquoi est-il là, et comment une souveraine des tourment à t'elle pu obtenir autant de puissance ?

- Ah oui, la souveraine des tourment...répondit la forme en hochant la tête. J'aime bien raconter mes exploits, et vous êtes les deux seuls dans cet endroit qui ne connaissez pas mon génie, je vais donc tout vous raconter, dit-il avec une vanité sans égale.

- Vous pensez que vous ne courez aucun risque à tout nous dire car vous avez l'intention de nous tuer après, c'est bien ça ?le coupa Nastiën.

- Bonne perspicacité, c'est exact lui répondit la forme. Avant tout, je dois vous poser une question, n'avez-vous pas une idée de qui je suis ?demanda t-il à son tour en retirant son manteau sombre.

Nastiën et Gladrín purent voir ce qui se cachait sous le manteau. C'était un homme de petite taille, au muscles peu épais, mais ses yeux particuliers laissaient deviner qu'il portait en lui une puissance magique très importante.

- Non, répondit Gladrín, perplexe.

- Je n'ai plus l'apparence que j'avais autrefois, reprit l'homme en s'asseyant sur un siège qu'il fit apparaître sur le moment. Je m'appelle Drajin. Connaissez-vous Archimonde ?

- Archimonde est mort il y a bien longtemps, ce n'est pas plus qu'un souvenir qui s'efface au fil du temps, à présent, fit Nastiën avec dédain. Pourquoi nous parler de lui, avez-vous un quelconque lien avec lui ?

- On pourrait dire que j'étais son frère, en quelque sorte. Cela doit paraître étrange car j'ai l'apparence d'un humain, mais ma forme originelle est celle d'Archimonde.

- Quelle blague ! Je n'ai jamais rien entendu d'aussi comique de toute ma vie, dit Gladrín avec un rire plus fort que la normale. Pourquoi donc avoir cette ridicule apparence humaine, alors ?

- Ne te moque pas de moi, Gladrín, lui dit Drajin avec autorité. J'étais largement moins gâté qu'Archimonde au niveau de la force et de l'agilité, mais je l'étais bien plus que lui dans l'intelligence et la stratégie. C'est grâce à moi qu'il a pu conquérir autant de mondes, c'est moi qui était son stratège, c'est moi qui lui ais fait ses plans de batailles, c'est moi qui lui ais donné des technique imbattables pour gagner forcement contre n'importe quel adversaire, c'est moi qui lui ais fait ses victoires. Mais après, il estima qu'il avait assez de stratégies, et que je ne lui servais plus à rien. Il ne voulait pas qu'un ennemi me capture et que je mette mes talents au service d'un adversaire, il m'a alors banni car il voyait en moi un danger, il m'a condamné à rester dans les Terres Dévastées pour toujours sous cette forme minable ! Mais malheureusement pour lui, il a perdu sa dernière guerre car il ne m'avait pas à ses côtés. Voilà toute mon histoire, et vous en savez autant sur moi que j'en sais sur vous.

- Tout ceci n'explique pas le mystère de la souveraine des tourments, fit Gladrín peu crédule.

- Patience, j'y viens. Après plusieurs années d'errance dans les Terres Dévastées, j'ai senti avec une grande concentration et une grande difficulté une perturbation magique. J'en ai cherché la source et j'ai creusé à son endroit. Je suis tombé sur un puit magique, un endroit extrêmement riche en magie, si profond que personne ne l'avait jamais découvert. Un puit comme celui que les Kaldoreis ont exploité. J'ai baptisé cet endroit Le Royaume des Ombres et j'y ais construit la Citadelle Noire juste au-dessus du puit. Ensuite, j'ai corrompu son énergie, et j'ai utilisé sa puissance pour rendre des créatures encore plus puissantes. J'ai fais des tests sur les bêtes qui passait à ma portée, comme des souveraines des tourments, afin de m'assurer qu'il n'y avait aucuns effets secondaires, et les résultats sont encore plus réussis que ce que j'osais espérer, plus tard j'utiliserais le puit sur les démons et les infernaux.

- Cela ne rime absolument à rien, pourquoi faire cela ?dit Gladrín.

- Vous n'avez toujours pas compris mon but ? Si, Nastiën vient de comprendre, il n'ose pas croire que c'est vrai, mais il a deviné, répondit Drajin en regardant l'elfe.

- Non, c'est impossible, ce n'est pas possible ...murmura celui-ci.

- Si, je vais créer une légion ardente plus puissante et plus terrible que jamais, le puit me permettra de multiplier la force de chaque démon par cent, et j'utiliserais ensuite la puissance du puit sur moi-même, je me libèrerais de ma malédiction, et je serais l'égal de Sargeras. J'irais détruire votre monde et rien ni personne ne pourra m'arrêter, surtout que vous n'avez à présent plus de Gardien.

- Vous êtes fou, répliqua Nastiën. Ne rêvez pas trop, vous croyez sérieusement que personne ne vous arrêtera ?

- Et qui le fera ? Vous ? Dans quelques heures, les démons vont utiliser le puit et ce sera alors fini pour vous. Mais croyez-moi, il vaut mieux pour vous que vous n'essayiez pas de contrecarrer mes plans !

- Voila ma seule chance de me racheter, dit Nastiën. Je dois le tuer tout seul, sans aucune aide et je me serai racheté.

- Tout seul, mais tu es fou, lui répliqua Gladrín. Tu vas mourir, ou pire ! Je t'ai accompagné, et ce n'est pas pour te voir te faire abattre sans rien faire !

- Je t'ai déjà dit que je ne t'avais jamais demandé de m'accompagner ! Si je ne me rachète pas, je serai également mort, pas physiquement, mais mentalement. En somme, tu ne peux pas m'aider car si je l'affronte tout seul, je vais mourir physiquement, et si on l'affronte à deux, je vais mourir mentalement et peut-être l'un de nous physiquement. Comme tu vois, je suis bloqué et je ne peux pas reculer. Tu dois me laisser le combattre.

- C'est notre seule chance ! Nous pouvons l'arrêter ! Si tu meures, je serais même incapable de rentrer puisque je ne peux pas invoquer de portails, et notre monde sera condamné à la destruction !

- Ne doute pas de moi, Gladrín. Ne t'en fais pas car tout s'arrangera.

Sur ces mots, Nastiën attrapa Gladrín et l'envoya avec force pas une des étroites et longues fenêtres de la pièce. Le nain, très résistant, ne se fit presque pas mal en tombant, et compris avec résignation qu'il ne pouvait rien faire pour aider son ami.

- Tu es inconscient, Nastiën, dit Drajin. Tu crois vraiment pouvoir me battre tout seul ? Avec la disparition d'Archimonde, je deviens l'être le plus puissant de tous les mondes.

- Je n'ai rien à perdre.

- Je te fais une offre, je te propose de me rejoindre. Ce serait dommage de détruire quelqu'un d'aussi remarquable que toi.

- Je me suis déjà fait contrôler par ceux que j'aurais dû combattre, et plus jamais je ne laisserais cela ce faire !

- Très bien, dit Drajin dans un soupir en sortant une immense épée d'un rouge de feu ardent.

Nastiën se prépara au combat et serra avec force et assurance ses deux armes en forme de croissant. Derrière ses yeux aveugles, il voyait à présent la magie qui imprégnait Drajin, puis il s'élança avec la rapidité qui caractérisait les elfes, en assénant un coup dans le torse de son adversaire. Drajin dévia son coup grâce à la magie et profita de la surprise de l'elfe pour le frapper à son tour. Nastiën n'eut aucun mal à parer l'attaque de son ennemi et fut assez surpris de constater que l'arme de son adversaire était très légère, les chocs n'étaient donc pas puissants, mais donnaient en retour des gerbes d'étincelles. Le poids de son arme permettait à Drajin de la manier avec un contrôle remarquable et une précision sans égale.

Pour augmenter sa démolition, Nastiën se métamorphosa en la grande créature noire qui était la forme la plus terrifiante des chasseurs de démons. Drajin ne fut pas surpris mais senti que son adversaire devenait plus dangereux, et il n'eut pas le temps d'esquiver l'éclair fatal qu'il lança sur lui. Drajin ressenti la vive douleur qui lui brûlait ses énergies mystiques, mais il ne broncha pas pour autant et pointa son doigt vers Nastiën en prononçant une incantation. L'elfe avait déjà entendu parler du doigt de la mort, un des sortilèges les plus dévastateurs que l'on connaisse. Il se prit l'éclair rouge en plein visage, mais la colère ne lui fit pas ressentir la douleur, et il ne se rendit pas compte que son corps noir devenait rouge de son sang. Il rugit et des flammes l'entourèrent. Il se mit à lancer des projectiles verts dévastateurs sur Drajin qui épuisa sa magie à dresser un bouclier autours de lui pour se protéger des terribles attaques. Quand il n'eut plus d'énergie mystique, il chargea sur Nastiën sans prêter attention aux flammes qui lui léchaient le corps et lui brûlaient la peau. L'elfe esquivait toutes les attaques, mais sa force faiblissait. Son adversaire l'embrocha avec son immense épée, et il ressenti alors la douleur. Avec furie, il brisa l'épée qui le traversait de part en part et donna un coup de poing si puissant à Drajin que le choc les sépara, et chacun se trouva projeté au sol. Ce dernier se releva avec difficulté en s'accrochent à un mur, et s'avança vers Nastiën, toujours au sol, un bout de la lame brûlante dans la poitrine qui transformait sa chair en braise. Il n'avait plus la force de combattre et il sentit que la mort allait bientôt arriver, mais il était tranquille, il s'était racheté, au moins son âme pourrait reposer en paix. Drajin se trouvait juste devant lui, debout, le tesson ardent de son épée dans sa main droite levée.

- Bravo, Nastiën. Tu t'es bien battu. Dommage que tu aies préféré mourir au lieu d'avoir une puissance comme tu n'en aurais jamais. Adieu, conclut-il simplement.

Dans un dernier effort, Nastiën concentra ses énergies et envoya avec fureur des boules vertes dévastatrices dans le plafond de la pièce et dans les murs. Les paroies de plusieurs centaines de mètres d'épaisseur se fissurèrent et des rochers tombèrent de toutes parts, et un gros roc s'abattit sur le dos de Drajin en le brisant. Il perdit l'équilibre et chuta, et lorsqu'il s'étala par terre, ce fut pour s'embrocher la gorge sur l'arme de Nastiën, et la douleur fut sa dernière sensation.

Dehors, Gladrín vit avec effroi la montagne s'écrouler entièrement. Il était évident que n'importe quelle créature n'aurait pas survécu à ce désastre. Le nain se sentit alors perdu, seul dans ces Terres Dévastées, sans portail pour revenir, et sans même voir le corps de Drajin pour s'assurer qu'il était mort. Il aurait bien aimé revoir Nastiën encore une fois, au moins pour le féliciter d'avoir battu un adversaire comme il en a eu, et le rassurer en lui disant que les elfes le pardonneront. Il se consola en se disant que quelqu'un de Dalaran allait forcément voir la citadelle de plus près et savoir pourquoi l'elfe et lui-même ne sont pas revenu, mais la pensée que personne ne savait où se trouvait le Royaume des Ombres l'accabla, et il se dirigea vers les débris de la Citadelle Noires pour voir ce qu'il pouvait faire, et tenter de chercher le corps de Nastiën avec un minimum d'espoir. Au pied des décombre, il se dit qu'il ne fallait pas trop rêver, et retourna sur ses pas, quand il s'arrêta. Il sentait quelque chose d'inhabituel. Les nain ont la faculté de ressentir plus facilement que les autres races les trésors ou métaux précieux a proximité et il sentait un métal rare. Il devina avec joie d'où il provenait, c'était le métal des armes de Nastiën, elles étaient faites en un matériau très rare de son continent, un métal qu'on ne trouve que près de l'Arbre Monde dont la sève se lie à ce métal lui donnant toute sa force. C'est un métal très recherché chez les elfes, un peu comme le mithril chez les nains. Il chercha d'où venait ces ondes, et il enleva les roches qui l'empêchaient d'atteindre Nastiën.

Il ne mit que quelques heures à dégager entièrement les rocs, et la présence des armes de Nastiën augmentait avec l'espoir de Gladrín. Avec soulagement, il vit son ami et le dégagea des pierres, puis le déposa sur le sol rouge, en dehors des décombres. Le corps de l'elfe n'avair presque pas souffert des chutes de roches car Drajin avait été étendu par dessus lui, le protégeant. Le corps de Drajin, en revanche, était tout sanglant et avait des rochers pointus plantés dans le corps. Il était évident qu'il était mort, et qu'il n'avait plus aucun os intact.

- Gladrín, merci, murmura l'elfe, du sang coulant de sa bouche quand il parlait.

- Nastiën, tu es vivant ? Comment as-tu pu survivre ? s'étonna le nain.

- Je n'en ai plus pour longtemps, tu sais. Je vais bientôt mourir.

- Mais non, Dalaran va te ressusciter, comme il l'a fait pour mon père, ne t'en fait pas.

- Dalaran m'a déjà sauvé une fois, et je ne préférerais pas que cela devienne une habitude. Je suis un elfe et j'ai déjà bien vécu.

- Mais on ne peut pas te perdre !

- J'ai besoin de repos, Gladrín. Je suis las de toujours me battre. Je vais mourir mais toi, tu vivras. Approche, je vais te transmettre mes pouvoirs afin que tu continues ma tâche.

- Me transmettre tes pouvoirs ? Je ne suis pas fait pour autant de puissance, cela me dépasserais.

- Tu m'as déjà battu, tu sais, et c'est ton seul moyen de rentrer.

Sur ces mots, Nastien et Gladrín furent baignés d'une lueur blanche. Le corps du nain semblait plus vif, alors que celui de l'elfe se ternissait.

- Voilà, dit enfin Nastiën. Tu as entre tes mains plusieurs millénaires de savoir et des puissance. Fais-en bon usage.

- Je comprend ton acte, et jamais je ne trouverais les mots pour te remercier, dit Gladrín. C'en est fini de la Citadelle Noire, non ?

- Non, il y a encore le puit. Ila été corrompu et ne peut être purifié. Il doit être détruit pour éviter que quelqu'un d'autre ne s'approprie ses pouvoirs. Tu dois le détruire, maintenant que je ne peux plus le faire. Je peux à présent reposer tranquille car je sais que j'ai été pardonné, et que tu poursuivras mon labeur, conclu Nastiën dans son dernier souffle.

Gladrín put voir une petite lueur verte comme un feu follet briller furtivement aux lèvres de l'elfe, puis ce fut tout.

Il se leva et décida de détruire le puit. Il utilisa les deux sorts les plus puissants qu'il connaisse à présent, le sien et celui de Nastiën. Sa taille augmenta très largement, des ailes et des cornes lui poussèrent et sa peau s'épaissit et devint bleue. Il sentait la puissance de l'elfe, ses pouvoirs, il avait ses connaissances et ses souvenirs et il sentait son immortalité couler dans ses veines. Dans son cri de guerre, il envoya des immenses projectiles bleus chaotiques vers la base des décombres, à l'endroit où devait se trouver le puit. Ses attaque détruisaient absolument tout, il sentait que la puissance du puit diminuait, et soudain il explosa. Gladrín n'avait jamais vu une explosion aussi grande, la chaleur était telle que les blocs de pierre de la citadelle rougirent immédiatement et furent projetés par la souffle. Tout le Royaume des Ombres fut arrosé de feu. Tout était fini. Gladrín prit Nastiën sur son dos, invoqua un portail grâce aux pouvoirs de l'elfe, et rentra à Dalaran.
- Très bien, nous voilà tous rassemblés, dit l'archimage dans la grande salle à manger de Dalaran. Nous avons donc une bonne, et une mauvaise nouvelle. Notre monde a failli être de nouveau envahit, mais grâce à Nastiën et à Gladrín, cela est empêché, mais l'un d'eux, Nastiën est décédé. Les elfes ont accepté de l'inhumer dans ses terres, et c'est bien normal après ce qu'il a fait. Que gloire éternelle soit rendue à ces deux guerriers n'en formant désormais plus qu'un seul, alliant la puissance physique des nain aux connaissances des arcanes elfiques.

Gladrín était dans la salle l'esprit plein d'amertume par la perte de son compagnon.

- J'utiliserais tes pouvoirs pour le bien, Nastiën. Je te le promet, murmura t-il.

Aujourd'hui, Gladrín se remémore ces évènements qui se sont passés 650 ans auparavant, et qui ont fait ce qu'il est actuellement. Allongé en haut d'une falaise, il guette la troupe de six démons qui arpente le sol rouge de la vallée en contrebas. La nuit allait bientôt tomber, le sang allait bientôt couler.
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