Fanfiction Warcraft III

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La Fille du Démon de la Nuit

Par Shadowburner
Les autres histoires de l'auteur

Chapitre 1 : Dernières volontés

Chapitre 2 : La Fille de la Tempête et de la Lune

Chapitre 3 : Un rêve brutal

Chapitre 4 : Le Père et la Fille

Chapitre 5 : Voyage au Sud

Chapitre 6 : Orgrimmar, bastion de la Horde

Chapitre 7 : Un nouvel allié

Chapitre 8 : Le Seigneur Ravenwood

Chapitre 9 : Affaires en cours

Chapitre 10 : La guerre impose parfois de drôles de coalitions...

Chapitre 11 : Au bout du voyage

Chapitre 12 : L'héritage d'Allansïa

Chapitre 13 : Partir, c'est mourir un peu... Revenir, c'est revivre

La neige et le froid de Northrend anesthésiaient toute sa douleur, mais n'empêchait pas son esprit de commencer à se séparer de son corps. Allongé dans la glace, Illidan, le Démon de la Nuit, le Traître, mourait lentement. Les poisons mortels distillés par Frostmourne se répandaient dans tout son corps, partant de l'immense morsure qui balafrait son torse. Son organisme démoniaque luttait assez bien contre ses poisons, mais ce combat intérieur l'alanguissait de minute en minute. Combien de temps il était resté inconscient, il n'en avait aucune idée. Mais la terrible puissance qui émanait du sommet du Trône de Glace ne signifiait qu'une chose. Le Roi Liche Ner'zhul avait déversé son pouvoir dans le puissant corps de son Champion. Sa mission avait échoué. Affaibli, il murmura lentement.

- Patience, Arthas...Heure viendra qui tout paiera !

Son désir de pouvoir, sa soif inextinguible de magie, et surtout la déchirure de son coeur quand son amie Tyrande avait choisi son frère comme compagnon à vie, l'avaient conduit à la mort. Au fur et à mesure qu'il prenait conscience de ses erreurs, son esprit se calmait, ralentissant ainsi l'inéluctable. Puis, il tendit un bras tremblant vers une de ses doubles lames, à quelques dizaines de centimètres. Il allait mourir, certes, mais certaines choses devaient être faite auparavant. Au prix d'un effort surhumain, il parvint à saisir son arme et concentra le peu de magie qui lui restait dans les runes qui ornaient celle-ci. Une légère fumée verdâtre émana de la lame. Il murmura des paroles comme une prière.

- Mon Frère...Daigne m'accorder un dernier instant...

La lame vibra légèrement, mais sans plus. Illidan grinça.

- Frère ! Les instants me sont comptés...Ton aide m'est précieuse...

A ce moment, une forme chimérique apparu, ses contours s'estompant légèrement dans l'air, représentant un druide dans la force de l'âge, vêtu d'une cape sombre à capuchon. Une lueur verte clair baignait son corps.

- Encore en train d'arpenter le Rêve Emeraude, n'est-ce pas, Frère ? ironisa Illidan.

La forme onirique de Malfurion frémit légèrement.

- Je suis obligé, pour être au courant de tous les problèmes causés par nos adversaires, en particulier toi...Mais tu ne m'as pas appelé pour me parler du Rêve, j'espère...

- Mon Frère...Je vais mourir dans très peu de temps...Je souhaite que tu m'écoutes, car j'ai plusieurs choses à te dire...

- Te voilà au bout de la route, Illidan...Combien de temps croyais-tu survivre en servant le mal et en répandant la destruction ?

L'ignorant, Illidan reprit.

- Je voudrais que, dés qu'elle naîtra, tu t'occupes d'élever ma fille et de lui enseigner les arts magiques et druidiques inhérents à la culture de son peuple...

Cette nouvelle d'une descendance chez le démon qu'était devenu Illidan fit tressaillir Malfurion.

- Tu as une fille ?! Mais quand as-tu....Qui est sa mère ? s'enquit aussitôt Malfurion, saisit d'une affreuse appréhension.

- Sa mère est la Prêtresse Anja Moonlight, du Temple sud de la Cité de Siranìn de la forêt de Winterspring. Je sais ce que tu dois te dire...Sache que je ne l'ai pas forcée et que l'amour que nous nous portons est réciproque. Quand à la date...Je ne me souviens plus...Mais je dois te prévenir d'une chose. La nuit où nous nous sommes aimés, Anja et moi, j'ai senti nos esprits se mélanger, par conséquent ma mort affectera sa vie, d'une façon ou d'une autre...

Un peu de l'appréhension de Malfurion s'était dissipée, mais il restait un doute terrible. Il était, certes, plus qu'heureux d'apprendre que son frère avait une fille, et qu'il avait aimé autre chose que la magie pure. Mais si la fille en question avait les mêmes qualités que son père, la même soif de magie ? Une seconde menace émergerait de l'ombre, peut-être encore plus dangereuse qu'Illidan lui-même ! Ce doute fut en partie atténué par le fait que la sagesse de sa mère prendrait peut-être le dessus sur le désir de pouvoir de son père. Malgré tout, une incertitude persistait. Malfurion se rendit compte que ce serait à lui, et à son enseignement, ainsi qu'à celui de Tyrande, d'essayer de confiner et de brider les éventuels pouvoirs démoniaques que la Descendante de la Nuit aurait...

- Une dernière chose....ajouta Illidan. On dira partout que son père est un traître, un assassin, un meurtrier, un égoïste et que sais-je encore...Ne lui dit rien à propos de moi...Laisse-la se forger sa propre opinion sur moi. Sa mère lui en dira un peu, mais je doute qu'elle vive assez longtemps pour lui enseigner suffisamment les Arts de la Lune...Le moment venu, quand elle sera forte, je me révélerai à elle...

- Est-ce tout, Illidan ? demanda Malfurion

- C'est tout ce que je souhaite pour ma fille et pour sa mère...Mais réponds-moi à cette question...Est-ce que, après ma mort, je rejoindrai les Vertes Forêts Paradisiaques, avec Elune et Cenarius ... ?

Malfurion réfléchit quelques instants.

- Malgré le fait que tu ais commis d'innombrables morts et que tu ais répandu la destruction et le chaos sur ton passage, bien que tu ais trahi ton peuple pour t'allier avec Azshara par le passé, tu as suivi la voie qui t'était propre et tu as accompli ton destin, et tu as accompli de grandes choses...Terribles...Mais stupéfiantes...Je ne doute pas que notre Mère la Lune t'autorise à reposer sous sa bienveillante lumière...

Illidan poussa un soupir qui ressemblait à du soulagement et à de la guérison. Malfurion continua.

- Maintenant à mon tour de te poser une question, avant que tu ne partes...Quel est le maître pour lequel tu as sacrifié ta vie pour mener à bien une mission perdue d'avance ?

- Le Second Chef de la Légion...Kil'Jaeden....

Malfurion s'étrangla.

- Tu as conclu un pacte de sang avec la Légion ?! Tu te rends compte de ce qui risque d'arriver à ta fille ?!

- Si elle est aussi douée que je l'espère, elle réussira là où j'ai échoué...Au pire, elle affrontera la colère du démon...Mais elle aura du sang démoniaque dans les veines, et saura y faire face...répondit simplement le Chasseur de Démon avec une esquisse de sourire.

- Tu es bien présomptueux, Illidan. Mais cela t'a souvent sauvé la vie. J'accepte donc de répondre à tes voeux...

- Merci...Tu diras à Tyrande que...

- Je lui dirais...répondit doucement Malfurion. A présent, vas...Illidan. Puisse Elune te guider sur ton chemin...

- Adieu...Malfurion...

Disant ces dernières paroles, à bout de forces, car son organisme avait éliminé toutes traces du poison, le Démon de la Nuit expira son dernier souffle...Ses bras retombèrent dans la neige, tandis que la forme onirique du druide s'évanouissait dans l'air...
Un siècle plus tard...

Arthas prend racine au sommet de Trône de Glace, afin de relayer efficacement le pouvoir du sommet, ainsi que ses ordres, à ses troupes. Le Seigneur des Cryptes Anub'Arak, l'ancien roi d'Azjol-Nerub, sécurise les Terres Glacées de Northrend sous les ordres de son maître. L'ancien Archimage corrompu, Kel'Thuzad s'occupe de porter le désespoir en Lordaeron, opérant depuis sa base à Stratholme. Contrairement aux prévisions des mages et autres sorciers, guerriers, le Fléau Mort-vivant du Roi Traître ne répand pas la terreur dans tout Azeroth. Détectant en son ennemie jurée, Sylvanas Windrunner,et en son bras droit, Varimathras, une menace d'importance prioritaire, Arthas concentre la quasi-totalité de ses troupes sur Lordaeron, plus particulièrement sur les Clairières de Tirisfal, sous le contrôle de Kel'Thuzad, afin de porter un coup fatal à la Banshee qui l'a trahi. Le coup premier aurait pu être mortel pour l'ancienne Ranger si elle n'avait pas eut à ses côtés le Nathrezim renégat, dont la loyauté envers les Réprouvés n'avait pas été rapportée à Arthas. Les deux armées sont de forces égales, et ravagent les champs de batailles, aussi bien à Lordaeron que sur la mer, qui exhalent une puanteur insoutenable là où les guerriers morts répandent le pouvoir du Fléau. Les deux camps, perdent et reprennent le terrain perdu chaque jour, perpétuant ainsi l'affrontement. S'ils luttaient contre le Fléau d'Arthas seul, Sylvanas et Varimathras auraient pu remporter la victoire sur les armées du Roi Traître. Cependant, les assauts d'une force rebelle affaiblissent leurs forces jour après jour. Devant les assauts incessants de cette force rebelle militaire, dirigée par le Seigneur Ravenwood, la Reine des Réprouvés et son Capitaine recourent à une nouvelle tactique pour augmenter le rapport de forces en leur faveur. En dépit de leurs guerres, les villes et villages épargnés de Lordaeron regorgent de villageois et de paysans, dont certains pourraient être utiles à la bataille...
Point négatif de cette tactique : les humains ne sont ni éternels, ni infinis et la population de Lordaeron baisse imperceptiblement, mais inéluctablement, ses guerriers rejoignant, forcés, les rangs de la mort à l'état pur.
Point positif de l'affrontement entre les deux armées : Kalimdor est épargnée...Pour le moment...


Justement, au nord de ce continent oublié, au nord-ouest de la Forêt d'Ashenvale...


L'arbre était mort depuis l'invasion de la Légion...Non....Mort n'est pas le mot qui convient...Corrompu le désignait plus précisément...Son tronc brûlé, couvert de cendres, ses branches calcinées ne laissaient aucunes incertitudes sur les traitements brutaux dont il avait été victime. Pourtant, dans la clairière dont il faisait parti, illuminée par la pleine lune, les autres arbres étaient resplendissants comme à l'aube d'un printemps nouveau, et sur le sol poussaient une multitude de fleurs sur un tapis d'herbe douce et fraîche. Seule cette aberration de la nature se dressaient encore et pourrissaient le paysage. Au pied de cet arbre, une silhouette, drapée dans une longe et fine cape noire, un capuchon rabattu sur sa tête, se tenait agenouillée devant l'arbre, comme si elle priait. D'aucuns auraient pu voir en la créature, qui semblait révérer la pourriture, un prêtre du mal, un agent du Fléau ou pire encore. La vérité était complètement opposée...Ayant établi une sorte de communion avec l'arbre, la silhouette frémit d'horreur en sentant le vide apathique présent dans le végétal. Elle se leva, et enleva son capuchon, révélant ainsi une somptueuse et abondante chevelure d'or argenté, nouée en une épaisse queue de cheval. Deux longues et fines oreilles pointaient dans le torrent argentin de la coiffure, qui semblait étinceler sous la lumière de la lune. Lentement, la grande silhouette s'approcha de l'arbre et posa ses mains gantées de noirs sur le tronc calciné. A l'instant où ses mains entrèrent en contact avec le tronc, la colère qu'éprouva la druide en sentant le chagrin du végétal fut telle que sa splendide cascade étincelante s'assombrit brusquement, tandis qu'elle tremblait sous l'effet d'un pouvoir qu'elle ne maîtrisait pas encore, mais elle se força à se calmer. Sa chevelure reprit son éclat aveuglant. Puis, se plantant sur ses pieds comme l'aurait fait un autre arbre, Allansïa Stormrage étendit son pouvoir et ses perceptions dans la terre afin de récupérer le maximum de pouvoir dans la clairière pour ramener l'arbre à la vie. La voix douce d'Allansïa retentit dans la clairière, entamant une prière dans la langue des druides, tandis qu'elle fermait les yeux et se concentrait. Au fur et à mesure de l'avancée de l'incantation, la cendre présente sur le tronc se fissura et tomba, révélant un jeune tronc prêt à grandir dans les années à venir. Les branches reprirent vie, et des bourgeons naquirent au bout des branches à une vitesse phénoménale. Son incantation terminée, Allansïa s'écarta lentement de l'arbre et observa le résultat de son travail. L'arbre ressemblait maintenant à une jeune pousse qui ne demandait qu'à croître vers le ciel. Satisfaite, et légèrement essoufflée, Allansïa se détourna. Et retourna au centre de la clairière dans une démarche très fluide.

En dépit d'être une druide et une jeteuse de sorts très talentueuse, Allansïa s'enorgueillissait d'être une guerrière au moins aussi efficace que son père. La beauté et la sagesse que lui avait léguée sa mère perfectionnaient le tableau. Fille du Démon de la Nuit Illidan Stormrage et de la Prêtresse Anja Moonlight, Allansïa maîtrisait aussi la magie de guérison d'Elune, enseignée par Tyrande. Allansïa portait en permanence une tenue de guerrière composée d'un pantalon moulant en cuir noir, ainsi que d'une légère chemise, noire également. Par-dessus, elle portait une mirifique armure gris-noire, ou plutôt une cotte de mailles, épaisse d'un tiers de pouce, composée de pièces de métal ovales et très lisses, qui ressemblait à des feuilles. Son armure descendait jusqu'à sa ceinture, couvrant au passage une généreuse poitrine, et se prolongeait jusqu'à ses coudes. L'armure et la chemise possédaient un décolleté en V très prononcé, qui laissaient voir une très agréable partie de sa poitrine et de son buste. Elle portait également des bottes noires de voyages, qui remontaient jusqu'à ses genoux. Sa peau était violet pâle, et des tatouages sombres de naissance ornaient le pourtour des ses yeux, et ses joues, d'une manière assez discrète, mais parfaitement remarquable. Ses yeux étincelants avaient la couleur de l'ambre le plus pur - la couleur des yeux de son père - et une expression rusée sur son visage la faisait ressembler à quelques anges exterminateurs. Comme arme, Allansïa maniait une courte épée dont la rutilante lame enchantée, originaire des meilleures forges de Winterspring, n'était gravée que de son nom, ainsi que du symbole d'Ashenvale, l'Arbre Monde. Elle avait délaissé les motifs ornementaux afin de préserver la solidité et la rigidité de la lame en toutes circonstances, avait-elle dit. Mais en son for intérieur, elle savait parfaitement qu'elle adorait passer quelques peu outre les règlements. La lame faisait soixante-dix centimètres de long. La poignée de l'arme, en bois sombre vernis, était taillée pour que l'arme soit maniée à une ou deux mains selon les situations, et était également entourée d'un ruban de tissu adhérant, permettant à la poignée d'éviter de glisser dans la main de son porteur. L'épée bénéficiait d'un parfait équilibre et d'une grande intégrité structurelle, et était rangée dans un fourreau à la ceinture de la guerrière. Elle maniait également un solide et léger arc d'ébène qu'elle portait en bandoulière sur son dos avec son carquois. La corde de l'arc émettait une douce lueur dorée. Dans la cité d'Ashenvale, où elle vivait avec ses proches, les gens disaient qu'elle avait tressé la corde de son arc avec quelques-uns uns de ses cheveux...Sa dernière arme, plus pernicieuse, et plus sournoise, était une dague de lancer, d'à peu près vingt centimètres de long, poignée comprise. Allansïa avait appris à manier la dague avec une précision mortelle. Quand bien même la cible ne présentait pas de points faibles, elle enduisait la lame avec un poison mortel extrêmement violent. En quelques minutes, la cible, aussi grosse fût-elle, était réduite au silence. Malgré le fait qu'elle avait fêté son centième anniversaire deux mois auparavant, les standards humains ne lui donnaient pas plus d'une vingtaine d'années. Mince et effilée comme la lame de son épée, le contraste entre son équipement sombre et sa figure claire était saisissant et assez charmant.

Ayant atteint le centre de la clairière, elle tourna sur elle-même et observa avec contentement le résultat de son travail, qu'elle avait effectué depuis le début de la nuit. Au crépuscule, la clairière n'était qu'un vaste havre de désespoir et de corruption. Elle lui avait redonné son éclat et sa beauté originelle...Rabattant son capuchon sur sa tête, elle lança un doux sifflet à travers l'épaisse forêt. Quelques secondes plus tard, un bruissement proche lui fit tourner la tête tandis qu'un doux feulement s'élevait du buisson. Une imposante forme s'avança dans les ombres du sous-bois, une ombre avec des reflets platinés et luisants sur les pourtours. Deux points verts-jaunes fixaient avec ardeur la guerrière au centre de la clairière. Moins d'une minute plus tard, la lumière de la lune inondait une splendide panthère noire géante à dents de sabres qui s'approchait de sa cavalière doucement en émettant une sorte de ronronnement. Allansïa tendit doucement la main et murmura doucement de sa voix aux sonorités exquises en souriant.

-Nightsong...Approche...

La panthère s'approcha et accepta en frétillant de contentement la caresse de sa cavalière sur son crâne. La fourrure lisse et propre de la panthère était courte et agréablement tiède. Après avoir serré la tête de sa monture contre elle, Allansïa bondit sur son dos, empoigna les rênes et n'eut même pas besoin de lui indiquer la destination, que Nightsong connaissait par coeur. Pendant le voyage de retour à la cité, exécuté au pas par le félin qui savait pertinemment que sa cavalière aimait les voyages lents à travers les forêts, où ses tuteurs vivaient, Allansïa repensa à cette clairière...Celle-là avait été sauvée, mais il en restait beaucoup d'autres. Ce « travail » n'était pas qu'une obligation, car Allansïa s'efforçait d'aider ses frères et soeurs dans leurs tâches d'éliminer la corruption. Mais cela comptait autant pour elle car cela faisait aussi parti de son processus d'intégration à la cité. Son enfance n'avait pas été facile. Fille d'un père déjà mort à sa naissance et d'une mère morte lorsqu'elle avait atteint trente ans. Sa mère n'avait eut le temps que de lui parler très brièvement de son père, « Un Elfe fort et courageux mais dont le coeur et la force avaient été corrompus par le mal... » avait-elle dit un jour à sa fille. Elle lui avait dit aussi, avant de mourir « Seuls les lâches et les faibles s'emparent du pouvoir brut et absolu dés qu'ils en ont l'occasion...Ne te laisse pas emmener sur ce chemin où ton coeur sera pourri de l'intérieur dés que tu toucheras cette puissance qui n'est pas la tienne... ». C'était les derniers mots qu'Allansïa avait retenus de sa défunte mère. Quand, petite fille, elle avait voulu savoir qui était son père, des réponses particulièrement déplaisante avait fusé de tous les côtés. Certains disaient qu'il était un traître à son sang, et que ses descendants, si tant est qu'il en eut, ne vaudraient pas mieux que lui. D'autres disaient que c'était un meurtrier sans coeur, et pour cause...Certains des membres de leurs familles avaient péri à cause de lui. Mais Allansïa, plus futée que la moyenne, avait noté que les gens les plus sages s'étaient mis dans tous leurs états en lui parlant d'Illidan. Elle en avait conclu que leurs jugements étaient brouillés par la haine commune qu'ils éprouvaient pour lui. En retour, Allansïa en avait déduit que son père avait été trompé par des entités plus puissantes que lui et elle avait décidé de révérer l'être que Illidan avait été avant de s'adonner au mal. Elle s'était également promit de résister à ces entités maléfiques si elles se présentaient à elle, un jour...Malgré tout, elle avait été rejetée de toutes parts dans la cité de Nuronàn. Ses seuls réconforts étaient son oncle, Malfurion Stormrage, sa tante, Tyrande Whisperwind, ainsi que Nightsong. Malfurion lui avait offert la panthère bébé pour ses quatre-vingt ans. La panthère et la guerrière s'étaient tout de suite très bien entendue. Les enseignements prodigués par sa tante et son oncle, lesquels s'occupaient d'elle comme leur propre fille, lui avait permis de s'élever, peu à peu, bien au-dessus des castes d'élèves qui traversaient les universités de Nuronàn. En plus d'une haine sans limite pour son nom, les autres élèves la regardaient maintenant avec une certaine jalousie. Mais l'apparence intimidante que la soldate avait acquise aux cours des vingt-cinq dernières années les dissuadaient maintenant de l'insulter. Le dernier qui avait proféré le mot « traîtresse » à son encontre avait mis deux semaines à se rétablir, victimes d'un puissant sortilège de la part d'Allansïa. Depuis, plus personne ne l'avait insultée. C'était bien simple, plus personne ne lui avait parlé...A part ses proches, une seule autre personne lui adressait régulièrement la parole...

Soudain, un craquement de branche morte, presque aussitôt suivi d'un feulement quasi inaudible, attira son attention. Elle tira sur les rênes de Nightsong, qui s'immobilisa.

Contrairement aux autres panthères, les rênes de Nightsong n'entraient pas dans sa gueule. Les rênes qu'Allansïa avait confectionnés permettaient aux cavaliers d'avoir des pieds dans des étriers de cuir et de métal doux. Les rênes passaient sur le torse de Nightsong, mais pas plus avant. La panthère était très intelligente et prenait conscience de la direction à suivre par le simple changement de position du médaillon de métal en contact avec sa fourrure, au garrot.

Une fois que Nightsong fut arrêtée, Allansïa scruta l'obscurité du sous-bois. A part le bruissement du vent dans les feuilles, rien. Pas un bruit. Mais Allansïa, qui était sûre d'avoir entendu quelque chose, ne connaissait que trop bien l'identité des ombres qui l'entouraient sans qu'elle puisse les voire. Leur chef était la troisième personne qui adressait régulièrement la parole à la druide, mais contrairement à ses parents, ce n'était pas pour lui dire des choses agréables à entendre. Cette femme, qu'Allansïa défiait du regard chaque fois qu'elle le pouvait, était sûrement là. Mais elle ne bougeait pas. La druide décida de la titiller un peu pour l'obliger à se montrer...
Allansïa lança dans les sous-bois à haute voix.

- Le Chant de l'Obscurité est un peu trop bruyant pour traquer ses cibles efficacement !

- Et la Rage de la Tempête devrait se calmer quelque peu si elle ne veut pas finir avec trois flèches plantées dans son joli corps ! lui répondit une voix féminine irritée venant des sous-bois.

A ce moment, autour d'Allansïa, l'air de la forêt trembla. Des ombres se matérialisèrent devant les arbres. Des guerrières montées sur des panthères ainsi que des Archères qui tenaient leurs arcs pointés sur Allansïa. Devant elle apparu le chef de la troupe. Une grosse armure lourde composée de plusieurs pièces, sur laquelle reposait une cape vert sombre dont le pourtour tout entier était serti de lames acérées. Deux petites ailes de métal, composants de son armure, se dressaient derrière elle, soudées à son dos. Une immense queue de cheval noir de jais jaillissait d'un crâne protégé par un casque de métal épais, lequel laissait voir deux lueurs vertes. La silhouette cauchemardesque tenait une arme circulaire, légèrement ovale, dans sa main droite. Le moindre de ses doigts était recouvert de métal...Devant Allansïa se tenait la Gardienne Maïev Shadowsong, Chef de la Force Vindicative d'Elune, une unité d'élite semblable aux Sentinelles dirigées par Tyrande, à la différence près que cette unité était assez impétueuse, et le commandement de Maïev n'arrangeait pas les choses...

Allansïa exécrait particulièrement cette femme, qui ne tenait décidément pas la famille Stormrage, ni ses proches dans son coeur. Pour commencer, c'était elle qui avait été chargé de surveiller son père pendant son emprisonnement souterrain de dix mille ans. Allansïa avait frémi en entendant ce chiffre. Dix mille ! Pas étonnant qu'Illidan soit devenu complètement fou...Si la Gardienne s'en était tenue à cette garde, Allansïa aurait parfaitement compris que la Gardienne ne faisait que son travail, et elle ne lui en aurait pas tenu rigueur. Mais après l'évasion d'Illidan, Maïev en avait fait une affaire personnelle et elle avait traqué Illidan partout. De plus, et c'était pour cette raison que la Fille de la Tempête et de la Lune exécrait particulièrement la Gardienne, après la mort de son amant, la mère d'Allansïa, la belle Anja Moonlight, avait fait l'objet d'une surveillance assez oppressante de la part de la Force Vindicative. Bien qu'un mal étrange l'eut emportée, Allansïa avait toujours attribué une part importante de la mort de sa mère à la Force Vindicative, et cela ne faisait qu'augmenter la témérité dont elle faisait preuve face à Maïev. Maïev n'aimait pas Tyrande, car c'était elle qui avait mené le raid contre la prison de son père pour le libérer, afin d'aider à combattre la Légion, qui était revenue. Elle avait assassiné bon nombre des compagnons de la Gardienne, volontairement. Maïev n'aimait pas Malfurion car au moment où elle avait été sur le point de capturer Illidan afin de le mettre à mort ( elle menait sa propre politique de justice ), Malfurion l'avait empêché d'exécuter la sentence, car Illidan aiderait à retrouver Tyrande, disparue lors des combats contre le Fléau. Ce jour-là, Malfurion l'avait humilié devant ses guerriers en l'entravant avec des Herbes Folles. Avec sa rancune habituelle, Maïev ne lui avait toujours pas pardonné. Maïev détestait Illidan, car il était mort avant qu'elle ne le retrouve, et elle supportait toujours très mal que ses cibles ne meurent avant qu'elle ne les retrouve. Enfin, Maïev haïssait sa fille pour plusieurs raisons. Le jour des cinquante ans d'Allansïa, elle lui avait réservé un cadeau d'anniversaire particulièrement déplaisant : elle lui avait intenté un procès avec pour chefs d'accusations les crimes perpétrés par son père, et avait réclamé à son encontre la même peine d'emprisonnement que pour son père. C'était ce jour-là que tout s'était inversé pour Allansïa. La population, même avec la rancune dont ils faisaient preuve à l'égard de la druide, s'était pourtant radicalement opposée à cette demande, arguant que la petite Allansïa était peut-être différente de son père, que le sagesse de la Lune coulait dans ses veines et qu'elle était beaucoup trop jeune pour subir un tel jugement. Devant une telle assemblée de dix contre un, le Président avait été obligé de céder à la demande de la population, mais avait ajouté une condition. Allansïa devrait travailler dur pour réparer les dégâts causés par son père. Elle avait évidemment accepté, et c'était depuis ce jour qu'elle purifiait, jour après jour, les nombreuses clairières de Kalimdor...Depuis ce jour, Maïev ne s'adressait plus à elle que lors de leurs « rencontres » dans la forêt. Ivre de colère, elle et sa troupe arrêtaient régulièrement Allansïa lors de son travail, afin de lui causer quelques ennuis et de la pousser à commettre quelque chose de répréhensible. La première fois, Maïev et sa troupe avaient remporté la manche, la laissant grièvement blessée dans les bois, et faisant passer les Satyres pour responsables. Rétablie, Allansïa avait caché la vérité à Malfurion, car elle ne voulait pas passer pour une lâche et elle voulait lui rendre la monnaie de sa pièce. Durant de nombreuses années, elle avait guetté les mouvements de la Gardienne...Bien évidemment, Malfurion avait fini par découvrir la vérité, mais contrairement à ce qu'Allansïa craignait, il n'avait pas présenté l'affaire en justice, laissant sa nièce mener ses propres combats et se renforcer face aux épreuves. Elle n'avait pas eu à attendre bien longtemps...Très récemment, elle avait réussi à porter un puissant coup de bottes dans le genou de la Gardienne, qui avait oublié de placer la pièce d'armure correspondante dessus. Elle avait parfaitement entendu le bruit d'un os qui se casse et celui d'un muscle qui se déchire. Le cri de douleur qu'avait poussé Maïev ce jour-là lui avait procuré la plus grande satisfaction de sa vie. Se détournant, elle lui avait craché au visage : « Je ne me sers pas de la magie quand je peux faire autrement. Parfois, les bonnes vieilles méthodes sont toutes aussi efficaces... »...

Allansïa fixait dans les yeux le visage qui souriait d'une façon méprisante. Elle jeta un regard vers le genou de la Gardienne et remarqua que celle-ci n'avait pas oublié le morceau d'armure.

- Ah...Gardienne Shadowsong...Comment va votre genou ? Je remarque que vous n'avez pas oublié votre armure, cette fois-ci....

L'expression sur le visage de la Gardienne passa du mépris au pur dégoût, comme si elle avait mordu dans un fuit pourri. La seule évocation de cette humiliation ne lui plaisait pas du tout.

- Tu devrais arrêter de parler ! Tu rigoleras moins quand ton corps lacéré mettra trois mois à se rétablir et quand ta panthère sera agonisante !

Nightsong se mit à gronder furieusement. Sa fourrure se hérissa et ses yeux jaunes se mirent à luire de plus belle, comme si elle défiait la gardienne de s'approcher d'elle. Allansïa passa une main rassurante sur la tête de la féline, qui se calma aussitôt.

- Calme, ma belle...lui chuchota Allansïa à l'oreille.

Puis elle s'adressa à nouveau à la Gardienne.

- Et toi, tu devrais surveiller ton comportement envers moi, si tu ne veux pas qu'une décharge magique fasse à ta figure ce que mon pied à fait à ton genou !

- Une menace ?! rugit Maïev.

- Un avertissement, nuance... répondit simplement Allansïa. Et je vais d'ailleurs y mettre un coup de pouce.

Sur ce, elle leva brusquement le bras en l'air. De terre jaillirent une multitude de ronces et d'herbes qui enveloppèrent les guerrières et les immobilisèrent. L'une d'elle lâcha son arc. La flèche partie et frôla la joue d'Allansïa, lui laissant une marque rouge sombre. Allansïa étouffa encore un peu plus l'auteur du tir, réduisant l'affrontement à un contre un. Elle descendit de Nightsong et s'approcha de la Gardienne, médusée par la rapidité du sortilège et par sa puissance. Allansïa joua avec le feu et dégaina son épée.

- Si tu veux te battre, c'est quand tu veux, ma grande ! lança-t-elle à la Gardienne.

C'était le signal que semblait attendre Maïev. Sans un mot, elle bondit en direction d'Allansïa et commença un mouvement rotatif avec son arme. Allansïa leva son épée pour atténuer le coup et encaisser le choc...Mais au moment où les deux armes allaient se rencontrer, la Gardienne disparue dans un éclat de lumière blanche. Moins d'une seconde plus tard, une ombre lourde écrasait la druide. Maïev s'était Transférée au-dessus de la guerrière et lui était tombée dessus à l'improviste. L'épée d'Allansïa lui échappa des mains et elle tomba à terre. Maïev lui serrait la jugulaire et approchait doucement son arme de la gorge d'Allansïa.

- Qu'est-ce que tu crois, petite fille ? ricana-t-elle. Tu pense que pendant ma convalescence j'ai cessé de peaufiner mes pouvoirs ? Comme tu vois, je te surpasse largement, petite garce !

Cette dernière appellation déplut profondément à Allansïa qui, suffocant, glissa la main vers sa dague de lancer. La dégainant, elle essaya de frapper derrière. En temps normal, Maïev n'aurait porté aucune attention sur l'insignifiant morceau de métal que son adversaire brandissait. Tout au plus, une petite égratignure l'attendait. Cependant, l'éclat orangé de la lame lui fit miroiter le danger qui sifflait vers son visage. Sans se concentrer, elle se Transféra à quelques mètres. Allansïa se releva et reprit son épée. Maïev fulminait de rage devant la terrifiante arme que son adversaire tenait dans sa main...

- Tu utilises du venin de Dragon de pierre ?! bégaya-t-elle, incrédule.

Allansïa acquiesça lentement en souriant. Contrairement à ce que son nom laissait entendre, le Dragon de pierre était une petite créature, voisine du lézard, mais en un peu plus grand. La bête en elle-même n'avait rien d'extraordinaire, à part deux crochets qui distillaient un poison si violent qu'une goutte suffisait à tuer un dragon adulte en moins d'une minute. Heureusement, la bête n'était pas hostile et n'attaquait que si on lui cherchait noise. Disposant d'affiliations spéciales avec les animaux, Allansïa avait réussi à calmer plusieurs Dragons de pierre pour leurs extraire le venin des glandes, en avait récolté un flacon entier...Suffisamment pour perpétuer un holocauste. Son utilisation était interdite, sauf chez les druides. Par conséquent, Allansïa avait tous les droits d'en posséder. Une fois mis sur la lame, le poison, liquide mais bien adhérant, devait sécher, déposant une espèce de couche orangée sur la lame. Cette substance orangée, mise en contact avec la plus petite plaie, était fatale.

Consciente que, face à cette arme, elle n'était pas de taille, Maïev lança.

- Tu ne perds rien pour attendre...

Puis elle se Transféra hors de la zone dangereuse, bientôt suivie par ses guerrières qui avaient réussi à se dégager. Une fois que les gêneuses furent parties, Allansïa rengaina ses armes. Elle sentit sa blessure sur sa joue la picoter, mais elle se força à ne pas y toucher. Ses doigts avaient peut-être été en contact avec le venin de sa dague, et elle ne souhaitait pas du tout mourir...Nightsong s'approcha et s'occupa de lécher sa plaie, de laquelle s'écoulait quelques gouttes d'un sang très sombre. Allansïa ferma les yeux. Le contact tiède et râpeux de la langue du félin sur sa joue était si doux...C'était aussi une marque d'affection de la part de la panthère. Une fois qu'elle eut fini de nettoyer la plaie, Allansïa caressa la tête de la panthère qui ferma à son tour les yeux et ronronna doucement. Puis elle se hissa sur sa monture.

- Ramènes-nous à Nuronàn...lui chuchota-t-elle.

Le félin s'exécuta, et bientôt le duo pénétrait dans la cité. Un rugissement la figea et la fit se retourner. Tyrande, sur son tigre, s'approchait d'elle. Nightsong reconnut l'odeur du tigre et le laissa s'approcher et frotter sa tête contre la sienne en signe d'amitié. Allansïa s'inclina brièvement devant sa tante.

- Tyrande, j'air purifié la clairière du nord-ouest. Hélas, plus je m'approche de Felwood, plus ma tâche est ardue...

- Je crains que seul le temps, aussi long soit-il, pourra remettre Felwood de ses blessures...dit la prêtresse en caressant avec une tendresse presque maternelle la joue de sa nièce. Je dirais à Malfurion que tu as terminé ton travail. Tu devrais aller te coucher...

- Je vais y aller. Merci, Tyrande...

Mais alors qu'elle se détournait, Tyrande l'interpella.

- Qu'est-ce que tu as à ta joue ?

- Oh...Rien...J'ai eu un petit accrochage avec...qui tu sais...finit-elle avec un sourire.

Puis elle dirigea Nightsong vers ses appartements, une petite maison très modeste en bordure de la cité. Elle laissa Nightsong à l'extérieur. La panthère était habituée à dormir dehors, et elle allait souvent chasser pendant que sa maîtresse dormait. Allansïa retira tous ses habits et rangea ses armes se passa un peu d'eau sur le corps, puis entreprit de panser sa blessure. Une fois guérie, elle se glissa sous ses couvertures et s'endormit immédiatement...

...Elle faisait un rêve étrange. Elle voyait la terre de haut...Des terres glacées...Soudain un corps semblait sortir de la neige...Un corps ailés avec les yeux bandés...Sa bouche se mit à bouger...

-Ma fille....Rejoins-moi....Parles-moi....Viens me voir au Crâne de Gul'dan, à Felwood...

Puis l'image fut remplacée par celle d'un visage rougeoyant aux yeux flamboyants. Sa voix explosait comme le tonnerre.

- TON PERE A ECHOUE DANS SA MISSION ! TA TACHE EST DE LA CONTINUER OU TU LE REJOINDRAS DANS LA MORT !

Un tonnerre assourdissant, qui ressemblait à de l'eau qui bouillonnait lui déchira les oreilles. Avec un cri, elle s'éveilla et regarda autour d'elle. Le soleil était haut dans le ciel. Un minuscule bruit de tonnerre à côté d'elle la fit sursauter. Elle tourna vivement la tête, mais ce n'était que Nightsong qui feulait, inquiète pour sa cavalière. Ses yeux jaunes et brillants étaient légèrement plissés, signe qu'elle se faisait du souci pour Allansïa. Celle-ci se redressa quelque peu et attira la tête du félin contre elle. Nightsong ne semblait attendre que ce moment. Elle se mit à ronronner avec force tandis que la sa chaude fourrure réconfortait Allansïa, qui se promit, dés que la nuit serai tombée, d'aller consulter son oncle pour savoir ce qu'il en retournait...


- Es-tu bien sûr de ce que tu as vu ? demanda Malfurion à son élève et nièce, assise devant lui.

- Absolument, Oncle...répondit Allansïa, Nightsong à ses côtés.

Malfurion approcha ses mains des tempes de la druide et tenta de sonder son esprit. Il revit la vision de Northrend, l'appel d'Illidan, et la sommation du démon...Ce qu'il avait craint s'était produit...Mais quelque chose lui disait que c'était bien loin de ce qui aurait vraiment pu se passer. S'adressant à Allansïa, il dit.

-J e crois que le temps est venu pour toi de connaître vraiment ton père. Va où il te dira d'aller. Ni moi, ni Tyrande n'avons plus rien à t'enseigner. Pars quand tu le désireras...

Allansïa hocha doucement la tête.

- Parfait...Dans ce cas, je partirai la nuit prochaine.

Puis elle se leva, et retourna dans sa maison pour se préparer au voyage. Dés qu'elle fut hors de vue, Malfurion entra en transe pour contacter quelqu'un à qui il devait parler de toute urgence. Une voix grave retentit dans ses oreilles.

- Tu m'as appelé, mon élève ?

- Oui, puissant Cenarius. Je dois te parler de la fille de mon frère...Le temps est venu pour elle, mais je crains qu'Illidan ne vive à travers elle...

- Que veux-tu dire ?

- Je crains qu'il ne pousse sa fille à le venger, à tuer Arthas, à dégager les énergies démoniaques qui croissent en elle...Et peut-être à s'emparer de pouvoir de Trône de Glace...

- Tes craintes sont fondées...Même si Illidan s'est repenti des ses crimes, son charisme reste un important danger...Mais si elle respecte les préceptes de la Nature et de la Lune que toi et Tyrande lui avez enseignés, elle saura résister à ces appels maléfiques. Enfin...Nous allons voir...Nous allons savoir si cette fille est la preuve que sagesse et puissance peuvent cohabiter ensemble dans un même corps...
La nuit tombée, Allansïa enfourcha sa panthère et partit vers Felwood, au nord ouest. Elle avait pris un sac de voyage qu'elle portait en bandoulière et qui contenait quelques affaires de rechanges, un peu de nourriture pour les parties de voyage où elle ne trouverait pas de gibier, ainsi que diverses fioles pour ses affaires de druides. Nightsong trottait vers le nord, à petite allure, pour profiter de l'air rafraîchissant de la nuit dans la forêt. Allansïa, quant à elle réfléchissait sur Felwood. D'après ce qu'elle en savait, ce bois était complètement pourri jusqu'à la moelle. De nombreuses créatures malfaisantes hantaient ces bois, attirées, où transformées, par la corruption qui y régnait. Comble de malchance, les restes du crâne de Gul'dan se trouvaient au fin fond du bois dévasté. Mais elle serra la main sur la poignée de son épée. Elle était une guerrière accomplie, et saurait faire face à toutes les surprises, bonnes où mauvaises que lui réserverait Felwood...

Après une demi-journée de marche, le soleil commençait à se lever. Allansïa, contrairement à certains membres de son peuple, ne craignait pas le soleil. Qu'il fasse nuit où jour, cela lui était égal. Le soleil l'empêchait seulement d'utiliser ses talents de guérisseuse d'Elune. D'autre part, son estomac commençait à gargouiller, et la lisière de Felwood approchait dangereusement. Le gibier allait se faire de plus en plus rare, et ses stocks de nourriture étaient réservés à des cas majeurs. Nightsong commençait aussi à avoir faim. Après avoir fait boire le félin dans un petit torrent, elle descendit de Nightsong et lui montra son arc, signe qu'elle allait chasser. Le félin se détourna et bondit dans les fourrés pour aller chercher de quoi manger elle-même. Allansïa encocha une flèche dans son arc, et commença sa traque...

Au bout d'une demi-heure, elle vit la trace d'une patte de cerf dans la terre. Soudain, elle entendit un rugissement lointain ainsi que le bruit d'un corps qui tombe par terre. Elle sourit. Nightsong devait avoir trouvé son repas. Elle reprit sa traque. Moins de dix minutes plus tard, à travers les branches d'une futaie, elle aperçut un cerf magnifique, si beau qu'elle hésitait à tirer sa flèche sur lui. Mais elle se souvint des paroles de son Oncle... « Chaque créature à son rôle dans la forêt. Celui du cerf est de nourrir, et quand vient l'heure pour lui de remplir ce rôle, il est enchanté de le faire... » Cette phrase décida Allansïa. Elle banda son arc avec toute la force qu'elle put. Elle ne visa pas la tête...Cela aurait été une marque de faiblesse, de manque de confiance en soi...Elle voulait l'abattre d'une façon honorable et elle ne voulait pas faire souffrir une si belle bête. Bandant encore son arme, elle visa le coeur de l'animal. Puis, quand elle sentit la corde glisser sous ses doigts, elle tira sa flèche. Le projectile s'enfonça net entre les poumons de l'animal. Pas une goutte de sang ne jaillit hors du corps de l'animal, qui fut mort avant de comprendre ce qui se passait pour lui. Il s'effondra à terre, le bruit de sa chute amorti par le tapis de feuilles mortes. Allansïa serra le poing de victoire et fit une prière de remerciement. Après quoi, elle alluma un petit feu et entreprit de faire griller la viande. Un délicieux fumet s'éleva dans la futaie. Dix minutes après qu'elle eut commencé à manger, Nightsong pointa son nez dans la clairière et vint s'allonger auprès de sa cavalière. Ses dents de sabres étaient encore rougies, signe qu'elle avait terminé son repas. Mais elle accepta avec délice le morceau de viande grillée qui lui présenta Allansïa. Puis, pendant que sa maîtresse continuait son repas, la panthère entreprit de se lustrer le poil.

Quand elle eut fini de manger, Allansïa grilla le reste de la viande et l'enveloppa de feuilles afin de l'emporter avec elle, dans son sac de voyage. Felwood ne recelait pas de créature mangeable. Puis elle sortit sa gourde et but une longue gorgée du liquide qu'elle contenait. Ce n'était pas de l'eau, mais une sève liquide très sucrée mélangée à du vin doux elfique. C'était un délicieux nectar qui remettait d'aplomb celui qui le buvait. Elle effleura le flanc de Nightsong qui se dressa aussitôt sur ses pattes, attendant le signal du départ. Puis elle se mit en route, Allansïa sur son dos...

Le soleil était haut dans le ciel, quand elle déboucha sur une petite colline qui dominait Felwood. La différence d'aspect, entre le bois où elle se trouvait et le bois corrompu, était évidente comme le nez au milieu de la figure. Des arbres morts, calcinés, jaunis, pourris jaillissaient d'une terre brûlée et stérile. Allansïa entendait presque les cris de douleur de la forêt, mais elle poussa Nightsong au petit galop dans le bois corrompu. Des reflets verdâtres dans la terre brûlée se faisaient de plus en plus fréquents au fur et à mesure qu'elles pénétraient de plus en plus profond dans les bois. La nuit tomba, assombrissant les sylves décomposées. Alors qu'elles débouchèrent sur une petite berge, ce que la guerrière vit lui serra le coeur. Un torrent coulait devant elle. Mais ce torrent, dont l'eau devait être sans doute autrefois claire et fraîche, était maintenant d'une couleur jaunâtre, et des fumerolles corrosives se dégageaient des rares endroits où l'eau acide éclaboussait la terre. La druide ferma les yeux, réprimant une larme. A ce moment, Nightsong se mit à gronder furieusement. Elle rouvrit les yeux, découvrant une aberration. S'extirpant du torrent, une multitude de tentacules violacés avançaient vers elle. Elle déglutit devant la créature. Les rares survivants des expéditions de Felwood désignaient cette créature comme Boue Vivante. Ce devait être des petites parties corrompues de l'esprit de la terre en cette forêt. Nightsong devait aussi avoir compris le danger, car elle n'attaqua pas la créature, consciente que celle-ci sortait d'un bain d'acide. Allansïa décida d'éradiquer ce stigmate vivant. Elle encocha une flèche et tira. La créature se recroquevilla sur elle-même, poussa un sifflement de douleur et disparu, emportant la flèche. Puis, d'un bond, Nightsong sauta le torrent. Une trace dans la terre humide attira l'attention d'Allansïa. Une trace en forme de sabot. Elle jura. Quelques Satyres devaient être passé par-là. La trace était toute fraîche. Ils ne devaient pas être loin. Elle descendit de la panthère et lui fit signe de la suivre à distance. La guerrière suivit les traces, jusqu'à un point où elles s'arrêtèrent. Soudain, un sifflement caractéristique d'une lame qui fend l'air, ainsi qu'un éclat devant elle lui firent lever son épée. Elle dévia le coup, mais le choc l'envoya à terre. Se relevant, elle aperçut son agresseur, ainsi que ses deux acolytes...Trois Satyres venaient d'émerger de l'obscurité, leurs yeux brillants de concupiscence devant la remarquable créature qu'ils avaient capturés, et pas n'importe quels Satyres ! Allansïa reconnut des Danseurs des Ombres, des assassins elfes de la nuit, à l'origine. Une catégorie très dangereuse. Le chef des trois s'exclama.

- Ah ! La belle prise que voici ! Son joli corps distraira la prochaine soirée !

Allansïa n'avait nullement l'intention de servir de joujou aux Satyres et elle émit son doux sifflet. Un rugissement jaillit des broussailles et une forme noire fondit sur le trio. Un premier Satyre eut le corps entièrement déchiré par les dents de la panthère en colère. Un deuxième marmonna quelques paroles, et un projectile luminescent violet jaillit vers Allansïa, qui n'eut pas le temps d'esquiver et se reçut le sort en pleine poitrine. Cependant, son armure enchantée atténua quelques peu la force du sortilège. Nightsong se rua vers l'auteur de l'incantation, et lui balança deux coups de pattes à la figure et au torse. Les griffes du félin pénétrèrent et lacérèrent ses chairs. Le troisième se rua sur la guerrière sonnée par le sort, mais suffisamment lucide pour se défendre. Elle reprit son épée et para la lame rouillée que brandissait l'ancien elfe de la nuit. Puis elle enchaîna les mouvements faisant reculer le Satyre contre une paroi rocheuse. D'un coup d'épée, elle écarta la faux corrodée de son adversaire, effectua un tour complet sur elle-même et trancha au niveau du torse. Surpris, le Satyre lâcha son arme. La lésion qu'avait laissé l'épée tranchante d'Allansïa sur le torse de son opposant était tellement précise et tellement profonde que le sang noir de son adversaire mit quelques secondes avant de jaillir à grands flots de sa blessure. Privé de son fluide vital, le Satyre s'écroula. Allansïa rangea son épée, se dirigea vers sa monture, qu'elle gratifia d'une caresse et de quelques félicitations, tandis que cette dernière se mettait à ronronner avec force. Puis, ressentant les effets secondaires du sortilège, elle sortit une petite fiole qui contenait un liquide rosé clair, une potion d'antimagie. Elle en but une gorgée. La potion commença aussitôt à faire effet, ralentissant son organisme. Elle s'allongea sur le dos de Nightsong et eut juste le temps de lui murmurer quelque chose avant de s'endormir profondément. Nightsong reprit alors sa course, au pas pour ne pas risquer de renverser sa précieuse charge...

Après environ deux jours de voyage, Allansïa ouvrit ses yeux. Elle était encore un peu fatiguée, mais les effets du sortilège s'étaient complètement dissipés. Nightsong s'était arrêtée devant une immense plaine sans arbre. Au centre de la clairière, un immense crâne calciné se dressait. Soudain, une boule de feu se forma dans un grondement de tonnerre au-dessus de la ruine. Du portail flamboyant jaillit une immense silhouette noire, ailée et cornue, qui atterri souplement au milieu de la clairière. La porte de feu disparut, tandis que la silhouette rétrécissait. A la fin de la transformation, la silhouette révéla un Elfe de la Nuit aux yeux bandés et à la grande taille. Son physique était altéré par des ailes de démon et des cornes. Du corps de l'inconnu se dégageait une lueur rougeâtre. Allansïa était fascinée devant cette apparition. Nightsong semblait être un peu farouche, mais cela n'allait pas plus loin. Une vois résonna dans les oreilles de la druide.

- Approche, ma fille....Approche...Allansïa...

Allansïa ne put retenir une larme d'admiration devant l'être majestueux qu'était son père, même altéré par les énergies démoniaques. Lentement, comme envoûtée, elle descendit de Nightsong et avança doucement vers son l'image de son père, qui lui tendait la main. Elle craignait que ce ne fût qu'une image qu'elle ne pouvait toucher, mais ces doutes se dissipèrent dés qu'elle mis la main dans celle d'Illidan. La chaleur paternelle se répandit en elle. Elle se rendit compte que l'image de son père, qui devait être son esprit, était palpable. Elle serra son père contre elle en pleurant de bonheur sur cet instant qu'elle avait toujours voulu vivre. Illidan referma ses bras sur elle en une étreinte protectrice. Après de longues minutes, elle s'écarta légèrement de son père, qui lui souriait. Il lui effleura la joue.

- Père...Est-ce que ce que m'as raconté Mère à ton sujet est vrai ? As-tu vraiment été corrompu par le mal ?

- J'ai servi mes objectifs de la manière que considérais comme appropriée. J'ai répandu la destruction en croyant servir le bien, mais cela ne m'as pas réussi. Telles sont les choses...répondit son père, toujours en souriant. Je sais ce que tu dois te demander d'autre...Comment suis-je devenu aussi puissant, et quels ces changements corporels qui sont maintenant visibles ?

Allansïa acquiesça. Après un instant de silence, Illidan répondit.

- J'ai consommé la puissance du Crâne de Gul'dan, je me sui servi de celle de l'oeil de Sargeras afin d'éliminer nos ennemis. Cela a raté. Mais cette puissance magique coule dans tes veines, ma fille. Sers-t'en avec parcimonie, où tu échoueras là où j'ai échoué.

Après avoir fixé sa fille dans les yeux, il repris.

-Je déplore le fait que Kil'Jaeden t'ait obligé à poursuivre la quête qu'il m'avait confiée. Cela te conduira à la mort certaine...

- Quelle est cette quête ?

- Détruire l'être issu de la conjonction du Roi Liche et de son Champion, Arthas le traître. Détruire celui qui m'a tué...

Allansïa serra les poings et les dents, et fronça les sourcils. Son expression était maintenant celle d'une meurtrière.

- Je mourrais s'il le faut pour te venger Père ! Je te le promets !

- Non, Allansïa...Sache que si je n'avais moi non plus une autre quête à te confier, j'aurai subi la colère de Kil'Jaeden pour te protéger. Mais, hélas, quelque chose doit être fait dans le même temps.

- Que veux-tu que je fasse ?

-Mon enveloppe charnelle repose dans la neige de Northrend, au milieu du fléau qui commence à envahir ce lieu. Ramène mon corps à Nuronàn. Mais avant, parcours le monde...Augmente ton savoir et ton expérience...Par deux fois j'ai affronté Arthas, j'ai perdu la deuxième fois. Ne fais pas mon erreur...S'il te plaît...

- Je t'en fais le serment, Père.

Puis, après une longue et chaleureuse étreinte dans laquelle Allansïa ressentit tout le sincère amour que son père lui portait, l'esprit de ce dernier disparu de Felwood, rejoignant les Forêts Paradisiaques. Allansïa, toujours sous le choc de la rencontre, remonta sur le dos de sa monture et lui indiqua la direction de sud. Nightsong, heureuse de quitter enfin cette forêt maudite, s'élança au moyen galop hors de la clairière...
Cinq jours avaient passé. La panthère et sa cavalière avaient quitté les forêts de Kalimdor voici deux jours. Les deux être féminins voyageaient maintenant à proximité des Monts Stonetalon. Se guidant grâce à une carte orc vieille de vingt ans, Allansïa prenait soin de voyager le plus possible dans les zones d'ombres qu'offrait le massif montagneux. Aucuns ennuis n'avaient pointé leurs nez, à part quelques Harpies convaincues qu'une panthère et une elfe ne serait pas un danger. Quelques flèches bien placées de la part d'Allansïa avaient suffi à convaincre les Harpies de renoncer à leurs attaques. A présent, Allansïa dirigeait les pas de Nightsong vers Orgrimmar. La rumeur disait que le Chef Thrall disposait d'une troupe de Gobelins fiables et sérieux qui servaient pour les travaux souterrains, ainsi que pour établir des contacts avec l'autre continent. Elle comptait voir si ces Gobelins seraient disposés, par un moyen où par un autre, de la mener a l'est. En raison de la forte chaleur régnant en ces terres arides qu'étaient les Barrens, elle avait repris le rythme de Nuronàn : voyage pendant la nuit et repos le jour. Justement, le soleil commençait à se coucher. Elle sortit de la grotte qu'elle avait choisi pour passer la nuit, et appela Nightsong. Cette dernière trottina hors de la grotte, prête à recevoir sa cavalière. Puis elle s'élança au petit galop à travers les Barrens, sous le soleil voilant.

Cela faisait une heure qu'elles marchaient. Le soleil atteindrait dans quelques heures la lisière ouest, et projetait déjà une belle et nostalgique lumière orangée, ainsi que des ombres rasantes, dans l'air frais du soir. Tout à coup, Allansïa entendit des sortes d'aboiement, ainsi que des voix lointaines. Nightsong devait également l'avoir entendu, car elle dressa ses oreilles et ralentit le pas. Tournant légèrement la tête, elle aperçut dans le lointain l'origine de ces appels. Son excellente vue lui révéla trois silhouettes, armées d'énormes lames, montés des imposants loups. Des chevaucheurs de loups...Des Orcs...Allansïa sourit...Exactement ce qu'elle cherchait...Ils ne semblaient pas l'avoir remarquée...D'après le chemin qu'ils suivaient, elle estima le point de leur rencontre à environ deux kilomètres. Elle pressa un peu Nightsong pour qu'ils se rencontrent au même point...Allansïa n'avait pas souvent vu des Orcs. Les rares qu'elle avait vu étaient les messagers envoyés en Ashenvale. Les ragots allaient bon train, parmis les elfes de la nuit.

Les opinions divergeaient sur les Orcs. Certains disaient qu'ils n'étaient pas dignes de confiance. D'autres soutenaient qu'ils n'étaient que des brutes stupides. Allansïa, qui avait déjà connu ces ragots méprisants sur son père, avait alors étudié de près l'histoire des Orcs. Evidemment, elle avait découvert que, comme pour son père, ces diffamations n'étaient pas fondées. Auparavant, ils n'avaient pas idée de ce qu'était la corruption. Kil'Jaeden en avait lâchement profité pour les corrompre avec ce qu'ils ne connaissaient pas. C'était tellement facile...Ce n'était pas pour rien que le démon s'appelait Kil'Jaeden le Trompeur. Cette lâcheté de la part du démon failli lui faire renier la tâche qu'elle avait à accomplir pour lui, mais celle de son père devait être faite. D'une façon où d'une autre, elle ferait expier le démon pour ses lâchetés...Dans la poursuite de ses études, elle s'était aperçut que Thrall menait son peuple d'une forte poigne pacifique, et cela avait renforcé son admiration envers ces être verts. Personnellement, elle les considérait comme le bras armé d'Elune. Elle n'avait nulle envie de chercher noises aux guerriers, elle cherchait simplement un peu d'aide. Le point d'intersection de leurs chemins approchait. Elle tira légèrement les rênes de Nightsong, enleva son capuchon pour qu'ils puissent bien voir son visage et mis en évidence ses armes. Le reflet du soleil couchant sur la cascade dorée qui tombait sur le dos de la guerrière émis une douce et agréable lueur cuivrée. Elle éleva également ses mains sur les rênes pour montrer que ses intentions agressives étaient nulles. Le trio d'Orcs surgit devant elle. Un des loups grogna et tourna son museau dans la direction de la guerrière. Les trois chevaucheurs se mirent en position de défense.

- Halte ! Qui va là ? cria le chef de la troupe.

Puis, dés qu'il reconnut une elfe de la nuit, avec ses armes autre part que dans ses mains, il dit plus doucement.

- Que la force de la Horde arme ton bras au cours de tes combats, Guerrière. Que pouvons-nous pour nos alliés ?

Satisfaite de la façon dont l'orc s'était adressée à elle, elle répondit de la même manière.

- Que la Grâce d'Elune brille sur vous et sur ceux qui vous sont chers ! Je souhaiterais une entrevue avec votre Seigneur de Guerre, le chef Thrall.

La réponse d'Allansïa dut contenter le trio, car ils firent une place pour la panthère et sa cavalière dans le petit groupe.

- Accordé, Guerrière. Suis-nous.

Nightsong s'avança. Les loups de leurs hôtes, comprenant qu'ils s'agissaient là de créatures non-hostiles, et plutôt amicales, cessèrent de grogner et relâchèrent les muscles de leurs mâchoires, diminuant ainsi leurs expressions féroces. Le petit groupe se mit en marche.

Ils marchaient depuis vingt minutes, dans une ambiance pour le moins très amicale, énonçant leurs faits d'armes à Allansïa, qui leurs exposa à son tour sa formation de druide et de guerrière. Soudain, Nightsong se figea et se mit à grogner et regardant au loin. Le quatuor s'immobilisa à son tour, et tenta de déceler l'anomalie ambiante.

- Qu'arrive-t-il à ta panthère, Druide ? s'enquit le capitaine des Orcs.

- Je ne sais pas....Nightsong, que se passe-t-il ? demanda-t-elle doucement à sa monture.

Pour toutes réponses, celle-ci gronda de plus belle en fixant l'ouest de ses yeux brillants. Puis, un son infime parvint aux oreilles d'Allansïa...Un son qui ressemblait à un hennissement humain...Puis des bruits qui ressemblaient à....

- Des sabots....murmura Allansïa en plissant ses yeux ambrés.

Le capitaine s'écria.

- Des Razormanes ! Ou pire encore !

A ce moment, un cri déchira le silence relatif. Sur la lisière ouest, à moitié nimbée dans la lumière encore aveuglante du soleil couchant, une grande tribu de Centaures venait d'apparaître. Les belliqueuses créatures, mi-hommes mi-chevaux, brandissaient des javelots pour les uns, des arcs à double courbure pour les autres, et des haches pour ceux qui restaient. Certains étaient formés à l'utilisation de sorts. A l'arrière des lignes, un immense Khan Centaure se dressait, ses yeux brillants de haine à la vue des intrus présents sur ces terres.

- C'est la tribu de Markkaa ! Nous sommes tombés dans une embuscade ! hurla le capitaine des orcs.

Contrairement à ce qu'Allansïa avait craint, les orcs ne la soupçonnèrent même pas d'être à l'origine de ce piège. Il était de notoriété publique que les Centaures avaient une très haute opinion d'eux-mêmes, et refusaient obstinément d'entrer en contact avec une autre espèce, quelle qu'elle fût.

- ERADIQUEZ CES MICROBES DE MES TERRES ! tonna Markkaa à l'attention de ses guerriers.

Ces derniers s'élancèrent de haut des collines et foncèrent vers le petit groupe qui se préparait au combat...

Consciente qu'elle gênerait Nightsong au cours de ses évolutions au coeur de la bataille, Allansïa mit pieds à terre et sortit son arc. La panthère et la guerrière s'étaient mises d'accord depuis longtemps sur leurs tactiques de combat à grande envergure. Dans ce cas de figure, chacune s'occupait de ses adversaires de son côté. Allansïa encocha une flèche, le banda, et visa le Centaure le plus proche qui arrivait. Le trait transperça la créature chevaline qui boula dans un nuage de poussière. Allansïa réitéra ses tirs par deux fois, avant que les Centaures n'arrivent au corps à corps. D'un bond agile, elle esquiva un javelot sournois et sortit son épée. Elle sauta en l'air et trancha au niveau de la tête. Celle de l'assaillant jaillit, séparée de son corps. Deux Centaures la visèrent avec des flèches enflammées. « Quels abrutis ! » pensa Allansïa. Ces flammes lui permettait justement de mieux repérer les projectiles meurtriers dans la nuit tombante. Elle s'écarta de la trajectoire de la première et fit un mouvement de rotation avec son épée qui trancha la deuxième en plein vol. Réajustant son arc dans un mouvement fluide, elle tira deux flèches en un tir. Les deux Centaures se cabrèrent sous la douleur et moururent. Soudain, un hennissement retentit derrière elle. Elle se retourna pour voir un Centaure brandir sa hache et fondre sur elle. Au moment où il bondit, un filet l'enveloppa et l'écarta de la trajectoire de la guerrière. Il s'abattit dans un nuage de poussière à côté d'Allansïa, qui le transperça pour l'achever. Puis elle fit un signe de tête avec un sourire pour remercier le chevaucheur de loup, le plus jeune du groupe semblait-il, pour l'avoir tiré de ce mauvais pas. Celui-ci lui rendit son sourire et se mit à tailler de plus belle avec son immense lame dans la masse grouillante des assaillants. Les Orcs ne s'en sortaient pas trop mal. Enhardi par la présence d'une druide-guerrière particulièrement redoutable à leurs côtés, ils éliminaient pas mal de centaures sans prendre trop de blessures. Nightsong non plus n'avait pas trop de mal.

Quasi-invisible dans la lueur décroissante, elle sautait d'ennemis en ennemis et plongeait ses dents de sabres tranchantes dans la chair de ses adversaires avec un courroux presque palpable. Une boule de feu jaillit soudain devant Allansïa. Elle tira son arc, pivota sur elle-même, puis, avec des réflexes hérités de son père et peaufinés par ses entraînements, elle identifia presque inconsciemment l'auteur du sort et lui décocha sa flèche à la figure. Hélas, celui-ci lança une autre boule de feu, et son trait fut pulvérisé, tandis qu'il préparait un autre sort, qu'Allansïa devinait plus puissant. Elle se mit à réfléchir ardemment et rapidement. Ses capacités de druides risquaient fort de se révéler inutiles sur des terres aussi pauvres de vie végétales. Elle devait utiliser ses talents de magie pure. Elle pointa la lame de son épée vers le Boutefeu Centaure et marmonna une incantation rapide, simple, mais dont l'efficacité n'était plus à prouver. La lame scintilla d'un éclat blanc, tandis qu'un éclair de la même couleur jaillissait vers le sorcier, illuminant brièvement les lieux de l'affrontement. L'éclair aveuglant ébloui et troubla le sorcier pendant un court instant. Dés qu'il reprit ses esprits, ce fut pour voir deux soleils miniatures ambrés devant lui, puis le bref éclat caractéristique d'une lame affûtée remonter vers sa figure. L'instant d'après, un voile rouge jaillit devant ses yeux tandis que son corps s'effondrait et qu'une cuisante douleur lui lacérait le torse. Debout devant le cadavre du sorcier Centaure, Allansïa entendit soudain un rugissement sauvage. Ce n'était pas celui de Nightsong, ni celui d'un Orc. Pas très loin, elle apercut le Khan Centaure préparer une boule de feu entre ses mains, et les diriger sur une forme noire et effilée, qui semait la panique dans les rangs des chevaux humains. Augurant ce qui allait se passer, Allansïa porta une main à sa bouche et lança non pas le doux sifflet résonnant d'appel de sa monture, mais un violent et strident sifflet d'avertissement au moment où le Khan libérait l'onde de choc brutale. Nightsong perçut l'avertissement de sa cavalière, et évita de justesse la boule d'énergie brute. Allansïa regarda les résultats du sort. La terre semblait se contorsionner sur son passage, et elle entendit même le cri de douleur des rares organismes végétaux qui stagnaient dans les Barrens. Allansïa décida d'en finir une fois pour toutes. Elle appela sa monture, qui se présenta bien vite près d'elle.

Elle l'enfourcha, et désigna le Khan à Nightsong, qui s'élança dans cette direction. Tandis que sa monture prenait de la vitesse, Allansïa se mit debout sur le dos de la panthère et se fraya un chemin à coups de flèches. Le Khan avait dû la remarquer, car il dégaina une énorme hache qui devait faire deux fois la taille d'Allansïa, qui mesurait déjà pas loin d'un mètre quatre-vingt-cinq. Au moment où Nightsong arrivait près du Khan, elle planta brusquement sas pattes avant dans la terre et freina brutalement. Profitant de son inertie cinétique, Allansïa jaillit en avant, effectua un saut périlleux, passa dans le même temps par-dessus la hache du Khan qui, n'ayant pas anticipé cette technique, balaya l'air sous la guerrière, et se rétablit, bondissant vers Markkaa. Elle aperçut les différentes amulettes dont était pourvu le Khan, ainsi que ses fétiches, et autre porte-bonheur. Celui-ci rabattit le manche de son énorme hache vers la guerrière, dans le but de la frapper. Consciente que, face à une hache de cette taille, elle ne l'était pas (de taille), elle entreprit de trancher au milieu du manche. Sa manoeuvre réussit, mais la force avec laquelle Markkaa avait rabattu son manche lui fit échapper son épée, et elle s'étala par terre, à moitié étourdie. Jetant les reste inutilisables de sa hache à terre, Markkaa entreprit de répéter sur la druide le même sort que contre Nightsong. Une boule d'énergie naquit entre ses mains. Allansïa s'extirpa de sa torpeur au moment où le Khan levait sa boule incandescente au-dessus de sa tête.

Elle réagit sur l'instant, dégaina sa dague de lancer et la lança au hasard sur l'énorme corps de Markkaa. Le Khan eut juste le temps d'apercevoir un éclat orangé fuser vers lui. La dague se ficha dans les puissants abdominaux du Khan. En temps normal, la dague ne lui aurait certainement causé qu'une petite douleur, qui ne l'aurait pas empêché de lancer son sort. Mais le venin de Dragon de pierre avait un effet précurseur avant de provoquer la mort. Une fois la plus petite once de venin mise en contact avec le sang, le poison aiguillonnait cruellement le système nerveux de la créature visée, provoquant la pire des douleurs en un minimum de temps. Sous l'effet de la terrible affliction, le visage de Markkaa fut déformé. Son sort, non-contrôlé, jaillit de ses mains et se perdit dans le ciel, ajoutant un second soleil éphémère à la voûte céleste. Le hurlement de douleur qu'il poussa figea tous les autres Centaures sur place. Le poison commençait à faire effet sur l'organisme de Markkaa. Il s'effondra à terre dans un nuage de poussière. La seconde d'après, privés de leur chef, la nuée de Centaures s'éparpilla dans les collines, consciente qu'elle n'avait aucune chance. Allansïa récupéra son épée, sa dague, et appela Nightsong. Tournant son regard vers les Orcs, elle remarque quelque chose d'inquiétant. En quelques bonds, Nightsong fut auprès des chevaucheurs. L'un d'eux, le plus jeune, l'auteur du « lancer de filet », était allongé par terre, un javelot était enfoncé dans sa poitrine. Il essaya de le retirer.

- Non ! Ne fais pas ça ! hurla Allansïa, consciente que tout son sang allait s'échapper.

Trop tard. Une gerbe de sang rouge sombre s'échappa de la plaie béante du guerrier. Le javelot avait percé son cuir et entamé sa chair. Il gémit.

- Je ne suis même pas mort honorablement...Autant n'être plus rien...

Le loup du chevaucheur blessé avait la queue basse et les oreilles rabattues. Il geignait tristement. Allansïa sauta de Nightsong et sortit son matériel de druide.

- L'esprit de la Horde aura encore besoin de ton bras ! lui lança-t-elle pour l'encourager.

Puis, elle sortit un flacon de liquide translucide et essaya de l'appliquer sur la plaie, mais le débit de sang était trop important. A ce rythme, il serait mort avant que le soleil ne se soit couché entièrement. Justement, la lune était déjà levée, mais les rayons du soleil couchant empêchait la guerrière d'utiliser la science d'Elune. Seule cette science avait une chance de sauver le guerrier. Elle n'hésita pas, et sortit de son sac un petit croissant de lune de cristal bleu, dans lequel semblait danser une lueur interne. Elle l'éleva au-dessus de sa tête et entama une incantation.

- Elune...Mère de notre savoir...Daigne devancer le cycle de ton Frère...Accorde-moi le pouvoir de guérir en dépit du règne du Soleil...

Rien ne se passa, mais ce « rien » n'ébranla pas la foi d'Allansïa.

- Déesse resplendissante...Permets-moi de guérir ce digne et courageux guerrier, et de perpétuer le pacte de sang de notre Alliance...

A peine avait-elle prononcé ces mots que son croissant bleu étincela et la lumière du soleil couchant disparue aussitôt, laissant seule la lune déployer sa lumière protectrice. Elle appliqua aussitôt ses mains autour de la plaie du guerrier, qui commençait à perdre conscience à cause de son déficit de sang. Cette « transgression » du cycle solaire n'allait pas durer longtemps...Elle devait en profiter...Elle prononça rapidement une incantation...Soudainement, un rayon de lune éclaira le quatuor et se concentra sur la plaie sanglante, qui se referma aussitôt. Puis, quelques secondes plus tard, le cycle solaire reprit son cours...Le soleil continua sa lente descente vers la lisière ouest...Les deux autres guerriers orcs s'agenouillèrent aussitôt devant la druide et sa performance magique hors du commun, qui leurs demanda aussitôt de se relever, et qui banda la plaie résiduelle du blessé. Le loup du blessé, content de voir que son maître allait mieux, émit de petits jappements. Tandis qu'Allansïa, aidée par un des deux orcs, chargeait le corps de l'orc, affaibli par sa perte de sang, sur son loup, l'autre orc revint de la carcasse de Markkaa avec un sac dans les mains et un petit objet qui brillait dans les derniers rayons du soleil.

- Ce satané Markkaa avait un peu d'or sur lui, dit-il en brandissant le sac. Voilà qui permettra aux familles des victimes de ce monstre de perdurer. Quant à toi, Druide, tu as mérité la plus belle part du gâteau.

Il lui tendit solennellement le Médaillon de Markkaa. Le Médaillon était en or pur, d'environ trois pouces de rayon, et d'un demi-pouce d'épaisseur. Sur un de ses faces étaient gravées le profil d'une tête de panthère. Le Médaillon devait avoir des pouvoirs magiques, car dés qu'elle le mit autour de son cou, elle sentit son courage se renforcer. Puis, en compagnie de ses nouveaux amis, et au pas, ils prirent la direction d'Orgrimmar...

Lorsqu'ils arrivèrent aux portes d'Orgrimmar, la nuit était tombée depuis longtemps. De grands feux illuminaient les gardes. Dés que les chevaucheurs s'avancèrent avec le blessé, les gardes entourèrent l'elfe, croyant qu'elle était la responsable. Mais le capitaine de la troupe s'empressa de leur donner un ordre contraire, ainsi que quelques explications. Dès qu'il eut fini de parler, les gardes s'écartèrent respectueusement et laissèrent pénétrer l'elfe dans la luminescente Orgrimmar. Le capitaine s'adressa à l'elfe, tandis que le deuxième escortait le blessé, qui venait de sortir du cirage, vers l'infirmerie.

- Tu as demandé à voir le Chef Thrall. Suis-moi, Druide. Au fait, quel est ton nom ?

- Mon nom est Allansïa Stormrage, fille du Seigneur Illidan Stormrage et de la Prêtresse Anja Moonlight, défenseuse des forêts de Kalimdor.

Une fois arrivés devant un majestueux bâtiment, le capitaine descendit de son loup. Allansïa fit de même et entra dans le bâtiment.

- Le Chef va te recevoir. Attends-le ici.

Elle n'eut pas à attendre bien longtemps. Moins de deux minutes après le départ du capitaine, un orc imposant entra dans la salle. Il était vêtu d'une armure noire, et avait des yeux bleus qui reflétait une grande intelligence. En le voyant arriver, Allansïa se conforma à la bienséance et mit un genou à terre pour saluer le fier héros qui se tenait devant elle.

- Seigneur Thrall...dit-elle.

L'orc éclata d'un rire guttural et rocailleux.

-Relèves-toi, amie Elfe ! C'est plutôt moi qui devrais te saluer comme tu viens de le faire ! s'exclama Thrall avec une joie intense, en apercevant le Médaillon de Courage de Markkaa au cou d'Allansïa. Je ne sais pas si tu as bien conscience de ce que tu viens d'accomplir pour notre peuple ! Ce satané Centaure et son armée semaient la terreur sur notre cité et nos récoltes, et nombres de nos guerriers Taurens ont succombés lors de leurs assauts incessants ! Et tu as sauvé la vie d'un de nos éclaireurs ! Je ne sais pas si je pourrais un jour m'acquitter de cette dette !

- Je vous en prie, Chef...coupa gentiment Allansïa, visiblement troublée par les remerciements de Thrall. Je veux juste vous demander un peu de votre aide.

- Tout ce que tu voudras, Allansïa...

Elle lui parla de son projet de rejoindre les terres de l'est avec l'aide des gobelins qu'il employait. Thrall acquiesça doucement.

- Oui, je pense qu'ils seront d'accord. Malheureusement, je les ais envoyés effectuer un capital travail de reconnaissance, loin d'ici. Ils seront de retour dans six jours. Peux-tu attendre pendant ces six jours ?

- Oui, ma quête n'est pas pressée...

- Dans ce cas, je t'invite à rester à Orgrimmar pendant ton séjour. Tu es mon hôte. Je vais te donner une chambre. Durant ta résidence, tu es libre d'aller où bon te semble.

- Que la Grâce d'Elune vous accompagne pour vos bontés, Chef, répondit Allansïa.

Thrall lui indiqua l'emplacement d'une habitation qu'elle pouvait utiliser pendant son séjour. La chambre était réservée aux invités de hauts rangs. Il lui demanda également de lui donner son épée, car il voulait lui faire un cadeau en remerciement de ses actions. Consciente que son refus blesserait probablement Thrall, elle la lui tendit. Thrall lui demanda de venir la chercher le lendemain matin, à l'armurerie Trolle Formöl & Co. Puis, sur un dernier salut, ils se séparèrent. Nightsong accompagna Allansïa qui marchait à pied vers la demeure que Thrall lui avait indiquée. Elle monta les escaliers et déboucha dans une vaste chambre, avec un grand balcon ouvert qui donnait une magnifique vue sur Orgrimmar et sur le ciel étoilé des Barrens. Le lit était simple, mais très confortable. Retirant ses habits, elle se mit au lit et s'endormit...
Le lendemain matin, le soleil émergeant de la lisière Est réveilla doucement Allansïa, qui se leva rapidement et entreprit de faire quelques étirements afin de préserver sa souplesse. Une fois qu'elle fut suffisamment étirée, elle mis ses vêtements ainsi que son armure sur elle et descendit. Nightsong somnolait encore. En sortant sans le soleil matinal, Allansïa remarqua que de nombreux orcs étaient déjà en train de cultiver des champs agricoles. Une telle occupation renforçait l'image des Orcs en les faisant passer pour une civilisation éclairée. Allansïa se dirigea vers l'armurerie que Thrall lui avait indiquée. En entrant à l'intérieur, elle aperçut une multitude de haches, javelots et autres armes de jets en quantité, mais pas de flèches. Malgré l'apparence archaïque des armes, Allansïa dut reconnaître, en examinant les armes de près, que le travail fourni était remarquable. Un bruit émanait de l'arrière-boutique. Elle lança un appel. Le bruit cessa. Un instant plus tard, la tête d'un Troll aux défenses blanches, en pleine force de l'âge à la peau presque noire émergea par la porte. Le Troll, du nom de Formöl devait être un peu foufou, car il lança sur un ton aigu.

- Hellloo, Elfe Dame ! Quoi tu veux ?? Quoi Formöl peut, pour rendre service à toi ?

- Je viens chercher mon arme, une épée...

- Ah...Ouais !! Justement je viens de terminer le travail à moi sur arme de toi ! J'arrive !

Quelques secondes plus tard, Formöl émergea de l'arrière-boutique et lui tendit son arme avec un sourire. Allansïa examina la lame, et fut émerveillée en observant le travail de Formöl. Sur un des côtés de la lame, une fine gravure avait été faite, représentant le symbole de la Horde. A l'intérieur de cette minuscule gravure, du rubis avait été incrusté et poli, préservant la solidité de la lame, mais l'agrémentant néanmoins d'un éclat rouge sang. Le résultat était saisissant. L'expression de ravissement sur le beau visage d'Allansïa contenta largement Formöl. Après l'avoir remercié pour son travail, elle lui demanda.

- Auriez-vous des flèches à vendre ? Je suis à court en ce moment...

Formöl hocha lentement la tête en se caressant le menton.

- Ah, ouais....Flèches....C'est pas ça qui manque ici, mais personne n'en utilise jamais par chez nous. Si tu veux bien me suivre, on va te trouver ce que tu cherches...

Ils pénétrèrent dans l'arrière-boutique. Allansïa fut surprise d'apercevoir cinq autres Trolls, quasiment identique à Formöl, en train de jouer aux cartes. Elle comprit immédiatement ce que voulait dire le « & Co. », dans le nom de la boutique. Formöl lui fit les présentations. D'après ce qu'elle comprit, les Trolls, six frères, faisaient parti d'un commando de défense d'Orgrimmar, le Commando Troll Noir « Enkidu ». Formöl en était l'aîné et le chef. Mais elle ne réfléchit pas plus longtemps sur le sujet. Formöl lui apporta un chargement de flèches, dont certaines avaient un aspect meurtrier. Un des Troll à la table lança.

- Alors, Formöl ... Tu passes encore ton tour, ou quoi ?

- Minute ! Je fais affaires avec une cliente !

Puis, s'adressant à l'elfe.

- Voilà...Flèches standardisées à pointe normale, flèches à pointes en feuille de laurier, pour transpercer les armures, flèches à pointes en dent de scies, à harpons, pour éviter que l'adversaire ne la retire de la plaie, flèches à pointes ondulées de type serpent, pour provoquer des blessures inguérissables, flèches à pointe en croissant de lune, pour trancher les membres et les cordes, flèches à pointes en boules, pour assommer sans tuer, flèches à pointes en sifflet pour semer la panique dans les rangs adverses....Tu vois que dans l'art de faire du mal à ses ennemis, l'imagination de la Horde ne connaît pas de limites.

Allansïa examina soigneusement les flèches. Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, les flèches étaient quasiment irréprochables, digne des meilleures armes des Sentinelles d'Ashenvale. Finalement, elle prit un peu de flèches de chaque sorte, ne pouvant se décider.

- Ah....marmonna Formöl. Très bon choix, très bon. Très plaisir est de faire des affaires avec toi.

Allansïa paya, salua les Trolls et reparti de la boutique. Nightsong l'attendait devant la boutique. Elle ronronna en voyant approcher sa maîtresse. Allansïa s'arrêta également à une échoppe magique, tenue également par un troll, aux longues défenses, du nom de Rokkhan. Ce dernier parlait d'une voix très mystérieuse, et ses yeux luisaient d'un feu intérieur vaudou. Allansïa renouvela son stock de potions, et acheta également un gantelet d'archère, pour l'aider à manipuler son arc. Une fois ses emplettes terminées, elle repartie sur le dos de Nightsong pour déposer ses achats à sa chambre, puis partie dans l'exploration d'Orgrimmar et de ses terres...

La chose la plus insolite qu'elle aperçut fut un cercle de terre battue, dans lequel les orcs le faisait également (se battre). Elle s'approcha pour entendre ce qu'ils disaient, et en apprendre un peu plus. Au bord du cercle, les guerriers se tenaient, et une silhouette très carrée se tenait également, escortée par un ours. Allansïa reconnut Rexxar, Champion de la Horde, un sacré morceau !

- Mog'Khar et Korgon ! Commencez le combat ! dit-il de sa voix grave et puissante.

Les deux orcs au centre du cercle se saluèrent et commencèrent le combat. Mog'Khar était le plus grand, et dominait Korgon d'une tête et demi. Les deux orcs étaient torses nus. La faible musculature de Korgon ainsi que les habits qu'il avait laissé en dehors du cercle, laissaient entrevoir à Allasnïa qu'il s'agissait là d'un chaman. Quant à l'autre, Allansïa aurait juré qu'il s'agissait du capitaine du trio de chevaucheur de loups, qu'elle avait rencontré le jour d'avant. Malgré sa faible musculature, Korgon semblait dominer son adversaire, mais Mog'Khar retourna la situation à son avantage, et d'une forte poussée envoya son adversaire à terre. Le combat cessa. Korgon, vaincu, sortit du cercle. Mog'Khar parla un instant avec Rexxar. Puis, il se tourna vers Allansïa.

- Druide ! Un défi avec moi te tente-t-il ? demanda Mog'Khar.

Allansïa s'approcha du cercle, tandis que Rexxar lui expliquait ce qu'étais le défi.

- Mog'Khar t'as défié sur le cercle d'honneur. Ce cercle permet à ceux qui combattent à l'intérieur de gagner un peu d'honneur et de respect dans Orgrimmar. Le défié est généralement plus faible que celui qui le défie, par conséquent il a le droit de définir les règles de l'affrontement. Tu perds si tu sorts du cercle, si tes fesses ou ton ventre touchent le sol, si tu avoues ta défaite où si tu tues ton adversaire. Acceptes-tu le défi de Mog'Khar ?

Allansïa réfléchit quelques instants.

- C'est d'accord. Les règles seront les suivantes : aucune protection d'aucunes sortes, aucune arme, usage de sortilèges, quels qu'ils soient, non-autorisés.

- Parfait...dit Mog'Khar en se frottant les mains.

Tandis qu'il prenait place au milieu du cercle, Allansïa retira sa cape, sa cotte de mailles, son Médaillon, ses gants, ses armes et sa chemise. Elle se tourna et ajusta sur ses seins une bande de tissu spécial, aussi bien pour protéger son intimité que pour éviter d'être gênée lors de son combat. Elle retira ses bottes, également et s'avança, pieds nus, dans le cercle de terre. Bien qu'elle fût une femme elfe, druide de surcroît, sa musculature était légèrement visible. Très discrète, mais visible, laissant augurer une force suffisament conséquente pour se défendre en cas de besoin.

Mog'Khar et Allansïa ! Combattez !

Aussitôt, elle vit l'orc bondir vers elle et lui envoyer un coup de poing au ventre. Le choc lui coupa le souffle et l'envoya en arrière. Réagissant aussitôt, elle entama un mouvement de rotation en lançant ses jambes par-dessus sa tête et tendant les bras. Elle effectua une pirouette arrière, se rétablit sur ses pieds, et adressa un sourire de défi à son adversaire, visiblement troublé par les ressources dont disposait la guerrière. A son tour elle bondit souplement vers l'orc et tendit sa jambe dans un mouvement de rotation, déséquilibrant ainsi Mog'Khar. Faisant appel à toute son agilité, elle fit un pas de côté, et assena un coup de coude dans les côtes de l'orc qui gémit un peu. Puis, rassemblant ses forces de guerrière, elle banda ses biceps et enfonça ses poings dans le ventre de l'orc, qui bascula en arrière, et s'effondra en soulevant un nuage de poussière. Tous les orcs applaudirent la performance d'Allansïa qui ne se débrouillait pas trop pour un premier combat. Elle tendit la main à Mog'Khar pour l'aider à se relever, et celui-ci lui sourit, visiblement ravi et impressionné par son talent physique qui égalait presque celui dont elle faisait preuve pour manier la magie. Forte de cette nouvelle expérience, Allansïa resta pendant toute la journée et les quatre autres jours qui suivirent au cercle d'honneur, améliorant ainsi ses capacités combattives...

Le soir, une fête fut organisée en l'honneur de son courage, pour avoir terrassé un Khan Centaure, et pour avoir sauvé un des leurs, lequel remercia encore chaleureusement sa sauveuse. C'est l'estomac bien rempli de viande et de bière qu'elle s'écroula, endormie, sur le dos de Nightsong, qui s'occupa de la mener à sa chambre...

A l'aube du cinquième jour, elle eut la surprise, en descendant de sa chambre de trouver Thrall et une femme humaine blonde aux yeux bleus, vêtue d'une cape duveteuse bleu marine, portant les emblèmes de la marine de Kul Tiras. Malgré le temps qui s'était écoulé depuis ses études, Allansïa n'eut aucun mal à reconnaître Jaina Proudmoore. Pour avoir conservé sa beauté et sa jeunesse durant tout ce temps, Allansïa suspectait la sorcière de s'être livré à quelques sortilèges de longévité, chose bien normale pour une telle femme, conclut Allansïa avec un léger sourire aux lèvres. La sorcière et l'orc parlaient de routes commerciales maritimes pour les navires, entre Orgrimmar et le port secondaire de l'île de la sorcière. Allansïa attendit qu'ils eurent fini. Puis, elle s'avança et salua poliment la sorcière, qui lui répondit de la même manière. Puis, elle se téléporta dans une aveuglante lumière blanche, vers Theramore. Thrall s'adressa à elle.

- Les Gobelins sont revenus de leurs travaux d'exploration, et ont réintégré le laboratoire de la côte est.

Cette nouvelle ravie Allansïa. Thrall continua.

- Néanmoins, de nombreuses Harpies hantent la région. Bien qu'elles n'osent pas s'attaquer à Orgrimmar, les voyageurs seuls sont des cibles privilégiées. Par conséquent, j'ai demandé au Commando Troll Noir « Enkidu » de t'escorter dés que tu partiras.

- Je vais partir ce matin. Encore merci pour votre attention, Chef.

- C'est moi qui te remercie pour tout ce que tu as fait pour notre peuple. Tu seras toujours la bienvenue ici. Bon voyage !

A ce moment, dans un parfait timing, six silhouettes sombre atterrirent autour du duo en brandissant des haches de lancer pour certaines, des javelots pour d'autres. La plus grande des silhouettes, Formöl, s'exclama.

- Commando « Enkidu » ! Prêt pour nous à casser le cou ! Dame Elfe ! Plaisir est d'escorter ton humble personne !

Sur ce, les Trolls et la guerrière, sur sa monture, se mirent en route vers le laboratoire Est...

Il ne fallut pas plus d'une heure à la troupe pour atteindre le laboratoire. A l'entrée, Allansïa remercia chaleureusement le Commando Troll Noir, qui repartirent après s'être bien assurés que la guerrière et sa monture étaient bien en sécurité. Elle entra dans l'immense bâtisse. Un spectacle étonnant s'offrit à ses yeux. Dans un coin du hangar, il y avait une multitude de gros zeppelins. De l'autre, il y avait une vingtaine de gobelins qui s'affairaient sur une énorme machine ronflante qui projetait des nuages de fumée noire particulièrement nauséabonde. Un des gobelins, probablement le chef, avait un attirail curieux. Une espèce de sac métallique était installé sur son dos, et deux immenses pinces de métal en jaillissaient, ajoutant deux mains à celle du gobelin qui expérimentait quelques choses sur un système qui lançait des éclairs.

- De pas prendre le jus attention il faut faire, quand la clé à molette on a.....ZIIARRRGHHH !

L'Artisan gobelin hurla de douleur quand une gerbe d'éclairs bleus jaillit dans ses pinces et provoqua une explosion qui projeta le gobelin trois mètres en arrière, dans un nuage blanc.

- DE MERDE DE PUTAIN DE BORDEL ETRE !! brailla l'Artisan.

Puis il prit conscience de la présence d'Allansïa. Il héla un de ses ouvriers.

- Bon, c'est coincé ici...Gazlowe ! Allez voir ce qu'elle veut.

Un gobelin, portant autour de cou un collier fait en bâtons de dynamites prêts à péter, s'approcha et lui demanda la raison de sa présence. Elle lui parla de son projet de rallier la côte est.

- Suivez-moi ! dit Gazlowe en s'engouffrant dans un bureau.

Il trifouilla dans les paperasses. Allansïa remarqua que bien qu'il ait à son cou des bâtons d'explosifs, le gobelin en question fumait un énorme cigare dont le bout rougeoyait. Elle déglutit devant la négligence du gobelin.

- Alors, vous auriez voulu un navire pour Lordaeron...

- C'est exact...

- Madame....Lordaeron....

Il regarda des papiers, consulta des horaires et des cartes. Puis il se figea et fixa à nouveau Allansïa dans les yeux.

- Alors.....Lordaeron !

Il se remit à fourrager dans des papiers, mais moins de deux minutes plus tard, il regarda à nouveau la guerrière.

- Donc....Lordaeron...

Pendant qu'il se remettait au travail, Allansïa suspecta le gobelin d'être sujet à des troubles de mémoires graves.

- Hé bin, j'suis pas arrivée...marmonna-t-elle.

A ce moment, le gobelin exulta et brandit une feuille de papier.

- Alors....Tous les navires suivants mettent dix-sept jours pour rallier l'est. Voici les heures de départ : 5h22 ; 12h57, celui-ci met deux semaines pour arriver, c'est un rapide....

- Oui oui, je comprend...

- 16h51 et 23h45. Ils appareillent avec la marée. L'heure d'arrivée subit des modifications.

- Vous n'auriez pas quelque chose de plus rapide ?

- Nous avons des zeppelins. Il y en a un qui part ce soir, pour Strahnbrad. Il met moins d'une heure, il est très rapide, seulement il repart aussitôt. Vous n'aurez pas le temps de descendre.

- Et à quoi ça me servirait, un zeppelin dont je ne puisse pas descendre ?

- C'est vous qui voyez....

- Oui, bon ! Ca va bien cinq minutes votre truc. Alors dans la mesure où il me semble que, apparemment, vous êtes payés pour ça, est-ce que ça ne vous ennuierez pas d'avoir l'obligeance de bien vouloir me donne les renseignements que je vous demande, d'avance merci !

Cette dernière remarqua parut avoir un effet significatif sur le gobelin.

- Donc, un zeppelin rapide dont vous pouvez descendre, à Strahnbrad ?

- Exactement ! Enfin, c'est pas trop tôt....

- Alors il y en a un qui part dans quelques heures et qui met deux jours. Je vous mets dedans ?

- Vous serez bien aimable, oui ! Pendant ce temps, Nightsong et moi on va attendre votre transport miraculeux.

Le gobelin sembla soudain se rendre compte de la présence de la panthère.

- Ah, il va falloir payer une surtaxe pour votre « pet ».

- Je n'ai pas l'habitude ni la réputation d'avoir des gaz....répondit froidement Allansïa.

- Pour votre animal, j'veux dire !

Finalement, les incidents s'arrêtèrent là et les deux compagnes embarquèrent à bord d'un des gigantesques vaisseaux de toiles et de moteurs, direction : Strahnbrad, Lordaeron...
Le zeppelin survolait à présent les montagnes d'Alterac et approchait de Strahnbrad. Le voyage s'était dans l'ensemble bien passé, à part un Nain ivre qui avait failli tomber de l'immense nacelle de voyage. Des Orcs et quelques autres personnes étaient à bord pour le voyage. Le gobelin qui pilotait hurla quelques chose et le zeppelin perdit de l'altitude. Le soir tombait. Dans un fracas le zeppelin atterrit. Tous les passagers descendirent et se dispersèrent. Avec une rapidité effarante, le zeppelin redémarra et remit le cap sur Kalimdor. Il ne s'était pas passé dix minutes entre l'instant où le zeppelin avait atterri, et l'instant où le dernier passager disparu de la vue d'Allansïa. Augurant qu'il serait peu sage de se mettre en route à cette heure tardive, Allansïa décida de coucher à la belle étoile. En effet, le soleil qui, à Kalimdor, aurait projeté une lueur rasante, s'était déjà couché derrière les arbres des forêts de Lordaeron. Rabattant sa cape sur son corps, elle s'allongea et posa sa tête sur le flanc de Nightsong, également allongée. Dans ces conditions nocturnes, la fourrure agréablement chaude de la panthère servait d'oreiller à sa cavalière. Elle ne mit pas longtemps à s'endormir...

Au petit matin, elle s'éveilla et s'étira dans la lumière matinale. Nightsong n'avait dormi que d'un oeil, guettant le moindre bruit pour s'assurer qu'aucun danger ne menaçait. Après avoir puisé dans ses réserves de nourritures pour elle et sa monture, elle se mit en route vers nord-est, afin de rallier Strahnbrad. Au pas, Nightsong avança à travers les paysages de Lordaeron. Aucun incident ne survint, sauf que l'odorat très développé d'Allansïa captait régulièrement des odeurs de pourritures qui émanaient de la direction de sa destination. Nightsong le sentait aussi, car elle ralentissait souvent. Ce fut en fin d'après-midi, plutôt vers le soir, qu'un léger impondérable se produisit. Au loin, Allansïa apercevait les ruines de Strahnbrad, quand elle entendit un léger cri, qui devait venir de loin. Nightsong aussi l'avait perçut...Elle fit volte-face lança Nightsong au petit galop vers le bord de la falaise. Au loin, elle aperçut l'origine de l'affrontement. Une silhouette un peu plus grande qu'elle, tenant une épée simple, tentait désespérément de repousser trois chevaliers qui l'assaillaient. Les mouvements d'attaque des trois chevaliers n'étaient pas déchaînés comme s'il s'agissait d'un combat à mort, mais ils faisaient bien sentir qu'ils commençaient à en avoir assez. Allansïa réfléchit. Elle s'était attendue à voir un humain combattre un quelconque humain, mais là c'était trois humains qui assaillaient un seul humain. Combat lâche, et indigne. Les luttes intestines de ce genre étaient irrationnelles, s'ils voulaient repousser le Fléau, se dit-elle. Presque invisible dans la nuit, elle donna des petits coups de talon dans les flancs de la panthère. Celle-ci, doucement mais sûrement, se mit à descendre la falaise à demi-escarpée. En quelques bonds, elle avait atteint le sol ferme et se rapprochait en silence des lieux de l'affrontement. Enfin, elle put entendre les dialogues que les combattants échangeaient entre eux.

- Tu ne t'es toujours pas amélioré, Elgÿn ! Combien de temps crois-tu pouvoir nous défier ! Le seigneur Ravenwood a donné l'ordre de te tuer ! Pourquoi t'obstines-tu à nous mettre des bâtons dans les roues ? lança un des chevaliers à celui qui combattait sans cheval.

- Ravenwood ne sait pas ce qui se passera s'il arrive, aussi improbable soit-il, à triompher de Sylvanas ! Vous ne savez pas de quoi Arthas est capable ! répondit le dénommé Elgÿn, en esquivant un coup d'épée.

- Peu importe ! La Réprouvée à tué notre chef, elle doit payer pour ça ! lança un deuxième chevalier en entaillant l'air de son épée.

L'arme atteignit Elgÿn au torse. Celui-ci poussa un cri et tomba en arrière. Allansïa vit nettement une gerbe de sang jaillir. Le troisième chevalier s'approcha du blessé grave et tira son épée.

- Tu aurais dû comprendre que tes jours étaient comptés le jour où tu as commencé à nous entraver, Elgÿn. Je vais vraiment regretter mon geste, mais Ravenwood veut te voir mort.

Au moment où il leva son épée dans le but d'achever le blessé, Allansïa tira son arc. Des larmes de fureur roulaient sur ses joues devant cette violence gratuite et lâche. Bandant son arme, elle tira une flèche à feuille de laurier devant le chevalier. La pointe effilée siffla bruyamment et se planta dans l'arbre devant le chevalier. Celui-ci tourna un regard apeuré vers la futaie.

- Il a un complice ! Fuyons...

- Tu ne perds rien pour attendre, Elgÿn....

De toute façon, Elgÿn venait de sombrer dans l'inconscience. Les trois chevaliers prirent la direction du nord...Allansïa se rapprocha du blessé et retira son capuchon, révélant la tête d'un homme plutôt jeune, et assez agréable à regarder, pas plus de vingt-cinq ans selon les standards humains, estima Allansïa. Il avait les cheveux châtains foncés et assez court. Son visage était bien marqué, comme s'il avait connu de nombreux combats. Elle aperçut également sur son pectoral gauche le symbole des Prêtres de Quel'Thalas...Un Haut Elfe... N'ayant pas le temps de plus s'interroger sur ses origines, elle ouvrit sa chemise pour soigner sa plaie. Visiblement, ce n'était pas la première blessure qu'il recevait. Cinq autres marques étaient bien visibles. Un morceau de bandage était accroché sur une plaie encore sanglante. Allansïa le retira, et frémit d'horreur devant la marque...

Contrairement aux autres cicatrices, celle-là s'était infecté ce qui empêchait la plaie de se refermer. Pire, Elgÿn risquait la toxémie. La blessure se composait de trois petites cicatrices parallèles. Sûrement la griffure d'une goule. Seules ces créatures pouvaient véhiculer de tels virus. En tout cas, le mage avait besoin de soins urgents. Mais elle avait besoin d'un végétal dont elle ne disposait pas, et qu'elle devait chercher dans les environs. Elle ordonna à Nightsong de surveiller Elgÿn. Celle-ci obéit, mais elle cracha légèrement de méfiance en regardant le mage. Une heure plus tard, elle revint avec les plantes adéquates et commença sa guérison dans le soleil couchant...Allansïa fut surprise de sentir sous ses doigts que le corps d'Elgÿn était plutôt résistant et bien bâti pour un mage. Lentement, elle plaça des cataplasmes sur la blessure récente, et mis des bandages couverts d'un révulsif puissant sur la blessure de la goule. Un réflexe nerveux, dû à l'intense douleur que, même inconscient, Elgÿn avait dû ressentir, souleva le corps du blessé, mais sans plus. Puis, après avoir termine le traitement, elle essaya d'installer le corps d'Elgÿn sur le dos de Nightsong pour le transporter jusqu'à Strahnbrad. N'ayant pas une confiance absolue en le jeteur de sorts, Nightsong gronda quelque peu, mais une caresse de la part de sa cavalière la calma. Puis, elles prirent la direction de la ville, maintenant proche...

En arrivant dans la ville, une demi-heure plus tard, Allansïa chercha une auberge. Elle entra dans celle du Voleur Joyeux. L'endroit était bondé et chaleureux, presque intime. Au milieu des tables de restaurants, il y avait des tables de jeu avec des joueurs de cartes...Allansïa se présenta à la réception. Le nain au comptoir sembla s'éveiller au moment où Allansïa se présenta devant lui, Nightsong avec le blessé à ses côtés.

- Qu'est-ce qu'il vous aurait fallu, Dame Elfe ?

- Hé bien, ma foi, une chambre double, s'il vous en reste.

- Une chambre..... ? demanda le nain en toisant Allansïa comme s'il la soupçonnait de vouloir faire une blague douteuse. Ah ! Mais oui...Bien sûr ! Puisque nous sommes à l'auberge ! s'exclama-t-il.

- De par le fait...répondit Allansïa.

- La 12 est libre.

Il lui tendit une clé. Allansïa monta les escaliers et entra dans la chambre. Elle installa Elgÿn sur un des deux lits, et finalisa ses guérisons. Les cataplasmes désinfectants avaient eu l'effet escompté...Bientôt, ces blessures ne seraient plus qu'un mauvais souvenir...Puis, curieuse d'en découvrir un peu plus sur les jeux locaux, elle s'habilla différemment, enlevant sa cotte de mailles et se chemise ainsi que son pantalon et ses bottes, les changeants pour une robe rouge pâle, qui dessinait agréablement ses formes, et qui conservait son décolleté. Cette robe faisait partie des habits de rechanges qu'elle avait emporté, ainsi qu'une troisième. Elle mit également une ceinture dorée et conserva sa cape noire, capuchon rabattu car elle était consciente que son teint violet foncé et ses oreilles pointues allaient la trahir, par contre, elle laissa couler ses cheveux sur ses épaules et sur son torse. Elle se regarda dans la glace...La guerrière s'était changée en une charmante demoiselle... Elle resta pieds nus et descendit dans la salle de jeu. En entrant dans la salle, elle sentit le regard de plusieurs clients posés sur elle. La curiosité ne semblaient pas être leurs seules motivation, mais aucun d'eux ne bougeât, se contentant de regarder la mystérieuse créature s'approcher d'une des tables de jeu. Allansïa fixa l'étrange jeu de cartes et essaya d'apprendre les règles. Pendant environ deux heures, elle regarda les clients jouer, apprenant ainsi les règles du jeu. Puis, fatiguée, elle remonta se coucher...

Le lendemain soir, elle redescendit, pareillement vêtue, dans la salle de jeu. Elle comptait cette fois participer au jeu, car elle avait quelques idées sur la manière de gagner. Mais ce soir-là, un client à demi-bourré s'intéressa à elle en l'apostrophant brusquement, en parlant fort et en ayant des vues assez déplaisantes sur ses formes. Allansïa nota également qu'il avait les mains un peu baladeuses. Elle s'apprêtait à lui retourner un coup pour lui faire comprendre que lui ne l'intéressait pas, mais quelqu'un se chargea de ça à sa place. Le quelqu'un en question s'était glissé silencieusement derrière Allansïa et lui saisit soudainement mais tendrement les épaules et déposa un léger baiser sur sa joue. Malgré elle, Allansïa sentit un frisson de bien-être la parcourir de haut en bas lorsque la silhouette inconnue murmura à son oreille, mais suffisamment fort pour que l'importun comprenne.

- Tu as un ennui, mon amour ?

Le stratagème de l'inconnu fonctionnait...Le demi-bourré regarda par-dessus l'épaule d'Allansïa et marmonna

- Fallait le dire ...

Puis il se détourna. Quant à Allansïa, elle reconnaissait bien cette chaleur corporelle. Elle en avait eut un avant-goût lorsqu'elle l'avait touché, et qu'elle l'avait soigné. Lentement, elle tourna sur elle-même pour se retrouver face à face avec un visage assombri par le port d'un capuchon, sous lequel deux yeux bleus brillaient d'un doux feu intérieur. Elle sourit, ses yeux ambrés brillant également.

- Enfin te voilà réveillé, Elgÿn....

- Oui...dit Elgÿn en l'entraînant vers une table où ils seraient plus à l'aise pour parler.

Une fois qu'ils furent assis, Elgÿn commanda deux verres de vin chaud. Puis il s'adressa à Allansïa.

- Je veux d'abord te remercier pour m'avoir sauvé et pour m'avoir guéri mes blessures. Mais tu connais mon nom, et j'ignore le tien...

Allansïa se présenta et raconta son histoire, ainsi que les raisons de sa présence sur le continent. En retour, Elgÿn Sunfire se présenta à son tour et raconta sa naissance à Silvermoon il y avait cent-quarante ans, ses études sous la tutelle de Sylvanas Windrunner avant qu'elle ne soit maudite, la mort de ses parents dans l'assaut d'Arthas, la dépravation du Puits Solaire et ses années d'errance dans les mondes d'Azeroth.

- Mais j'ai vu que tu avais le rang de Prêtre. Pourquoi n'as-tu pas rejoint une des communautés de Hauts Elfes ?

Elgÿn mit un instant avant de répondre.

- Je suis un banni, Allansïa. Pour bien comprendre, il faut savoir que si Sylvanas recrute des paysans et des guerriers régulièrement pour grossir son armée, c'est à cause de Ravenwood et de ses chevaliers, que tu m'as vu combattre. Je t'explique d'abord la raison de mon exil...Quand Sylvanas a commencé à posséder des familles entières pour l'aider dans sa bataille, elle ne savait pas bien y faire. Les villageois possédés n'étaient pas dévoués corps et âmes aux Réprouvés, et il était assez facile de les libérer de ce joug tyrannique. Mais seuls les anciens Archimages de Dalaran connaissaient les processus magiques qui permettaient la libération. A la fin de mes études, j'étais considéré comme un futur Prêtre Maître, et je connaissais aussi bien l'art de manier les sortilèges que l'art de manier les armes. J'avais à mon service une unité d'élite de Rangers. Un jour, un groupe de villageois convertis à la cause des Réprouvés à commencé à attaquer un autre village pour les convertir également. Les Archimages avaient été prévenus et devaient arriver pour les libérer. Malheureusement, un incident était arrivé et ils n'ont pas pu se téléporter. Bien que nous ayons reçu ordre de n'attaquer sous aucun prétexte les Réprouvés qui pouvaient encore être sauvés, j'avais fait un calcul. Les Réprouvés avançaient sans trouver de résistance d'aucune sorte dans la ville, et si nous n'intervenions pas, toute la ville, un nombre bien supérieur à celui des Convertis, risquaient de périr. J'ai donc passé outre l'ordre de non-agression, et j'ai massacré le dernier Convertis au moment où les Archimages arrivaient. Plus question d'être Prêtre Maître...Mon escouade à été dissoute et j'ai été condamné à l'exil. Quelques temps plus tard, les Archimages se sont fait massacrer, des suites de leurs passivité...Voilà les raisons de mon exil...

Durant le récit du prêtre, Allansïa ne put s'empêcher de comparer son parcours à celui du jeune homme. Apparemment, ils avaient traversés les mêmes épreuves...Elgÿn continua son récit.

- Il faut que tu saches que, même si je déteste les Morts-vivants, même si je haïs Sylvanas pour ce qu'elle fait subir à Lordaeron, je préfère la voir régner sur Lordaeron plutôt qu'Arthas. Arthas n'est que désir de pouvoir et brutalité. Sylvanas, elle, à encore conscience des souffrances qu'elle fait endurer à ses anciens alliés, et s'arrêterait si ces gêneurs n'étaient pas là....

- Les gêneurs ?

- Les soldats de Ravenwood. Ravenwood est le descendant de Garithos, lequel fut tué par Sylvanas. Ils disent que c'est par pure cruauté, mais je sais que c'est parce qu'elle doutait de sa loyauté. Ainsi, Ravenwood et ses hommes veulent venger la mort de leur chef en attaquant Sylvanas. Ravenwood n'est pas suffisamment puissant pour faire tomber Sylvanas, mais ses attaques l'affaiblisse. C'est pour se protéger des deux fronts qu'elle enrôle les villageois, et c'est pour cette raison que je n'arrête pas de demander à Ravenwood d'arrêter les attaques. Mais celui-ci n'a pas apprécié, et a décrété ma mort.

- Je pourrais peut-être t'aider. Moi, ils m'écouteront peut-être...dit-elle en lui faisant un doux sourire.

Elgÿn sourit et cligna des yeux.

- En effet, mais où est ton intérêt ?

- Je dois me rendre à Northrend, donc je devrais passer par leurs camps. Autant me rendre utile...

- J'accepte ton aide avec joie, chère Allansïa. M'autoriserais-tu à te suivre dans ton périple ? Mon aide pourrait t'être précieuse...

Les yeux d'Allansïa brillèrent de contentement à la mention que celui qui commençait à lui plaire l'accompagnerait. Elle acquiesça avec un clin d'oeil. Puis, les deux amis se dirigèrent vers une des tables de jeu afin de se distraire avant de dormir...
Le lendemain matin, Allansïa se réveilla en douceur dans la lumière matinale qui filtrait à travers les volets. Elgÿn était déjà debout et était assis sur son lit, étudiant un parchemin avec divers objets magiques. Allansïa remarqua un plateau à ses côtés avec une chope de bière, un morceau de viande fumante et deux miches de pain. Après avoir remercié le mage pour son attention, elle se mit en devoir de se restaurer. Alors qu'Elgÿn se levait pour ranger son parchemin, elle remarqua quelque chose d'étrange. Elle vit Nightsong relever la tête et fixer le mage des yeux en feulant légèrement. Elle qui s'était montrée si méfiante avec le mage se comportait maintenant avec lui comme un ami. S'approchant d'elle, le mage lui passa la main sur le crâne. Nightsong ronronna légèrement. Allansïa se demanda si ce changement d'attitude était en rapport avec le récit d'Elgÿn...Mais elle ne s'interrogea pas d'avantage et termina son petit déjeuner. Elle s'habilla ensuite dans sa tenue de guerrière, remettant ses équipements sombres, et rangeant sa robe rouge dans son sac. Elgÿn eut le temps d'apercevoir quelques pièces de tissu blanc. Alors qu'il levait un regard interrogateur vers sa compagne, celle-ci lui répondit avec un sourire complice, lui répondant qu'il le saurait bien assez tôt. Après qu'Allansïa eut payé la pension, plus un supplément pour Nightsong ( les deux compagnons avaient gagné une somme rondelette au jeu, la soirée d'avant ), ils se mirent en route, dirigeant leurs pas vers Andorhal. Nightsong trottinait avec Allansïa sur son dos, et Elgÿn monté derrière elle.

Deux cavaliers ne gênaient nullement la panthère. C'était à partir de trois qu'elle commençait à montrer un peu d'épuisement à courir, mais lors de la marche, elle pouvait porter jusqu'à cinq cavaliers. En fait, la limite de la charge n'était pas restreinte par la force de la panthère, mais par la place qu'il y avait sur son dos. Le fait d'avoir deux cavaliers présentait également un avantage. Lorsque Allansïa voyageait seule, Nightsong était obligée de ne dormir que d'une oreille, et était quelque fois fatiguée. Maintenant qu'elle en avait deux, ils prenaient des tours de gardes, et la panthère pouvait dormir très profondément.

Le chemin qu'ils empruntaient passait par les montagnes d'Alterac, et se dirigeait vers Andorhal. Même sur le sentier montant, Nightsong n'avait aucun mal à progresser. Plus ils montaient, plus le paysage s'étendait sous leurs yeux. Au loin, Allansïa apercevait déjà les contours rendus flous par la distance, malgré sa vue d'elfe, de la ville d'Andorhal. Elle aperçut également comme une espèce de campement autour de la ville. Elle le signala à Elgÿn.

- C'est ici que les forces de Ravenwood son stationnées. Ils défendent la ville et en font leur bastion. C'est pour cette raison qu'Andorhal est épargnée. Comme elle se trouve dans le prolongement de la vallée, Strahnbrad aussi est épargnée. Les guerriers humains que Sylvanas enrôlaient provenaient tous de la ville de Brill, au nord, au-dessus des Ruines d'Alterac. Les rares survivants qui ont subsistés à ces assauts se sont réfugiés à Hearthglen. La Forteresse de Mardenholde protège cette ville des faibles assauts de Kel'Thuzad, mais des rumeurs affirment que certains fantômes à la solde des Réprouvés sont arrivés à pénétrer dans Hearthglen, et ont possédé des guerriers. Je crains fort qu'Hearthglen ne soit la prochaine cible de Sylvanas pour ses recrutements...marmonna Elgÿn.

- Sauf si nous arrivons à convaincre Ravenwood de cesser ses assauts, souligna Allansïa.

- Tu ne connais pas Ravenwood comme je le connais, Allansïa, soupira Elgÿn. Ce type à la tête si dure que même un nain expert dans l'art minier pourrait frapper sa tête durant un siècle avec un marteau sans en décrocher ne fût-ce qu'un seul gramme !

- C'est parce que tu n'as pas utilisé la bonne méthode ! Dans ces cas-là, il faut attaquer de l'intérieur...A la dynamite !

- Et comment comptes-tu t'y prendre ?

- Ca....tu verras...dit Allansïa en souriant malicieusement, dévoilant quelque peu ses dents parfaitement blanches et rangées.

- Des promesse....Toujours de promesses...Enfin, pourvu que ça marche...Tiens, arrêtons-nous là ! dit-il en pointant son doigt vers une petite aire herbeuse recouverte d'un arbre. Si on continue, à cette heure, on risque de tomber sur des Gnolls...

- Des Gnolls ?

-Une race d'hommes-hyènes, originaires d'Alterac et particulièrement de ses montagnes, expliqua Elgÿn, se remémorant ses études de Silvermoon. Ils gaspillent le peu d'intelligence dont ils disposent à se battre entre eux pour des prétextes aussi ridicules que « mon ombre est plus grande que la tienne ».

Le mage lui fit un topo complet sur les multiples espèces indigènes présentes sur les terres de l'est. En retour, Allansïa lui fit un exposé des races autochtones de Kalimdor. Elle lui fit aussi part de son étonnement quant à la grande quantité de telles races, ainsi que de la possibilité pour ces races de former une immense armée redoutable, si elles se liaient entre elles. Après avoir bavardé pendant un petit moment, Nigtsong s'étira et bailla avant de s'étendre sur le sol. Allansïa prit le premier tour de garde, tandis qu'Elgÿn s'allongeait et posait sa tête sur le flanc de la panthère, qui somnolait déjà. Alors qu'il s'installait pour la nuit, sa chemise de mage glissa légèrement, et Allansïa put entrapercevoir la griffure de goule. Cette dernière avait cicatrisé grâce à ses cataplasmes, mais différemment des autres. Au lieu de laisser une trace blanche, elle s'était fermée avec une couleur rouge. Cela éveilla une question chez Allansïa, mais elle se força à la garder jusqu'au lendemain, pour ne pas perturber son ami. Puis, elle s'assit, entamant sa veille...

Elle veillait depuis maintenant deux heures. La lune commençait à se lever, projetant sa lumière blanche pâle sur les crêtes des montagnes. Allansïa ferma les yeux et soupira de plaisir en sentant les rayons de sa déesse bien-aimée caresser sa peau. Soudain, un bruit de pierre qui tombe lui fit rouvrir ses yeux. Son sourire retomba...Sur la crête, à quelques centaines de mètres de son campement, deux silhouettes vaguement humanoïdes se déplaçaient et se rapprochaient...L'une d'elle était très grande et brandissait un boulet au bout d'une chaîne, l'autre tenait une arbalète et était beaucoup plus petite. Le regard affûté d'Allansïa enregistra la lueur verte qui se refléta sur la pointe de la flèche, sous la lune. Les deux silhouettes ressemblaient à des hyènes massives qui se déplaçaient sur deux pattes. Elles correspondaient parfaitement à la description qu'Elgÿn en avait faite à la tombée de la nuit. Elle pouvait même les entendre...Les deux Gnolls discutaient entre eux par des paroles extrêmement aiguës.

- Tu es sûr de ce que tu as vu ? interrogea le plus grand.

- Tout à fait sûr, chef ! Pas plus de deux voyageurs ! répondit le plus petit.

- Excellent ! Je commençais à manquer d'or !

- Comment ça, « je » ? J'estime avoir droit à ma part !

- Tu auras ta part si je le désire !

Visiblement, ces deux-là n'échappaient pas à la règle de la bagarre. Mais, ils étaient maintenant très proche, et Allansïa ne doutait pas qu'ils allaient la repérer, elle et les deux autres. Dégainant silencieusement son épée, elle entreprit de ruser pour se tirer de ce guet-apens. Elle planta sa lame dans le sol herbeux et murmura des paroles elfiques, apprises lors de son enseignement de druide. Le rubis du symbole de la Horde sur sa lame se mit à luire légèrement, signe que des énergies magiques parcouraient l'épée et se répandaient dans le sol. Avec un faible bruissement, comme celui du vent dans les feuilles, du lierre jaillit du sol et poussa à une vitesse vertigineuse autour des lieux du campement, entourant et protégeant ses occupants comme une coupole gardienne. Allansïa se concentra davantage, et les feuilles se resserrèrent de telle façon que les éventuels gêneurs du dehors ne puissent pas voir ce qui se passe dedans. En revanche, celui de l'intérieur pouvait parfaitement voir à l'extérieur. Une dernière vague de pouvoir et des petites fleurs blanches se mirent à pousser sur le lierre. Allansïa se relâcha, mais garda son épée enfoncée dans le sol, ainsi que sa main sur la garde. Elle écouta à nouveau.

- Alors on fait cinquante-cinquante ! dit le plus petit.

- Non ! Soixante-quarante ! éructa le plus grabd

- D'accord, mais je veux ta collection complète d'objets ramassés sur les voyageurs !

Le grand se renfrogna, mais dit.

- Marché conclu !

Puis, le « business » terminé, ils se remirent en route. Allansïa retint son souffle lorsqu'ils passèrent à côté de la coupole végétale. Le plus grand s'arrêta, regarda attentivement l'amas de végétal et dressa les oreilles. La druide se figea pour ne pas trahir sa présence. Au moment où il se détourna, Elgÿn se tourna dans son sommeil et émit un murmure bref, mais parfaitement audible. Allansïa serra les dents, tandis que le Chef Gnoll émit un grognement en s'approchant dangereusement du repaire. Il approcha son museau et renifla pour détecter une quelconque odeur. Aussitôt, Allansïa se concentra sur sa lame et envoya une onde de magie dans la terre. L'instant d'après, les fleurs émirent un puissant parfum, qui brouilla net l'odorat de l'intrus. Celui-ci recula d'un coup sous l'agression odorante. Allansïa jura intérieurement en voyant le Chef Gnoll s'approcher de nouveau, l'air en colère. Visiblement coriace, ce dernier avait bien l'intention de savoir ce qui se passait à l'intérieur. Allansïa canalisa ses énergies druidiques dans le sol et focalisa une des branches de lierre. Celle-ci se tendit comme un élastique et se mit à se transformer en branche de ronce, garnie d'épines. Dés que l'importun fut proche, elle libéra la branche qui s'enroula autour du Gnoll. Celui-ci poussa un gémissement de douleur, et arracha la branche. Renonçant à s'approcher davantage, il lança un dernier regard furibond vers la futaie et se détourna. Au moment où son imposante silhouette s'éloignait, Elgÿn se réveilla. Dés qu'il vit la forme de l'intrus, il essaya de dégainer son épée, mais Allansïa réussit à le saisir avant qu'il ne fasse trop de bruit, et lui posa un doigt sur ses lèvres. Son compagnon se figea. La silhouette du Gnoll s'évanouit dans l'horizon. Allansïa se détendit. Puis Elgÿn s'aperçut du bouclier végétal autour d'eux et fixa la druide d'un air admiratif pour une telle performance magique en si peu de temps. Gênée, Allansïa détourna le regard avec un sourire, tandis que ses joues s'assombrissaient. Puis, elle pris la place d'Elgÿn, tandis qu'il prenait son tour de garde...

Le jour levé, Allansïa partagea un peu de ses réserves de nourriture avec Elgÿn et Nightsong. Cette dernière s'était levée et avait paru quelque peu désorientée, comme si on l'avait transportée dans un autre lieu durant son sommeil. Elle s'était mise à flairer dans tous les coins, essayant de trouver une explication logique à ce changement soudain d'environnement. Une fois rassasiés, Allansïa replanta sa lame dans la terre et prononça à l'envers les paroles qu'elles avait dites durant la nuit. Prononcer la formule d'un sort à l'envers était une façon de dissiper les effets magiques à long terme que le sortilège pouvait avoir. Cela évitait d'avoir à apprendre le contre-sort correspondant, mais requérait une grande dextérité d'articulation. Le dôme végétal se flétrit immédiatement, et tomba autour du trio. Nightsong parut moins désorientée en reconnaissant le paysage dans lequel elle s'était endormie. Ils se remirent en route. Allansïa posa la question qui la titillait depuis le soir d'avant.

- Dis-moi, Elgÿn...Tu utilises bien la magie du Soleil et de la Lumière pour soigner des blessures, n'est-ce pas ?

- C'est exact, pourquoi ?

- Hé bien dans ce cas-là, comment se fait-il que la griffure de goule ait réussi à s'infecter, des suites de soins inadaptés ?

Elgÿn réfléchit quelques instants.

- A Silvermoon, j'ai été formé aux soins des blessures du Fléau, c'est à dire les blessures que les guerriers d'Arthas causaient. Ses guerriers avaient leurs façons bien à eux de causer des blessures et de perpétuer des virus. Néanmoins, nos facultés de guérisons contrecarraient ces plaies nocives. La goule qui m'a griffé devait être de l'armée de Sylvanas. Et elle, a sa façon bien à elle de contrôler ses troupes, qui causent des blessures différentes et ont une autre façon de perpétuer la mort. Et ces plaies, je n'ai pas été formé à les guérir. Voilà pourquoi je n'ai pas pu la soigner...Mais toi, tu as réussi là où j'avais échoué ! lui répondit-il avec un sourire.

Cette dernière phrase éveilla les paroles de son père dans l'esprit d'Allansïa. Elle sourit à son tour. Tout à coup, alors qu'ils débouchaient sur une barre rocheuse escarpée, Nightsong se figea. A quelques dizaines de mètres en contrebas, deux créatures se disputaient. Allansïa reconnut les deux Gnolls de la nuit dernière. Ils semblaient en pleine discussion. Elle n'eut pas besoin de tendre l'oreille pour suivre leur conversation, les bruits de leurs paroles se répercutaient contre la paroi rocheuse.

- Alors, espèce d'abruti ! Où sont donc passés ces voyageurs dont tu m'avais parlé !

- Mais je vous assure, chef ! Je croyais bien avoir vu deux voyageurs !

- Ah, tu croyais ? Je vais t'apprendre à voir, moi !

Disant ces mots, le Chef Gnoll abattit son boulet sur la tête de son collègue, qui éclata en projetant des morceaux de cervelles un peu partout. Sous le choc, le « collègue », le Gnoll avec l'arbalète tira son trait dans le ventre du Chef Gnoll, qui gémit et tomba en arrière, trébucha contre les cailloux, tomba dans le précipice et s'écrabouilla en contrebas, dans un bruit d'os broyés, après une chute d'une bonne cinquantaine de mètres. Allansïa lança à Elgÿn un regard à demi-amusé devant la minable performance des créatures.

- Voilà pourquoi les Gnolls ne représentent pas réellement pas un danger pour les populations d'Andorhal...dit ce dernier en haussant les épaules.

Elle donna un petit coup de talon dans les flancs de Nightsong qui commença à arpenter prudemment le passage délicat. Peu après, Allansïa put voir nettement la ville d'Andorhal, sous leurs pieds, à plusieurs centaines de mètres en contrebas. Alors qu'ils s'étaient engagés sur le chemin de la descente, un mouvement furtif, suivi de l'éclat d'une lame en plein soleil, attira l'attention de la druide. Elle signala le problème à Elgÿn.

- Il doit s'agir des éclaireurs de Ravenwood. Dès qu'ils vont nous voir, ils vont nous arrêter...

- Dans ce cas, il est temps...dit-elle simplement.

Elle dirigea Nightsong dans les taillis, à l'abri, et descendit de la panthère. Elle fourragea dans son sac et en sortit la robe rouge. Devinant ce qu'elle allait en faire, Elgÿn se détourna afin que son regard ne blesse pas l'intimité de sa compagne. Après quelques secondes, Allansïa revint vers lui et lui lança le sac dans lequel elle avait rangé toutes ses affaires, y compris ses armes et ses bottes. Elle était maintenant semblable à la demoiselle qui avait séjourné dans l'auberge du Voleur Joyeux, à la différence près qu'elle n'avait pas gardé sa cape noire et qu'elle avait légèrement resserré sa robe, ce qui lui donnait l'air plus mince, plus élancée...et aussi plus attirante, remarqua Elgÿn, qui commençait à entrevoir le plan d'Allansïa. Cette dernière s'installa sur Nightsong, non pas dans la position qu'elle prenait habituellement mais en amazone. Cette attitude lui donnait un air plus vulnérable, plus expérimentée dans la rhétorique, et plus naïf, comme une Dame de la Cour Elfique sans expérience du combat, uniquement formée dans l'art de parler...

- A partir de maintenant, et jusqu'à nouvel ordre, je suis la déléguée Stormrage, envoyée de la Forêt d'Elwynn, en voyage pour le Nord, de passage pour discuter d'un éventuel cessez-le-feu, et tu es mon guide spécial à travers ces régions malfaisantes.

Les lèvres d'Elgÿn s'étirèrent en un sourire rusé.

- Avec plaisir, Madame...dit-il en s'inclinant, jouant parfaitement son rôle.

Puis il prit les rênes de Nightsong et, à pied, il reprit le chemin normal.

Ils marchaient depuis une demi-heure, et s'étaient rapprochés d'Andorhal quand, traversant un amas d'arbres touffus, quatre chevaliers en armure jaillirent et leurs barrèrent le passage. En temps normal, Allansïa n'aurait pas eu peur du tout. Mais elle décida de jouer son rôle de médiateur et fit semblant de sursauter devant l'apparition des quatre chevaliers. Elgÿn, lui, se figea en reconnaissant parmis les chevaliers celui qui avait failli lui donner le coup de grâce. Le guerrier en question identifia également Sunfire. Les trois autres mirent quelques secondes à le reconnaître, mais ils le reconnurent quand même.

- Encore toi, Sunfire ! Cette fois tu vas y avoir droit ! beugla le capitaine des chevaliers en brandissant son épée, et qui ne semblait pas avoir remarqué la charmante demoiselle.

Il fallut qu'Elgÿn recule d'un pas pour que le regard du capitaine croise celui d'Allansïa. Il s'interrompit dans son geste offensif.

- Cette crapule a-t-il osé vous faire du mal, Madame ? dit le capitaine, perdant son ton beuglant, pour adopter un ton plus doux.

- Cette « crapule », comme vous l'appelez, n'est autre que le guide qui a accepté de me conduire parmis ces terres ravagées par la guerre, et il a été le seul courageux pour se proposer, dit-elle en adoptant le ton d'une personne offensée. Je suis fort chagrinée à l'idée que vous vouliez lui faire du mal, et m'ôter ainsi mon seul soutien !

Sa phrase fit mouche. Le capitaine resta un instant bouche bée à l'idée d'avoir failli s'attirer les foudres de la belle. Ils se rendit compte, un peu tard, qu'il tenait dans sa main droite l'instrument qui aurait pu déclencher un drame. Il s'empressa de le ranger et s'inclina profondément.

- J'implore votre pardon, Madame. Je ne savais point que cet homme était sous votre juridiction. Si je puis faire quelque chose pour réparer, n'hésitez surtout pas à me demander.

Allansïa s'étira un peu sur sa monture, paraissant un peu plus décontractée.

- Bien, capitaine. Votre repentir, bien que tardif, semble sincère. Puisque vous voulez vous rendre utile, auriez-vous l'obligeance de nous escorter jusqu'à votre campement et de demander une audience à votre maître, le Seigneur Ravenwood ?

- Avec grand plaisir, Madame. Si votre guide veut bien se donner la peine de nous suivre...

Les quatre chevaliers se placèrent en carré autour d'Allansïa et d'Elgÿn et commencèrent à descendre en direction du campement, maintenant proche. Elgÿn, commençant à entrevoir quelle arme sa compagne allait utiliser contre Ravenwood, tourna son regard vers elle et lui lança un regard admiratif. Elle baissa les yeux vers lui et lui adressa un sourire complice, ainsi qu'un haussement de sourcil. Son charme agissait déjà...

Moins d'une demi-heure plus tard, le petit groupe se présenta aux portes du campement, un grand campement, remarqua Allansïa...Garithos devait avoir disposé d'énormes forces durant son règne. Fier d'avoir sous son escorte une si belle dame, le capitaine beugla à ses subordonnés.

- Holà ! Dites-moi où se trouve le Seigneur Ravenwood !

- Dans la Grande Tente, mon Capitaine...

Celui-ci se retourna vers Allansïa.

- Madame, daignez m'attendre ici. Je vais voir si le Seigneur Ravenwood peut vous recevoir.

- Mais je vous en prie ! Faites-donc !

Le capitaine éperonna sa monture et fonça à travers le camp pour trouver son seigneur et maître. Il déboula dans la Grande Tente pour trouver Stefan Ravenwood en train de lire une multitude de parchemins, et qui paraissait très affairé.

- Oui, Capitaine ? dit-il en ne daignant même pas lever la tête.

- Monseigneur...J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour vous.

- Commences par la mauvaise...

- Nous avons retrouvé Elgÿn Sunfire...

- Je ne vois pas en quoi c'est une mauvaise nouvelle...Passez-lui l'épée au travers du corps, ça fera un souci de moins...Et cette fois, ne vous laissez pas intimider !

- Justement Monseigneur, il est sous le protectorat de la « bonne nouvelle » !

Stefan releva lentement la tête.

- Et qu'est-ce que c'est que cette « bonne nouvelle » dont tu me parles depuis tout à l'heure ?

- C'est...Monseigneur, c'est comme un ange, mais en mieux ! C'est une splendide Elfe de la Nuit, et elle demande à vous parler !

Cette nouvelle fit l'effet d'une décharge électrique sur Stefan. Il bondit de sa table et dégagea prestement tous ses parchemins. Il ne voulait pas donner l'impression d'être dérangé.

- Hé bien ! Qu'est-ce que tu attends ! Fais-la entrer !

Le capitaine s'exécuta aussitôt. Ravenwood n'eut pas à attendre bien longtemps. Moins de quelques minutes plus tard, une ravissante jeune femme entrait dans la Grande Tente, suivie par une panthère géante et par Sunfire. La demoiselle s'inclina devant Ravenwood, conformément à l'étiquette. Ravenwood était un fort bel homme, dut admettre Allansïa. Grand et bien bâti, il avait des cheveux courts brun très foncé dans lesquels pointaient quelques mèches d'argent. Pourtant, il était encore jeune. Un collier de barbe entretenu et coupé très court entourait sa bouche et remontait vers ses oreilles. Les coeurs de bien des femmes devaient battre pour lui, songea Allansïa. Le capitaine commença les présentations.

- Madame, permettez-moi de vous présenter le Seigneur Stefan Ravenwood. Monseigneur, voici...

- Dame Allansïa Stormrage, déléguée de la Forêt d'Elwynn, en voyage sur vos terres, termina Elgÿn.

Allansïa se redressa tandis que Stefan lui adressait la parole.

- Puis-je savoir en quoi mon humble personne peut vous rendre service, Madame ?

Allansïa prit la parole d'une voix légèrement timide.

- Hé bien, sachant que je voyageais vers le nord, mes maîtres m'ont confié la tâche d'essayer de calmer les affrontements et de raisonner leurs dirigeants...

- Je vois ce que vous voulez dire, Madame, mais au cas où vous ne le sauriez pas, votre guide s'est déjà chargé à maintes reprises d'essayer de mener une tâche semblable à la vôtre. Inutile de dire qu'il a échoué lors de ses innombrables tentatives...

Il jeta à la silhouette d'Elgÿn un regard noir, comme s'il suspectait le mage d'avoir contaminé la belle avec ses idées pacifistes. Allansïa se redressa et croisa ses bras sur sa poitrine, d'un air altier.

- Peut-être mes arguments et mes motivations pourront-elle vous frapper différemment...Avec votre sagesse, nous trouverons sûrement une issue à cet épineux problème, non ?

Tout comme sur le capitaine, la phrase recherchée eut un effet significatif sur Ravenwood. Une expression troublée apparut furtivement sur son visage, mais il se reprit aussitôt.

- Bien entendu, Madame, mais cette conversation risque de durer très longtemps. Peut-être voudriez-vous en discuter lors du repas de ce soir, je vous invite !

- Avec plaisir, Monseigneur. En attendant, pouvez-vous nous indiquer, à mon guide et à moi, un endroit où nous ressourcer, ainsi que ma panthère ?

- Bien entendu. Torrin ! Conduits-les à la tente des invités !

- Hé bien, à ce soir, Monseigneur...dit Allansïa en se détournant gracieusement, Elgÿn et Nightsong sur ses talons.

Torrin, le capitaine, les emmena à une grande tente, spécialement conçu pour recevoir les invités de marque. Nightsong préféra rester dehors et trouva de quoi s'abreuver. Puis, elle s'allongea près de la tente comme pour veiller sur la tranquillité de sa maîtresse et de son compagnon. Elgÿn s'effondra dans un des luxueux fauteuils et regarda Allansïa.

- Ma foi, ton idée commence à bien tenir la route. Jamais Ravenwood ne m'avait paru aussi désemparé que lorsque tu es entrée dans sa tente.

- Et c'est bien pour ça que dans ce cas de figure, les diplomates envoyés sont souvent des femmes ! répondit-elle en s'asseyant à côté de lui et en posant sa tête sur son épaule, pour se reposer et pour réfléchir aux arguments qu'elle allait utiliser.

Curieusement, Elgÿn ne refusa pas le contact corporel et se contenta de passer un bras autour des épaules de sa compagne. Après de longues minutes de silence et d'immobilité, elle se leva et alla fouiller dans son sac. Elle sortit les pièces de tissu blanc qu'Elgÿn avait entraperçu au Voleur Joyeux, et les mit sur le grand paravent dans un coin de la pièce, en prévision d'un changement de tenue. Elgÿn, lui, passa le temps en étudiant le Médaillon d'Allansïa. Il émit un sifflement d'admiration dès qu'il le tint entre ses doigts.

- Dis donc, où tu as eu ce truc-là ?

- Dans les Barrens. J'ai tué un Khan Centaure et je l'ai récupéré sur son cadavre. Pourquoi ?

Il ne répondit pas immédiatement, se contentant de la dévisager avec un air ébahi. Sa compagne venait de lui annoncer qu'elle avait réussi à triompher d'un homme-cheval au moins trois fois plus grand qu'elle, sur le ton qu'elle aurait adopté en revenant d'un quelconque marché, comme si elle avait l'habitude de traquer et d'abattre des proies énormes. Chose qui s'ajoutait encore au contraste entre la guerrière et la demoiselle. Il finit par répondre.

- Ces objets magiques sont très recherchés. Rares sont ceux qui en ont des aussi puissants.

La nuit tomba et la pleine lune étendit sa douce lumière sur la base de Ravenwood et sur Andorhal. Elgÿn, également convié au repas, Ravenwood avait dû se sentir obligé de l'inviter pour ne pas s'attirer le mépris d'Allansïa, avait revêtu sa plus belle tenue de mage, une tenue chaude avec des motifs or et rouges brodés sur sa cape et son poitrail. Son insigne de Prêtre flamboyait. Allansïa, elle était toujours en train de s'habiller derrière son paravent. Au bout d'une demi-heure, elle sortit enfin. Elgÿn, qui s'était attendu à enfin découvrir ce qu'étaient les étoffes blanches, fut désappointé. Allansïa avait mis par-dessus ses habits sa cape de guerrière noire, capuchon rabattu. Seuls deux soleils ambrés miniatures étaient visibles sous le capuchon. Le mage remarqua qu'elle avait bien pris soin de fermer sa cape. Sans doute voulait-elle faire durer le suspens et ne se révéler qu'en présence de Ravenwood. Elgÿn remarqua également que, sous les étoffes blanches qui couraient sous sa cape, ses pieds étaient nus. Ses bottes de druide n'allaient pas avec son habit de cérémonie. Il put enfin voir que le sourire qu'elle laissait paraître était très mystérieux. Lorsqu'ils se dirigèrent vers la Grande Tente, les gardes les laissèrent passer. Elgÿn remarqua que la toile, tenant lieu de plafond, avait été enlevée. De grands flambeaux, ajoutant leurs lumières à celle de la lune, illuminaient l'immense table. Ravenwood était à l'autre bout.

- Ah ! Madame ! Installez-vous, je vous en prie !

- Merci, Monseigneur.

Elle se dirigea vers un des sièges qui faisaient face à Ravenwood, Elgÿn à ses côtés. Parvenue à la chaise qu'elle considérait le mieux adaptée pour la conversation qu'elle n'allait pas tarder à avoir avec Stefan Ravenwood, elle enleva enfin sa cape noire, qu'elle mit sur le dossier de sa chaise. Elgÿn resta muet de stupeur devant le spectacle qui s'offrit alors à lui...
Il mit quelques secondes avant de s'apercevoir que sa mâchoire inférieure était pendante, tellement il était ébahi. Nightsong aussi, allongée à proximité, avait plissé les yeux et dressé ses oreilles de surprise. L'odeur était bien celle de sa maîtresse, mais l'image ne correspondait pas tellement. Devant Elgÿn se tenait bel et bien Allansïa, mais la légère robe blanche qu'elle portait épousait parfaitement ses formes extérieures, sans pour autant les serrer. Mais elle était si légère que le violet pâle de sa peau se voyait par transparence sous sa robe. Si la partie inférieure de la robe couvrait intégralement ses hanches, ses cuisses et ses jambes, le haut ne semblait avoir été conçu que pour protéger la stricte intimité de son porteur. Une très large et très enviable partie de son ventre et de son buste était visible et son dos était quasi-nu, sous la fine et éthérée cape blanche qu'elle portait. Sous la pleine lune, ses vêtements paraissaient lumineux. Les changements ne s'arrêtaient pas là. Sa chevelure dorée, que Elgÿn avait connu abondante, soyeuse et légèrement bouclée, était maintenant parsemée de grandes boucles qui étincelaient à la lumière des flambeaux d'un doux éclat cuivré. Elle avait plissé légèrement ses yeux, adoptant ainsi une expression et une stature infiniment ravissante. De plus, l'exquis parfum qui se dégageait se son corps lors qu'elle se déplaçait l'enivrait. Aux yeux d'Elgÿn, elle était dix fois plus séduisante que quand il l'avait vu au Voleur Joyeux. Il en restait interdit...Elle n'avait pas étalé ses pouvoirs de guerrière ou de druide pour faire flancher Ravenwood, elle avait déployé tout son arsenal de femme ! En s'asseyant, Elgÿn retint un sourire. Si Ravenwood résistait à ça, rien ne pourrait le faire changer d'avis.

D'ailleurs, il n'avait sûrement pas été le seul à s'apercevoir du charme de sa compagne. Les discussions des autres soldats gradés également présents autour de la table s'étaient, tout d'un coup, étouffées lorsqu'elle avait retiré sa cape. Elle s'assit également devant l'air ahuri de Ravenwood. Il ordonna qu'on apporte le repas. De grandes pièces de viandes, arrosée par une bière exquise, arrivèrent sur les tables des convives. Puis, après environ une heure, Ravenwood demanda.

- Alors, Madame. Voulez-vous que nous reprenions l'affaire ?

- Avec plaisir, Monseigneur. Alors, pour commencer, pourquoi lancez-vous sans arrêts vos forces sur celles de Sylvanas ? demanda Allansïa, commençant ainsi le débat.

- La réponse est très simple, Madame. Sylvanas est la meurtrière de Garithos, le Grand Maréchal. Or, Garithos n'est autre que mon arrière-grand-oncle ! La Réprouvée doit payer pour ce meurtre envers moi, pas vrai les gars ?!

Des approbations fusèrent de tous les côtés, provenant des amis de Ravenwood. Allansïa reprit la parole.

- Mais vous n'êtes pas sans savoir que le Fléau Mort-vivant d'Arthas mène également la vie dure aux Réprouvés, n'est-ce pas ?

- Et alors ?

- Alors ?! Hé bien si votre insurrection réussie, et si les Réprouvés tombent, le Fléau se répandra à partir de Stratholme et ravagera le pays tout entier ! Même vos forces ne seront pas en mesure de l'arrêter ! N'avez-vous pas songé un seul instant que Garithos aurait pu vouloir doubler Sylvanas ? Ce serait parfaitement compréhensible, non ?

Ravenwood failli se défendre sous ce qu'il considérait comme une insulte, mais quelque chose fit « TILT » dans son esprit. Effectivement, lui non plus n'avait pas une loyauté à toute épreuve. Il lui était arrivé de profiter d'un instant de faiblesse de la part de ses supérieurs pour prendre leurs places. Visiblement, la pomme n'était pas tombée très loin de l'arbre...Et cette Elfe était visiblement au courant...Comment cela se faisait-il, il n'en savait rien, mais elle commençait à lui paraître moins ingénue qu'il ne l'avait cru...Il se rattrapa bien vite, en avançant d'autres arguments.

-Admettons que vous ayez raison, que nous cessions nos attaques, et que les Réprouvés chassent le Fléau hors de nos terres...La Réprouvée pourrait très bien s'attaquer à nous, elle pourrait détruire les villes ! Les bruits courent déjà qu'elle a possédé pratiquement toute la ville de Brill ! Quelles preuves avons-nous qu'elle va se tenir à carreaux ?

Pour toutes réponses, Allansïa montra les longues et fines oreilles pointues qui se dressaient fièrement de chaque côté de sa tête, perçant le torrent argentin de sa chevelure. Elgÿn remarqua également que le regard d'Allansïa s'était fait plus perçant. Il ressemblait un peu plus à celui de la guerrière qu'il connaissait.

- Je suis une elfe...Mon guide en est un aussi...Sylvanas en est toujours une...Etant elfes, nous savons analyser les comportements de nos semblables. Contrairement à Arthas, Sylvanas n'a pas choisi le pouvoir brut. Il lui a été imposé de force par Arthas. C'est une chance que son esprit ait réussi à se libérer ! Même si elle a accepté ce qu'elle est devenue, même si elle commence à reprendre des « airs elfiques », même si elle commence à redevenir elle-même, est-ce que vous pouvez imaginer la douleur morale qu'elle a ressentie ? Avoir servi son ennemi contre son gré ! Sylvanas possède les habitants uniquement dans un but de survie envers les assauts que vous et le Fléau lui imposez. Je ne pense sincèrement pas que le but de Sylvanas est de réduire les environs en cendres. Son unique but avait été la défense de Silvermoon, et elle est tombée en faisant son devoir. Elle désire voir Quel'Thalas préservée, c'est pour cela qu'elle se défend si on l'agresse. Si vous, vous gardez votre calme, elle se tiendra à carreaux, comme vous dites. Garithos n'a fait que lui rappeler ce que Arthas lui a fait subir...

- Mais comment pouvez-vous savoir.... ! s'emporta Ravenwood.

- Etes-vous Elfe, Monseigneur ? demanda Allansïa en plissant ses yeux. Savez-vous ce que nous ressentons, lorsque nos vies sont menacées ?

Ravenwood se figea, incapable de parler, à court de réponses. Allansïa se pencha un peu par-dessus la table et fixa Ravenwood intensément dans ses yeux gris.

-Réfléchissez, Stefan...Combien de vies êtes-vous prêt à sacrifier pour venger la mort d'un homme qui, après tout, n'avait pas tout fait pour éviter ce funeste sort ? Combien de villes êtes-vous prêt à abandonner pour assouvir votre ambition personnelle ?

Complètement désemparé devant la clairvoyance de l'Elfe de la Nuit, Ravenwood se tut un instant. Les paroles d'Allansïa devaient aussi avoir touché les autres chevaliers présents, car le silence était tel qu'on aurait pu entendre une mouche voler. Finalement, une expression réjouie apparue sur son visage. Il s'inclina.

- Vos paroles et votre clairvoyance de jugement m'ont fait découvrir la vérité, Madame. J'accepte votre requête.

Se redressant, il leva sa coupe.

- Et maintenant, camarades, nous allons boire à la fin de nos croisades de guerre !

Un cri de joie et de soulagement monta du choeur des chevaliers, visiblement épuisés par tant d'années de guerre. Allansïa remercia Ravenwood pour avoir recouru à sa requête, et termina son repas, comme tous les autres tandis qu'Elgÿn la félicitait. Alors que la fin du repas approchait, Ravenwood demanda à Allansïa.

- Au fait, Madame, vous m'aviez parlé d'un voyage...Quelle est la région où vous menez vos pas ?

- Mon but est de rallier les Terres Glacées de Northrend...Mais je souhaite d'abord finaliser les termes de notre accord avec Sylvanas...

Sous l'effet de la surprise, en entendant comme destination « Northrend »,Ravenwood recracha l'intégralité de la gorgée de vin qu'il venait de porter dans sa bouche.

- Les Terres Glacées !? Le berceau du Fléau !? Mais vous n'y pensez pas !

- Je ne pense qu'à ça, au contraire...

- Peut-être puis-je proposer une escorte pour votre personne ?

Les lèvres d'Allansïa s'étirèrent en un sourire inquiétant.

- Peut-être pensez-vous que je ne suis pas capable de me débrouiller seule, avec mon guide ? Laissez-moi vous faire une petite démonstration de mes capacités.

Cette phrase capta l'attention de toutes personnes présentes autour de la table, car un silence pesant revint. Elgÿn aussi se demandait ce que son amie mijotait. Allansïa se pencha et chuchota quelque chose à l'oreille du mage. Après un instant d'hésitation, il dressa un doigt dans l'air. Une boule de lumière bleue, semblant absorber toute la chaleur environnante, apparue. Puis il pointa le doigt sur un des grands flambeaux, qui brûlaient toujours comme au début de la soirée. La boule jaillit hors de son champ de contrôle magique et percuta le flambeau dans une gerbe d'éclats de glace scintillants. L'instant d'après, le tas de bois était gelé comme s'il avait passé un long séjour dans la glace. Les flammes, évidemment, avaient disparue.

Allansïa, elle, étendit ses bras, joignit ses mains au-dessus de sa tête et ferma les yeux. La lune était bien présente....Parfait...Le sortilège qu'elle allait utiliser, enseigné par Tyrande, était dévastateur lorsque utilisé à grande échelle. Si elle ne voulait pas blesser quelqu'un, elle devait l'utiliser avec parcimonie...

Elgÿn contemplait Allansïa, qui avait dressé ses bras au-dessus de sa tête. Elle semblait attendre quelque chose. Peut-être que ce n'était qu'une illusion d'optique, mais il lui semblait que la peau, les cheveux et les habits de sa compagne se mettaient à luire progressivement. L'instant d'après, il eut la confirmation que ce n'était pas une illusion. Une aveuglante aura blanche entourait Allansïa, tandis qu'un rayon de lune l'éclairait. Quelque chose capta l'attention de toute l'assemblée dans le ciel. Il semblait qu'une étoile grossissait à vue d'oeil. Elle tremblait dans le ciel...Puis, soudain, dans un sifflement grave, elle sembla se décrocher de la voûte céleste et fonça vers le sol. Tous les soldats étaient trop émerveillés par les effets du sort pour songer à avoir peur. L'étoile filante percuta violemment le flambeau givré dans un immense jaillissement d'étincelles incandescentes. Quelques secondes plus tard, le flambeau avait retrouvé toute la splendeur de ses flammes. Allansïa semblait en parfaite synergie avec la lune. Lentement, l'aura qui l'entourait s'estompa. Elle baissa les bras et ouvrit grands ses yeux devant Ravenwood, médusé.

- Je peux me défendre efficacement, rien qu'avec ça...dit-elle simplement.

Elgÿn aussi était stupéfait. Visiblement, Allansïa lui avait caché bien des choses...

Finalement, la soirée prit fin. Elgÿn se détourna et s'éloigna rapidement avec Nightsong. Ravenwood interpella Allansïa, tandis que les autres chevaliers, le ventre rempli de bière, retournaient vers leurs tentes.

- Madame...Voudriez-vous prendre une dernière coupe de vin en ma compagnie ?

Allansïa sourit. Elle savait parfaitement ce que désirait Ravenwood, mais elle ne voulait pas trahir ni blesser l'idylle qui naissait dans son coeur, pour un autre...

- Je vous remercie, Monseigneur, mais mon guide s'occupera de veiller sur mon sommeil.

Puis elle sortit, sans oublier d'emporter sa cape noire, et rejoignit sa tente. De nombreux soldats la suivirent des yeux. A l'entrée de la tente des invités, Nightsong dressa la tête et ronronna en voyant approcher sa maîtresse. Celle-ci lui caressa doucement la tête, puis pénétra dans la tente. Elgÿn était déjà là, l'attendant. Il n'avait allumé qu'un seul des nombreux chandeliers de la tente, projetant ainsi une très faible lueur.

- J'étais sûr que face à toi, Ravenwood ne tiendrait pas longtemps ! Tu m'as étonné !

- Merci, mais Ravenwood est assez impressionnable, j'ai remarqué...dit doucement Allansïa en se rapprochant lentement de son ami.

- Qu'est ce qu'il te voulait ?

- Il m'a demandé si je ne voulais pas passer un dernier moment avec lui.

Malgré lui, Elgÿn se raidit.

- Qu'as-tu répondu ?

Allansïa, qui était maintenant très proche d'Elgÿn, passa ses bras autour de son cou, ferma presque ses yeux et lui fit un sourire léger. Ses yeux étincelèrent.

- Que mon guide abordable et courageux s'occuperait de veiller sur moi et mon sommeil...dit-elle, dans un souffle.

Accidentellement ou pas, ses lèvres frôlèrent celles d'Elgÿn. Une très agréable sensation de picotement électrique la parcouru depuis sa bouche jusque dans tout son corps. Son corps répondit au désir de son coeur. Elle étreignit le corps de son amour et posa sa tête sous son menton. Elgÿn lui caressa doucement le dos. Quelques secondes plus tard, le haut de sa robe glissa à terre. L'air frais de la tente lui caressa agréablement le haut de son corps...Le contact de sa poitrine nue avec les doux habits d'Elgÿn était si agréable...Mais elle fit de même avec lui...La tunique de cérémonie brodée d'or du jeune jeteur de sorts alla rejoindre bientôt la fine pièce de tissu blanc à terre. Le contact torride entre leurs chairs s'accentua. Elle écarta légèrement sa tête du torse de son amant et l'embrassa en un long baiser passionné et sincère. Elgÿn fit glisser de ses mains le bas de la robe de sa bien-aimée à terre puis entoura de ses bras la créature frêle et éprise qui se tenait devant lui. L'exquis parfum qui se dégageait du corps nu de sa compagne l'enivra. Il répondit à son baiser par un autre, encore plus chaud et fervent. Puis, lentement, en prenant soin de conserver le contact charnel qui les unissait, ils s'étendirent sur le lit. Après quelques minutes, toujours enlacé profondément l'un dans les bras de l'autre, Elgÿn lui murmura un « Je t'aime... » vibrant dans un agréable registre aux sonorités graves dans l'oreille. Une larme d'émotion monta aux yeux d'Allansïa. Elle qui avait connu la mise à l'écart, elle pria pour que ce moment dure éternellement. A part ses parents, enfin quelqu'un ne la rejetait pas...Elle enlaça Elgÿn encore plus tendrement avant de s'endormir dans cette agréable étreinte, ardente et robuste...


Le lendemain matin, elle se réveilla en sentant un doux contact sur son dos. Elle se retourna poour voir Elgÿn qui lui souriait. Après l'avoir longuement embrassé, elle se leva, afin de poursuivre leur voyage vers Hearthglen. Maintenant que l'affaire était convenue avec Ravenwood, elle rangea les robes blanches et rouges dans son sac, et s'habilla avec sa traditionnelle tenue de combat. En enfilant ses gants et sa cape, et en mettant sa ceinture avec ses armes, elle sourit. Enfin, elle se sentait redevenue elle-même. Elgÿn, lui, abandonna également la tenue de « circonstances » pour remettre ses habits de voyages. Une fois qu'elle eut bouclé son sac, elle sortit en compagnie d'Elgÿn. Dès qu'elle vit ses cavaliers, Nightsong se dressa aussitôt sur ses pattes. Un petit comité d'accueil était également réuni devant la tente. Il y avait le capitaine Torrin, quatre de ses meilleurs chevaliers, ainsi que Ravenwood. Visiblement, ils s'étaient tous attendus à revoir la charmante demoiselle qu'ils avaient vus à la précédente soirée, mais une expression de surprise apparu sur leurs visages lorsqu'ils virent sortir de la tente une guerrière elfe, toute aussi charmante que la demoiselle, mais cette fois, c'est elle qui paraissait plus intimidante. Son expression espiègle avait repris sa place sur son visage. Ravenwood, qui s'était préparé à une espèce de discours d'adieu, sentit qu'il n'était pas en position de se sentir supérieur. Aussi, il ne proposa que l'aide de cinq de ses meilleurs chevaliers pour l'escorter jusqu'à sa destination.

- Merci, mais ma panthère est suffisamment rapide pour nous permettre d'évoluer en quelques journées. Encore merci pour tout, dit Allansïa, souriante, en tournant Nightsong vers l'entrée du camp.

Sur un dernier signe d'adieu, Nightsong trotta jusqu'aux gardes, qui les laissèrent passer. Dès qu'elle fut sortie, Allansïa lança à Elgÿn.

- Tiens-toi bien, ça va secouer...

Il passa les bras autour de la taille de sa compagne. Allansïa se pencha et murmura à l'oreille de Nightsong, avec une caresse.

- Au galop, ma belle...

L'instant d'après, Nightsong bondit en avant vers le nord, et évolua à une vitesse incroyable vers leur prochaine destination, Hearthglen...
Rapide comme le vent, il fallut une journée entière à Nightsong pour sortir de la Vallée d'Alterac, et arriver sur les Terres de Lordaeron proprement dites. La nuit commençait à tomber lorsque Nightsong, un peu fatiguée, ralentit l'allure en se dirigeant vers l'est, vers Hearthglen. Au nord, Allansïa apercevait la Forteresse de Mardenholde. Tout à coup, un coup de vent provenant du nord lui apporta une odeur de putréfaction extrême. Elle plaqua son bras sur son nez en poussant un grognement de dégoût. Nightsong s'arrêta également brusquement.

- L'odeur de Stratholme...commenta Elgÿn en regardant vers le nord. Les Morts de Kel'Thuzad hantent cette ville comme la peste. Nous ne devons pas rester longtemps à Hearthglen. Il est probable que cette ville sera bientôt comme Stratholme...

- Mais Ravenwood a cessé ses attaques...s'écria Allansïa.

- Quand bien même...Les forces des Réprouvés ont été trop longtemps affaiblies. Kel'Thuzad ne tardera pas à prendre le dessus, dit Elgÿn d'un ton anormalement grave.

- Dans ce cas, il nous faut absolument un navire !

- Tous les ports de la côte nord sont aux mains des Morts-vivants...Mais tu as raison, il faut trouver un moyen. Peut-être que dans Hearthglen, nous trouverons quelque chose.


La nuit était tombée lorsqu'ils pénétrèrent dans la ville. Il n'y avait personne dans les rues, tout était calme...Trop calme...Les volets des fenêtres étaient fermés, tout était désert. Elle regarda par la fenêtre de la taverne. Beaucoup de monde y était installé. Elle fit un signe de tête à Elgÿn, qui la suivit à l'intérieur. Avant d'entrer, tous deux prirent soin de bien fermer leurs manteaux et capes. Lorsqu'ils entrèrent, toutes les paires d'yeux se tournèrent vers eux et les observèrent avec méfiance et crainte, comme s'ils les suspectaient d'êtres à la solde de Sylvanas. Néanmoins, lorsqu'ils virent Nightsong pointer sa tête, ils détournèrent leurs attentions en reconnaissant une panthère de Kalimdor. Les deux compagnons et le félin allèrent s'installer à une petite table plongée dans l'ombre, au fond de la taverne. Allansïa promena ses yeux attentifs sur les personnes présentes. L'ambiance était terne, presque personne ne parlait. Des femmes avec leurs enfants dans leurs bras pleuraient silencieusement, d'autres étaient blotties dans les bras de leurs maris, certains solidement bâtis. Sans doute les prochaines victimes de Sylvanas...Elle remarqua également que certains clients les regardaient bizarrement. Lorsque le patron de la taverne vint leurs apporter une chope de bière amère, Allansïa lui glissa dans l'oreille.

- Dites-donc, c'est pas la joie, ici...

- Il faut les comprendre, Madame...Certaines familles sont complètement brisées, d'autres ne vont pas tarder à l'être...Des fantômes hurlants hantent parfois les rues, il paraît même que le Nathrezim renégat est venu lui-même ici, pour enrôler des guerriers qui n'avaient d'autres buts que de protéger leurs familles.

Puis il repartit derrière son comptoir. Alors qu'elle portait la chope à ses lèvres, un long sifflement strident lui fit plaquer ses mains sur ses oreilles. Tous ceux de la taverne, agressés par le bruit en firent autant. Mais le sifflement continua de plus belle, perçant ses tympans. Du coin de l'oeil, elle vit plusieurs formes fantomatiques blanches se matérialiser à l'intérieur de la taverne. Le sifflement cessa, mais une voix sifflante, pareille à celle d'un serpent, résonna dans l'établissement.

- Maître Varimathras ! Nous les avons trouvés ! Ils sont ici !

Un instant plus tard, une immense silhouette ailée et cornue entra non sans peine dans la taverne et vint se camper à côté des ses fantômes, qu'Allansïa avait identifiés. Un corps qui ne touchait pas terre, presque gazeux, limite transparent...Les guerrières elfes tombées contre le Fléau, ré invoquées d'entre les mortes, avec une voix si sifflante et des cris si stridents qu'elle pouvaient faire imploser n'importe quelle matière. Un monstre arachnéen accompagnait également le Nathrezim. Celui-ci contempla les gens de l'auberge avec satisfaction. Ces derniers avaient tous reculés au fond de l'auberge, dans le coin opposé à celui où Allansïa et Elgÿn se tenaient. Les morts ne semblaient pas les avoir remarqués...Quelques guerriers courageux - ou inconscient ? - tenaient leurs haches dressées, prêts à frapper si les fantômes venaient à s'approcher d'eux.

- Alors, voici donc de fameux guerriers, sans doute prêt à rejoindre notre cause ? dit Varimathras d'une voix grave.

- Pas question de vous servir ! Ni de rejoindre la mort ! hurla un des guerriers.

- Une forte tête, hein ? grinça Varimathras. Bien...C'est pas ta femme, là-bas ? dit-il en désignant une jeune femme avec un enfant apeuré dans les bras. Voyons combien de temps tu tiendras devant sa douleur.

Sur ce, il fit un geste de la tête et la grosse araignée se dirigea vers ses proies en agitant ses mandibules de délice devant le repas qui l'attendait. Elgÿn, lui, tremblait de colère devant ce massacre inutile et gratuit. Il sentait également le courroux de sa compagne. Sans attendre plus longtemps, il envoya une boule de feu sur le démon des cryptes. Celui-ci se contorsionna de douleur, et se retourna immédiatement pour découvrir son agresseur. L'instant d'après, Allansïa, des larmes de fureur perlant aux coins de ses yeux, envoya sa dague de lancer en direction du monstre. Un éclat orangé illumina brièvement la salle, puis la dague se ficha au centre de sa bouche, dans ses mandibules. Sous l'effet du poison, le démon trembla de douleur et glissa sur ses pattes pour s'écraser à terre. Dans un ultime sursaut nerveux, il mourut. Utilisant ses talents magiques, elle « rappela » la dague à elle. Puis elle dégaina prestement son épée et s'avança dans la lumière, son arme brandie, sa cape virevoltant autour d'elle, ses yeux semblables à deux étoiles orangées.

- Est-tu lâche au point de ne combattre que les gens désarmés ? lança-t-elle au Seigneur de l'Effroi sur un ton de défi.

Les fantômes et le Nathrezim tournèrent leurs regards vers elle. La lame de l'épée brillait fortement. Varimathras afficha une expression mauvaise. Brandissant un bras au bout duquel se trouvaient trois pointes de métal, il beugla.

- Ca, tu vas le regretter !

- ARRÊTE VARIMATHRAS !

La voix qui venait de résonner semblait venir de partout et de nulle part à la fois. Elle était sifflante, mais moins que celle des banshees. De plus, elle était teintée d'une espèce de mélancolie.

- Mais, Maîtresse...bredouilla Varimathras.

- Je vais m'occuper de cette affaire moi-même ! reprit la voix.

A ce moment, une grande silhouette apparue dans l'encadrement de la porte. Drapée dans une longue cape bleu-noir, elle portait un pantalon de tissu épais brun, des bottes de voyages noires, un plastron de cuir noir. Une main sur sa hanche gauche, l'autre tenait un arc. Contrairement aux arcs des Prêtresses d'Elune, qui émettaient des lueurs azurées, et à l'arc d'Allansïa dont la corde émettait une douce lumière dorée, l'arc de l'apparition dégageait une espèce de fumée ténébreuse. Elle fit un pas et entra. Allansïa put voir deux yeux rouges sang briller sous le capuchon. Devant la silhouette, la terreur des personnes présentes tripla. Varimathras et les Banshees s'écartèrent respectueusement pour lui laisser le passage. Venait d'entrer dans la taverne Sylvanas Windrunner, Reine des Réprouvés...Elle tourna son regard vers Allansïa et son compagnon.

- Alors, alors....Qu'avons nous là ? susurra-t-elle. Une Elfe de la Nuit, n'est-ce pas ? Quel est ton nom ?

- Allansïa Stormrage...répondit-elle, les yeux toujours flamboyants.

A la mention du nom de famille d'Allansïa, Varimathras recula d'un mètre.

- Que t'arrive-t-il, Mon Cher Capitaine ? railla Sylvanas. Tu as peur d'elle ?

- Stormrage...C'est le nom de celui qui a assassiné Tichondrius le Sombre, à Felwood ! s'alarma Varimathras. Elle est dangereuse !

- Dangereuse pour ceux qui lui cherchent des ennuis, Varimathras. D'ailleurs, tout comme Mal'Ganis, Detheroc et Balnazzar, Tichondrius a eut ce qu'il méritait. Il était faible et ne méritait pas de te commander. Comme nos intentions envers elle ne sont pas agressives, j'ose espérer qu'elle ne lèvera pas la main sur nous ! rétorqua Sylvanas.

- Pas si nous arrivons à un accord avec vous, Windrunner ! lança Elgÿn en s'avançant à son tour.

Les yeux de Sylvanas s'ouvrirent de surprise et Allansïa crut déceler dans le regard de la Ranger Sombre une lueur d'allégresse. L'Elfe de la Nuit se souvint qu'Elgÿn était né à Silvermoon, que défendait Sylvanas.

- Tiens tiens...Capitaine Sunfire...Quel plaisir de vous revoir !

- Le plaisir pourrait être réciproque, Commandant Windrunner...

- Je sais, Capitaine...Vous me haïssez, cela se voit...Et je dois vous avouer que je n'ai aucun plaisir à faire ce que je suis obligée de faire pour survivre aux assauts du damné serviteur d'Arthas. Si je pouvais faire autrement, croyez-bien que je le ferai.

- Comment en être sûr ? marmonna Elgÿn.

Sylvanas serra son poing devant elle.

- Croyez-vous que j'ai choisi d'être ainsi ? Même si j'utilise toujours le Fléau pour survivre, cela ne m'empêche pas de toujours aimer ma Quel'Thalas ! Je souhaite éradiquer toute corruption de ma terre, pour ne pas qu'elle soit souillée ! Arthas m'a condamné à ne plus jamais remettre les pieds dans ma ville détruite, et m'a définitivement coupé le plaisir que j'avais à contempler la beauté du Puits Solaire ! C'est lui mon seul ennemi ! Pas les populations alentours...

- Nous avons convaincu Ravenwood de cesser ses attaques ! intervint Allansïa. Cela pourrait vous permettre de reprendre l'avantage !

- Hélas...Ses attaques nous ont trop affaiblis pour que nous puissions repousser Kel'Thuzad efficacement...Il ne tardera pas à gagner...Je le crains...dit Sylvanas.

- Kil'Jaeden m'a ordonné de me rendre à Northrend pour affronter le Roi Liche...continua Allansïa. Peut-être pouvons-nous nous arranger ?

En entendant le nom du démon, le nom du chef de son ancien chef, Tichondrius, Varimathras failli s'étrangler. Visiblement, une bonne partie des évènements lui échappait. Sylvanas concentra toute sa réflexion sur la guerrière.

- Très bien...Si vous arrivez à distraire Arthas suffisamment longtemps, mes troupes et moi nous pourront reprendre l'avantage. Je peux vous envoyer à Northrend directement par téléportation individuelle.

- Dans ce cas, si je réussis...

- Je m'engage à protéger les terres de Lordaeron contre les assauts du Fléau, et à réparer les injustices que j'ai fait subir à certains. Malgré le fait que je sois ce que je suis actuellement, j'ai toujours quelques affiliations avec la Lumière...Néanmoins, je tiens à me prémunir contre toute tentative de coup-fourrés, alors...

Sur un signe de tête, Varimathras leva la main vers le jeteur de sorts. Les paroles qu'il prononça le firent tomber dans un coma profond. Allansïa se précipita vers le corps de son amant.

- ELGŸN !

Puis elle leva un regard incandescent vers Sylvanas.

- Que lui avez-vous fait ?

- Si tu réussis, ton compagnon aura la vie sauve. Sinon....Peut-être cela te motivera-t-il plus pour ta réussite...Maintenant que les conditions sont fixées, je vais procéder...

Avant qu'Allansïa ne puisse bouger, Sylvanas tendit ses mains vers elle et prononça un dérivé de formule bien connue des Archimages. Allansïa vit le paysage tourbillonner autour d'elle. Une lumière l'aveugla...
La première chose qu'Allansïa sentit lorsqu'elle ouvrit les yeux fut un froid glacial. Au-dessus d'elle, une multitude de nuages gris qui empêchait les rayons du soleil de passer tourbillonnaient, ballottés par les puissants vents de Northrend. Elle se redressa doucement, le corps ankylosé par le contact prolongé qu'il avait eu avec la neige et la glace. Autour d'elle, des rafales de vent faisaient virevolter des nuées de flocons de neiges. Avec un peu de mal, elle se mit debout et regarda autour d'elle. Son regard se posa sur une forme noire aux yeux jaunes et étincelants...Nightsong avait également été incorporée au sortilège de téléportation. Elle s'approcha de sa monture contre qui elle se réchauffa quelque peu. La fourrure de la panthère était hérissée pour conserver le maximum de chaleur corporelle. Après s'être considérablement réchauffée, Allansïa balaya l'horizon de ses yeux aussi loin que le lui permettait sa vision elfique. Elle se trouvait au bord d'un fjord, dans lequel les vagues venaient s'écraser avec force, poussées par le vent violent et glacé. Au-delà de cette baie, à travers la brume, à environ trois kilomètres, Allansïa aperçut comme une espèce de grand cône de glace, dressé vers le ciel. Elle plissa un peu plus les yeux. Une très légère aura bleutée se dégageait d'une lointaine silhouette noire debout au sommet. Elle serra les dents...Sa chevelure s'obscurcit un instant...Ses yeux lancèrent des éclairs...Le vent lui-même lui faisait parvenir aux narines la signature du pacte qu'il avait conclu avec les ténèbres...

-Arthas...la fin approche pour toi...grinça-t-elle entre ses dents.

Elle enfourcha Nightsong qui se mit en route au petit trot vers l'édifice de glace. Nightsong avançait avec peine dans l'épaisse couche de neige, mais elle parvint quand même, après deux heures de marche pénible, à conduire sa cavalière jusqu'au Trône de Glace. Allansïa descendit de sa monture et leva la tête pour contempler l'immense édifice. Le Trône était si grand qu'il lui donnait le vertige. Au pied du trône, une double porte scellée barrait le passage à tout intrus. A ce moment, Nightsong grogna et se mit à gratter dans la neige. Curieuse, Allansïa s'agenouilla auprès d'elle et se mit à l'aider. Mais elle rencontra bientôt une couche de glace dure comme la pierre. Même les griffes acérées de Nightsong n'arrivaient pas à égratigner la couche solide. Allansïa opta pour un autre de ses sortilèges. Elle fixa la glace et concentra son pouvoir. La glace rougeoya et fondit à vue d'oeil. Au fur et à mesure qu'elle fondait, une forme sombre se devinait sous la glace. Une tête avec de longs cheveux noirs et des cornes, les yeux bandés, deux grandes ailes, un torse puissant couvert de tatouages, et balafré d'une grande cicatrice diagonale coagulée par le froid apparurent, délivrés de la glace qui avait emprisonné Illidan pendant un siècle. Deux doubles lames courbées reposaient également près du corps.

-Père...

S'approchant du cops de son défunt père, Allansïa serra contre elle le corps sans vie de son géniteur, bleui par le froid, en sanglotant de tristesse. Nightsong avait senti le chagrin de sa cavalière et avait ses oreilles basses, silencieuse, pour ne pas troubler l'instant d'intimité de sa maîtresse. Pendant de longues minutes, elles restèrent là, l'une serrant contre elle son père bien-aimé, l'autre attendant patiemment que sa maîtresse aille mieux. Puis, s'écartant doucement d'Illidan, les yeux toujours pleins de larmes, Allansïa fit signe à Nightsong de s'approcher et essaya d'installer le corps de Chasseur de Démons sur son dos. Alors qu'elle l'avait à peine tiré de la glace, Nightsong se mit à gronder furieusement et à montrer les dents. Un crissement dans la neige se faisait entendre...Non...Pas un crissement...Une multitude...Avant même qu'elle ait pu dégainer son arc où son épée, Des geysers de neiges jaillirent tout autour d'elle. Des monstres arachnéens sortirent en masse du sol. Les mêmes démons que celui de Varimathras...Allanbsïa observa leurs mandibules et leurs yeux noirs et humides avec dégoût. Une des démons s'exprima dans un langage à peine compréhensible, composé de sons sifflants.

-Seigneur ! Nous avons trouvé les intrus !

A ce moment, ils s'écartèrent tous pour laisser passer un monstre trois fois plus grand qu'eux. Celui-là ne ressemblait pas à une araignée, mais à un énorme scarabée chitineux, dont la carapace s'ornait d'une multitude de pointes acérées. Les traces rouges dessus témoignaient qu'elles avaient déjà servi. Ses pattes, effilées comme des lames s'enfonçaient dans la couche de glace aussi bien que dans la neige fraîchement tombée. Deux yeux rouges, dans lesquels brillait une intelligence malveillante, étincelaient sous la carapace de tête...Anub'Arak, Seigneur des Cryptes, Ancien Roi d'Azjol-Nerub, toisait ses proies d'un oeil mauvais. D'une voix très grave, presque inaudible, il lança à sa centaine de guerriers arachnéens.

-Enfin ! De la viande fraîche ! J'en avais assez de ces repas surgelés ! Régalez-vous !

Les grosses araignées avancèrent lentement vers leurs futurs repas, qui reculait doucement. Nightsong grondait très fort, hésitant à attaquer la première. Allansïa, elle, savait parfaitement que le combat était perdu d'avance...pour l'instant. Jouant le tout pour le tout, elle dégaina son épée et hurla d'une voix amplifiée par la fureur et la colère en direction du Trône de Glace.

-ARTHAS ! ASSASSIN DE MON PÈRE ! ESPECE DE LÂCHE ! OSE M'AFFRONTER SEUL A SEULE !

Au moment où les immondes tarentules allaient les atteindre, un sifflement plus perçant encore que celui de Sylvanas résonna dans les airs, difficilement compréhensible.

-Anub'Arak...Laisses-la monter...

La voix n'était pas forte du tout, mais elle sembla avoir un effet significatif sur le Seigneur des Cryptes, ainsi que sur ses guerriers, qui s'arrêtèrent nets. Le scarabée leva sa tête vers le sommet, d'où irradiait une lueur bleutée plus importante.

-Mon Roi...Vous êtes sûr que... bredouilla Anub'Arak.

-FAIS CE QUE JE TE DIS ! ET NE TOUCHE PAS À SA MONTURE ! siffla la voix de plus belle.

Sous l'effet de l'autorité de la voix, tous les guerriers arachnéens reculèrent en baissant la tête, et, bientôt, disparurent dans les glaces. Dans un grincement, la double porte scellée s'ouvrit, laissant le passage grand ouvert. Avec une certaine appréhension, Allansïa se mit à gravir les marches du Trône de Glace. Le chemin était spiralé autour de l'immense cône. Plus elle s'élevait, plus sa vu pouvait porter loin sur les Terres Glacées...Malgré l'inhospitalité de ces terres, Allansïa trouva l'endroit magnifique...Quelqu'un comme Arthas ne méritait pas de régner sur ces terres...De longes chaînes reliait et équilibrait le Trône sur des pitons de glaces, loin en contrebas...Enfin, elle franchit le dernier tournant et monta sur l'aire plane du Trône de Glace, face au maître des lieux. Au-delà d'un petit escalier, assis dans un bloc de glace turquoise, une épée runique étincelante dans la main droite, le corps enveloppé dans un équipement noir et argent, serti des pointes étincelantes et de tête de morts, Arthas se tenait devant elle. Lentement, il se leva. Un admirable casque finement ouvragé, dont le front était serti d'une pierre aussi bleue que la glace qui les entourait, était posé sur sa tête...Mais tout ce qui est beau est dangereux, se souvint Allansïa. Il ouvrit soudain les yeux...Un violent éclat bleu ciel aveugla momentanément Allansïa...Les yeux d'Arthas brûlaient d'un feu bleu intérieur, ressemblant à celui d'Elgÿn...Mais contrairement à ce dernier, cette lueur n'était pas douce, mais agressive comme un fauve en cage, attendant avec impatience qu'on le libère... Paisiblement, il descendit les marches de son petit escalier et se campa devant Allansïa, une expression meurtrière déformant son visage. Il lui parla de la même voix sifflante qu'à Anub'Arak.

-Alors, jeune présomptueuse...Quel est le but de ta venue sur ces terres arctiques, mon domaine, mon second royaume ?

Allansïa leva son épée.

-Tu as tué mon père...Ce faisant, tu m'as également enlevé ma mère...Les souffrances que j'ai éprouvé...TU VAS LES CONNAÎTRES !

L'expression d'Allansïa se transforma. Si ses traits elfiques et féminins restèrent intact, ses yeux se changèrent littéralement. Elle n'avait plus cet air rusé, mais ses yeux ressemblait maintenant à ceux d'un démon en colère. Elle fit tournoyer brièvement son épée. Arthas fut un peu surpris de voir ce changement, mais cela ne fit que naître un sourire dévastateur sur son visage émacié...

-Décidément... fit Arthas en levant Frostmourne devant lui. Les membres de cette famille sont tous des gêneurs...Ton père m'a beaucoup déçu lors de notre dernier combat...J'espère que tu te montreras plus douée...

Ces dernières paroles firent entrer Allansïa dans une fureur folle. Elle se précipita sur Arthas et fit pleuvoir les coups sur lui, tournoyant et frappant là où son épée ne le protégeait pas. Arthas recula légèrement sous les premiers assauts, surpris par une telle rapidité, mais reprit le dessus, se contentant de dévier la lame de son adversaire, faisant ainsi jaillirent des gerbes d'étincelles à chaque coup paré. Au bout de quelques minutes, lassé, il entama un mouvement de rotation avec Frostmourne et frappa violemment la lame d'Allansïa. Déséquilibrée, celle-ci tomba en arrière et glissa sur un mètre.

-Pathétique...murmura Arthas. Ton père ne t'a donc rien appris, même mort ? Une telle négligence de sa part ne m'étonne pas...Allons, tu vaux mieux que ça...

En se relevant, difficilement, Allansïa put apercevoir des nuées de guerriers de l'ombre, rassemblés au pied du Trône de Glace, leurs regards vides levés vers eux, dans l'attente d'un combat digne de ce nom. Un petit cercle blanc en bas témoignait qu'ils n'avaient pas pénétré dans le périmètre de Nightsong. Dans un rapide mouvement, elle défit sa dague de lancer empoisonnée et la lança de toutes ses forces vers l'assassin de son père. L'éclat orangé scintilla en l'air. Arthas leva Frostmourne et fit un violent coup dans le couteau meurtrier. La dague ricocha dessus et reparti en direction de son lanceur - de sa lanceuse, en l'occurrence...Allansïa parvint à éviter de justesse la dague, qui lui trancha quelques cheveux au passage...

-Ah....constata Arthas. La rapidité est donc une de tes spécialités...Cela te sera utile pour t'enfuir...A propos de père...Si ça peut te rassurer, j'ai aussi tué le mien avant d'abattre le tien...Comme tu vois, nous ne sommes pas si différents l'un de l'autre...

-A la différence près que moi, j'ai encore des proches, alors que les tiens sont les Morts...rétorqua Allansïa d'un ton acide.

Sachant pertinemment que ses arts druidiques seraient sans effet sur une terre aussi morte et stérile, Allansïa tendit sa main et lança un éclair de feu sur Arthas avant de se jeter contre lui, engageant une nouvelle fois le corps à corps. Hélas pour elle, nouvel échec...Arthas détourna l'éclair aussi facilement qu'un miroir détourne un rayon de lumière, et para sans peine le nouvel assaut de la guerrière. Arthas s'amusait bien, mais n'aimait pas cet affrontement. Il avait besoin de se dégourdir les muscles...Kel'Thuzad, le chanceux, avait l'occasion de combattre presque chaque jour les troupes de Sylvanas...Lui, commandait...c'était le revers de la médaille...Mais voilà que le destin lui offrait une petite créature avide de vengeance ! Cependant, s'il il frappait trop fort avec Frostmourne, il risquait de la tuer pour de bon...Entre autre, il voulait voir si cette fille était bien la fille d'Illidan. Elle commençait pourtant à bien connaître son adversaire, réussissant parfois à porter un coup de lame, atténué par son épais équipement de Chevalier de la Mort...Soudain, le pied d'Allansïa glissa sur le sol gelé. Elle tomba en avant. Avec un réflexe sadique, il saisit l'opportunité de se dérouiller les muscles. Il remonta brusquement son genou droit en direction de sa tête tombante. Un choc agréablement dur...L'instant d'après, le corps de son opposante fut expulsé sur trois mètres, suivi par une gerbe d'un sang rouge sombre qui s'étala en plusieurs petites flaques. Arthas ricana de plus belle, tandis qu'Allansïa mettait plus de temps pour se relever...Son nez saignait abondamment...Elle releva la tête vers son adversaire...La combativité se lisait toujours dans ses yeux...Arthas fit un pas en avant et posa son pied sur un petit tas de neige rougi par le sang de son adversaire. Une expression de douleur se peignit sur son visage, tandis qu'une gerbe de fumée blanche se dégageait du point de contact entre le sang d'Allansïa et le pied d'Arthas. Il tomba en arrière en poussant un hurlement de douleur...Allansïa devait être aussi étonnée que lui, car elle se contenta de regarder avec effarement.

-AAAAARGGHHH ! NER'ZHUL ! QUE SE PASSE-T-IL ? rugit Arthas à l'intention de sa source de puissance.

La pierre bleu étincela soudainement au rythme des paroles résonnantes qui lui répondirent.

-Elle porte en elle la puissance de Gul'dan, mon ancien élève...Le contact avec le sang d'un traître est toujours douloureux, méfies-toi, Mon Champion et...Non...Ce ne peut-être possible....Ce n'est pas une coïncidence....

-Quoi donc ? rugit Arthas.

-Elle ne vient pas que pour Illidan ! Kil'Jaeden le Trompeur l'a envoyé ! Fais attention !

-Pas de panique Ner'zhul ! dit Arthas avec une assurance qu'il était loin de ressentir. Je sais bien qu'elle a la puissance de Gul'dan, c'est moi qui ait convaincu son père d'accéder à cette puissance ! Et je vais expédier ce microbe en deux temps trois mouvements !

Cette fois, ce fut Arthas qui attaqua en premier en brandissant Frostmourne. Allansïa, elle, avait remarqué et entendu la totalité du dialogue. Précautionneusement, mais rapidement ; elle passa le fil de sa lame sur ses narines, recouvrant ainsi sa lame de son sang. Puis elle para le coup d'Arthas. Le résulta fut plus efficace que précédemment. Au contact du sang d'Allansïa, Frostmourne étincela soudain d'un éclat rouge. L'instant d'après, Arthas lâchait Frostmourne en gémissant de douleur, comme s'il s'était brûlé. Profitant de l'occasion, Allansïa bondit sur Arthas sur le visage de qui apparu l'expression de la peur. Il essaya d'esquiver tant bien que mal les assauts meurtriers de son adversaire, qui semblait avoir bénéficié d'un regain de confiance en elle. Malgré sa force et son agilité, ses mouvements étaient ralentis par son épaisse armure de Chevalier, et les coups de son adversaire faisaient mouche de plus en plus souvent. Allansïa n'avait pas besoin d'enfoncer loin sa lame, déposer son sang au contact d'Arthas suffisait pour lui provoquer la pire des douleurs. De plus, les cris de douleurs de Ner'zhul résonnaient également. Au moment où Allansïa allait porter un coup fatal au Roi Traître, celui-ci rassembla ses forces et lui envoya un poing monumental dans la figure, la désarmant et l'envoyant bouler sur le dos au pied de l'escalier. Epuisé, et pestant contre cette furie, il se releva et ramassa Frostmourne. Puis, son sourire mauvais reprenant le dessus, il se dirigea vers le corps de sa future victime...


Le coup qu'Arthas lui avait infligé l'avait laissé complètement figée. Elle ne pouvait presque plus bouger. Les nuages gris tourbillonnaient au-dessus de sa tête. Des larmes perlèrent aux coins des ses yeux. Une voix agréable résonna dans ses oreilles...

-Ma fille...Allansïa....N'échoues pas...Je t'en prie...Sers-toi de la puissance que je t'ai transmise....

Le visage d'Illidan apparu devant ses yeux.

-Désolée, père...

Le visage d'Illidan fut remplacé par celui d'Elgÿn, qui lui souriait. Une voix désagréable, cette-fois, rompit l'image et perça ses tympans. A travers ses larmes, elle pouvait voir la haute silhouette d'Arthas debout au-dessus d'elle.

-Jeune imbécile...Croyais-tu vraiment pouvoir me battre ? Il est grand temps pour toi d'aller rejoindre tes parents dans la mort...

Il plaça Frostmourne verticalement au-dessus du ventre de son adversaire, où elle se maintint en l'air comme portée par une main invisible. Puis, après quelques secondes, elle fendit l'air dans un sifflement aigu et se planta dans le corps d'Allansïa, la traversant de part en part. L'épée runique se mit à rougir sous l'effet du contact avec le sang d'Allansïa. Elle hurla de douleur extrême, tandis qu'une giclée de sang jaillissait par sa bouche et qu'un panache de fumée blanche l'enveloppait....
Le cri strident de douleur que poussa Allansïa fissura la glace du trône. Une voix résonna de nouveau à l'intérieur de sa tête, dominant son cri...

- Allansïa....C'est ta dernière chance....Libère ta puissance...MAINTENANT !!

Inconsciemment, elle se concentra sur l'image de son père et sur toute l'affection et la tendresse qu'ils partageaient, ainsi que sur Elgÿn et sur tout l'amour qu'il lui portait. Soudain, elle sentit le pouvoir affluer en elle comme un puissant torrent émerge d'une montagne aride. La douleur et le pouvoir obscur qui se répandaient de l'épée incandescente furent expulsés de son corps comme quelqu'un souffle une chandelle. Sa chevelure s'assombrit pour de bon cette fois, devenant plus noire que les ténèbres les plus profondes. Le cri de douleur qu'elle poussait se mua en un puissant rugissement grave de fureur et de haine. Elle sentit les énergies démoniaques se répandre dans tout son corps...


Le cri de douleur qu'Arthas entendait était plus doux à ses oreilles que le moment où il avait coiffé le casque de Ner'zhul...La fille avait rejoint son père, tout était pour le mieux... Brusquement, le sol trembla...Le cri strident s'aggravait, pour devenir plus tonnant et plus menaçant. Arthas observa le nuage blanc avec attention et appréhension. Une forme massive s'agitait à l'intérieur...Soudain, une violente explosion noire nimbée d'éclairs blancs le jeta à terre. Lorsqu'il releva les yeux, une créature massive émergea du nuage. Avec stupeur, il vit le corps d'Allansïa grandir et s'étirer. Son équipement noir semblait se fondre dans sa peau. Puis, un grand nuage noir l'enveloppa. Lorsqu'il se dissipa, il n'y avait plus aucune trace de l'adversaire féminin qu'il avait combattu quelques instants auparavant. A la place, il y avait une grande et majestueuse, mais néanmoins terrifiante, créature noire comme la nuit. Les yeux bleus flamboyants d'Arthas contemplaient avec stupeur le démon - la démone, en l'occurrence. Le corps d'Allansïa était maintenant deux à trois fois plus grand que lui, deux cornes, identiques à celles d'Illidan avaient poussé sur son front, deux ailes impressionnantes étaient apparues sur son dos. Ses yeux n'étaient plus ambrés...On aurait dit deux puits de laves en fusion. Arthas, qui avait déjà eut l'occasion de contempler la Métamorphose d'Illidan, fut stupéfait par celle d'Allansïa. Si celle d'Illidan faisait ressortir ses muscles impressionnants, la forme démoniaque d'Allansïa était toute en lignes et en courbes, conservant presque fidèlement les agréables formes féminines de l'Elfe de la Nuit. Malgré cette apparence délicate, Arthas ne doutait plus une seconde de la formidable puissance dont disposait Allansïa. Pourtant, Arthas conservait un sourire malsain en fixant avec ardeur le ventre d'Allansïa. Croyant qui celui-ci se rinçait l'oeil, Allansïa fit un pas en direction de son adversaire, mais quelque chose l'entravait légèrement. Elle baissa à son tour son regard. Un splendide, mais insignifiant, morceau de métal était planté dans ses chairs ardentes. L'observant attentivement, elle vit que l'endroit ou la garde et la lame se rejoignaient était couvert par une tête de Liche, une tête ovale avec des cornes, dont les yeux brillaient de blanc. Il aurait été tentant de prendre l'épée par la garde et de s'en servir contre son adversaire...Néanmoins, Allansïa savait pertinemment ce qui était advenu d'Arthas lorsque celui-ci s'était armé de Frostmourne. L'appel irrésistible du Roi Liche l'avait attiré dans la folie. Avec vigueur, elle saisit l'épée par sa lame, et poussa un rugissement en l'arrachant de son corps. Une giclée de sang incandescent jaillit de sa plaie et fit fondre la glace dans un sifflement. L'instant d'après, sa plaie s'était refermée. Toisant le misérable petit Chevalier de la Mort qui se tenait devant elle, une expression de peur intense sur le visage, elle poussa un rugissement de haine et lança de toute ses forces Frostmourne vers son propriétaire légitime. La garde de l'épée heurta le torse d'Arthas violemment, le renversant dans un nuage de givre. Se propulsant avec ses ailes dans les airs, Allansïa retomba face à Arthas et lui administra un formidable coup de poing, qu'il esquiva de justesse. Le poing d'Allansïa s'enfonça dans la glace en la lézardant. Arthas tenta de frapper avec Frostmourne, mais une aile noire l'envoya valser un peu plus loin. Allansïa se retourna et leva sa paume droite devant elle. Un tourbillon vert apparu autour de sa main, et une boule de feu naquit dans sa paume.

- VOYONS SI TU PEUX PARER CA....dit-elle.

Même si elle avait parlé doucement, sa voix se répercutait dans toutes les contrées de Northrend et tonnait comme le tonnerre. Puis elle tourna sa paume vers le Roi Déchu et libéra le torrent de flamme qui ne demandait qu'à jaillir. Rassemblant ses forces de guerrier, Arthas esquiva de nouveau, non sans mal, le trait ardent qui se perdit dans une aveuglante lueur orangée dans les nuages gris-bleu de Northrend. Avec une rapidité inégalée, Allansïa jaillit à côté d'Arthas et lui saisit la gorge dans ses mains puissantes. Le choc fit lâcher son épée runique, qui tomba à côté de celle d'Allansïa. Un coup de poing gauche dans la figure d'Arthas fit tomber également son casque qui roula aux pieds de la démone. Sa prise bien serrée, Allansïa s'approcha du bord du Trône.

- DIS-MOI ARTHAS...SAIS-TU VOLER ?

Sans autres préambules, et sans attendre de réponses, elle tendit le bras et lâcha Arthas, qui s'écrasa une vingtaine de mètres en contrebas, sur l'escalier en spirale, où il resta allongé. Allansïa éclata d'un rire démoniaque qui fit trembler le Trône. Quelque chose attira son attention à ses pieds. Le casque du Roi Liche semblait la regarder...La pierre bleu étincelait...Une voix sifflante résonna dans sa tête...

- Excellente performance...Tu as vaincu mon Champion très facilement...Maintenant, prend sa place...Avec ta puissance et ta beauté, le Fléau sera changé à jamais...Nous serons invulnérables !

Même si elle savait ce qu'Arthas était devenu sous cette protection, quelque chose en elle lui imposait de s'emparer de ce pouvoir. Sa main se tendit imperceptiblement vers le casque...mais se figea à quelques centimètres...La voix sifflante se fit plus pressante...

- Allez...Prends ! Tu aimerais revoir tes parents ? Avec le pouvoir dont tu disposeras, tu seras en mesure de les extraire de la mort et de les ramener à tes côtés !

Le désir de pouvoir d'Allansïa se mua instantanément en désir d'éradication. Le visage de sa mère apparu dans son champ de vision, aussi belle que lorsqu'elle l'avait connu enfant, avec ses yeux émeraude brillant, ses longs cheveux verts et sombres, comme une forêt pendant la nuit, sa peau satinée et son air de douceur mélancolique...La dernière phrase que sa mère lui avait dit lui revint en mémoire...Elle serra son poing tellement fort que quelques gouttes de sang ardent coulèrent. Elle approcha le poing serré au-dessus du casque.

- JE VAIS FAIRE MIEUX QUE CA...JE VAIS T'INFLIGER LA PIRE DES DOULEURS !!

Quelques gouttes de sang tombèrent sur la pierre bleu du casque, qui se mit à rougir furieusement et à vibrer sous le contact infernal et démoniaque du pouvoir de Gul'dan.

- AAAAARRRRRRGGGHHHHHH !!!! ARRÊTE ! JE PERDS MES POUVOIRS !!!!

En effet, la puissance de Ner'zhul baissait imperceptiblement, mais baissait quand même. Allansïa afficha un sourire plus que meurtrier, quand une violente brûlure la fit rugir. Elle se dressa sur ses pieds et se retourna, ses ailes brassant l'air de fureur. Un Arthas furibond de voir ses pouvoirs diminuer de nouveau, venait d'apparaître. Il avait une main tendu en direction d'Allansïa, ce qui laissait à penser qu'il venait d'utiliser un de ses sortilèges, et qu'il s'apprêtait à le réitérer. Allansïa réagit et lui envoya un éclair verdâtre en pleine face. Arthas, sentant son pouvoir fondre encore un peu, se tordit de douleur, tandis qu'Allansïa se propulsait derrière lui. Elle lui envoya dans le dos un poing renforcé par une énorme boule de feu. Le choc envoya Arthas tête la première contre le bloc de glace qui lui servait de siège. Celui-ci, à demi assommé, s'écroula à terre, incapable de continuer le combat. Allansïa pouvait l'achever, pourtant, elle ne bougea pas d'un pouce, plantées sur ses solides jambes, laissant le vent de Northrend faire valser ses ailes dans l'air glacé. Elle sourit. Elle leurs réservait un sort bien plus sournois...Au moment où elle se détourna, un énorme visage apparu dans les nuages et tonna.

- JE T'AVAIS ORDONNÉ DE TERMINER LA TÂCHE DE TON PÈRE !

- JE L'AI FAITE...À MA FAÇON...JE N'OUBLIE PAS QUE TU SERS LA LÉGION ARDENTE, PAR CONSÉQUENT JE N'AI AUCUNE ENVIE DE ME SOUMETTRE A TA VOLONTÉ.

- ET COMMENT AS-TU TERMINÉ TON TRAVAIL ?

- ILS VONT MAINTENANT VIVRE DANS LA PEUR, DANS LA CRAINTE PERPÉTUELLE DE LA MORT, EN SACHANT PERTINEMMENT QUE QUELQU'UN DE BIEN PLUS FORT QU'EUX POURRAIT REVENIR POUR LES ÉLIMINER DÉFINITIVEMENT. JE TROUVE CELA BIEN PLUS CRUEL QUE LA MORT !

Contrairement à ce qu'Allansïa avait cru, Kil'Jaeden ne discuta pas sa décision et disparu dans le ciel...Il avait cédé un peu trop facilement, pensa-t-elle...Récupérant ses armes, tombées à terre, elle se propulsa avec ses ailes en bas du Trône de Glace. Elle atterrit au milieu des hordes de Morts avec fracas. Les nuées de Morts s'éparpillèrent rapidement pour ne pas s'attirer les foudres de la démone. Au bout d'à peine trente secondes, il ne restait plus que Nightsong, à demi-effrayée, avec le corps d'Illidan sur le dos. Faisant un signe rassurant à sa monture, Allansïa, le corps toujours parcourus par les énergies démoniaques, s'éloigna du Trône de Glace en direction de la côte.


Elle n'avait pas parcouru trois cents mètres qu'une longue et immense gerbe de flamme jaillit soudain devant elle. La gerbe s'élargit pour se transformer en rideau de flammes. De ce rideau de flamme émergea alors Kil'Jaeden, l'air très en colère. Des flammes perçaient sa peau. Il leva sa main et un globe de feu se forma à l'intérieur.

- TU N'ES PAS LA POUR N'EN FAIRE QU'À TA TÊTE !! TON PÈRE A PASSÉ UN PACTE DE SANG AVEC MOI ! RETOURNE IMMÉDIATEMENT TERMINER CE QUE JE T'AI ORDONNÉ DE FAIRE ! tonna le démon.

Allansïa n'en fut nullement impressionnée. Elle se contenta de concentrer son énergie en une boule verte qu'elle comprima devant elle pour augmenter sa puissance.

- EN POSANT DE NOUVEAU TON PIED SUR AZEROTH, TU T'ES TOI-MÊME CONDAMNÉ ! rugit-elle en guise de réponse.

Cette réponse n'était pas celle qu'attendait le démon. Avec un hurlement retentissant, il lança sa boule de feu en direction de la démone. Allansïa projeta à son tour son orbe en direction de Kil'Jaeden. Aussi incroyable que cela puissa paraître, la sphère d'énergie du démon fut littéralement pulvérisée et éparpillée par la puissance d'Allansïa. Le sort d'Allansïa atteignit Kil'Jaeden en pleine poitrine. Une violente explosion retentit. Kil'Jaeden gémit et se tordit de douleur en reconnaissant un pouvoir qu'il avait depuis longtemps oublié.

- CO...COMMENT ARRIVES-TU À UTILISER LE POUVOIR DE SARGERAS ? s'alarma le démon.

La forme démoniaque d'Allansïa éclata d'un rire terrible et retentissant. Nightsong recula de quelques pas en se demandant si finalement, cette...chose était bien sa cavalière.

- TU NE M'AS PAS L'AIR BIEN AU COURANT....LAISSE-MOI RÉSUMER... prononça lentement Allansïa suffisamment fort pour que les Terres Glacées tremblent. MON PERE A CONSOMMÉ LA PUISSANCE DE GUL'DAN ET A UTILISÉ CELLE DE SARGERAS...PAR CONSÉQUENT, IL ME LES A TRANSMISES...PUIS IL A TUÉ TICHONDRIUS LE SOMBRE, LE PREMIER DE TES AGENTS...SON FRÈRE, MON ONCLE, A TENDU UN PIÈGE A ARCHIMONDE LE PROFANATEUR, ET CET ABRUTI S'EST JETÉ EN PLEIN DEDANS...TON « COLLÈGUE » EREDAR ARPENTE MAINTENANT LE NÉANT DISTORDU SOUS LA FORME DE PARTICULES COSMIQUES INSIGNIFIANTES ! LES ORCS, LIBERÉ DE TON JOUG TYRANNIQUE, ONT REUSSI À ABATTRE SON PREMIER LIEUTENANT, MANNOROTH LE DESTRUCTEUR !...

Elle fixa Kil'Jaeden de ses yeux ardents et plaça ses mains en parabole dirigée vers le démon.

- SI TOI AUSSI TU VEUX DISPARAÎTRE, TU N'AS QU'À RESTER DEVANT MOI. SI TU DÉGUERPIS, SACHE QUE LA PROCHAINE FOIS, JE N'HÉSITERAIS PAS A TERMINER LE CERCLE, ET À ENVOYER TON CORPS REJOINDRE CELUI D'ARCHIMONDE !!! hurla-t-elle. SACHE ÉGALEMENT QUE LE PACTE DE SANG DONT TU PARLAIS EST DÉFINITIVEMENT REVOLU !

- JE NE LAISSERAI PAS LA FILLE D'UN TRAÎTRE S'EN TIRER À SI BON COMPTE !!

Fatale erreur de la part du démon d'avoir employé le mot « traître » à l'encontre d'Allansïa...Celle-ci concentra tellement ses énergies à l'intérieur d'elle que son corps s'embrasa tout entier. Son champ de vision se rétrécit, seul ne comptait plus l'élimination de l'être en face d'elle...Alors, elle ne sut plus ce qu'elle fit...
Lorsque Allansïa reprit conscience, elle n'ouvrit pas tout de suite ses yeux. Elle sentait un vent qui apportait des odeurs salines, un vent tiède, ainsi qu'un léger tangage. Tout lui donnait à penser qu'elle se trouvait sur un bateau. Le bruit des vagues et celui des cris de l'équipage la berçait tranquillement. Un contact tiède et râpeux sur sa joue lui fit ouvrir les yeux brusquement. Nightsong ronronnait tranquillement à côté d'elle en la fixant intensément des ses grands yeux jaunes brillants. Allansïa lui donna une longue caresse sur le cou et serra contre elle la tête de sa monture. Un bruit de pas sur ses planches à côté d'elle la fit se redresser. Une silhouette encapuchonnée, cachant des yeux bleus brillants agréablement, s'approchait d'elle en souriant chaleureusement.

- ELGŸN !

Elle bondit de sa couchette et sauta au cou de son amour en l'embrassant avec fougue. Ce dernier rabattit ses bras autour d'elle et lui rendit son étreinte amoureuse. Le contact avec celui qu'elle aimait lui avait tellement manqué depuis...combien de temps au fait ? Lentement elle s'écarta un peu d'Elgÿn et lui demanda.

- Elgÿn...Comment se fait-il que tu sois là ? Combien de temps suis-je restée endormie ?

Ce dernier lui lança un sourire et la prit par la taille et l'amenant vers un banc.

- Je vais t'expliquer...Tu es restée inconsciente au moins trois jours...J'était toujours prisonnier de Sylvanas quand les premières faiblesses se sont faites sentir parmis les troupes de Kel'Thuzad. Rapidement, ils ont commençé à perdre beaucoup de terrain, et finalement, Sylvanas à réussi à les repousser hors de Lordaeron, sur la mer. Comme on n'avait plus de nouvelle de toi, Sylvanas a tenu sa promesse et a envoyé un navire pour te rechercher à Northrend. Je faisais partie de l'équipage. On a fini par trouver un grand corps ailé et noir, et ta panthère qui geignait à côté. Dés qu'on s'est approché, le corps s'est mis à rétrécir et s'est transformé en toi. On t'a embarqué, et voilà...

- Et Sylvanas ? A-t-elle tenu ses autres promesses ? s'inquiéta Allansïa.

- Oui...Elle a commencé à utiliser ses restes de pouvoir de la lumière pour redonner vie à tous les hommes qu'elle avait possédés et qui sont morts sous ses ordres...

- Simplement ? Alors pourquoi ne pas avoir enrôlé un petit contingent dès le début et lui redonner vie dès qu'ils mourraient ?

- C'est un procédé très épuisant...Il lui faut trois jours pour se remettre d'une résurrection...Mais elle finira par réussir...

Ces nouvelles calmaient l'esprit d'Allansïa, mais un détail la titillait encore.

- Où est le corps de mon père ?

- On l'a mis dans une des cabines. Tu veux aller le voir ? Je vais te conduire.

Après quelques minutes et cinq marches descendues, ils pénétrèrent dans une large cabine. Un corps majestueux reposait sur le lit, une sorte de sourire éclairait son visage figé. D'après ce qu'elle pouvait voir, Elgÿn avait pris soin de guérir la blessure sur le cadavre de son père...Le mage quitta la cabine pour laisser Allansïa dans son intimité familiale. Elle s'approcha lentement et s'assis à côté de son père en saisissant sa main et en la caressant affectueusement.

- Père...J'ai réussi....

-Tu as fait plus que ça, Allansïa... répondit une vois dans sa tête tandis que, fermant les yeux, elle voyait apparaître un beau visage dont les yeux étaient cachés par un bandeau noir. Tu as réussi à affronter Arthas et à gagner. Je suis également impressionné par ta clairvoyance...En effet, la peur aura un effet encore plus significatif sur Arthas que la mort ! Il n'est même plus capable de diriger ses propres troupes, tellement ses pensées sont dirigées sur ce qui pourrait lui arriver ! Et ta mère pense comme moi...

- Tu as vu Maman !? exulta Allansïa.

A cet instant, un autre visage pris place dans le champ de vision d'Allansïa. Une peau argentée, une bouche ferme aux lignes généreuses, pareille à une rose à demi-ouverte, deux yeux verts émeraudes qui étincelaient, le tout encadré par une somptueuse, soyeuse et longue chevelure vert sombre. Sa mère lui souriait tendrement.

-Ma fille...Je suis fière de toi...Tu n'as pas oublié mes enseignements...et tu as été fidèle à tes origines...Je n'ai pas de mot pour exprimer mon admiration devant ce que tu es devenue, et ce que tu as réussi à faire...

Une larme de joie et de bonheur perça les paupières fermées d'Allansïa. Sa mère était encore plus belle que dans son souvenir. Elle vit sa mère avancer ses mains et sentit leurs doux contacts sur ses joues, comme lorsque son père l'avait serrée dans ses bras, à Felwood. Puis, sa mère avança son visage et déposa un long et agréable baiser sur le front de sa fille, qui frissonna au contact des lèvres soyeuses de sa mère sur sa peau lisse et douce. Une sensation qu'elle n'avait plus éprouvée depuis...trop longtemps. Alors que, sur un dernier sourire débordant d'amour maternel, le visage d'Anja disparaissait de son champ de vision, Allansïa interrogea son père sur une question qui la tarabustait.

- Père....Qu'est-il advenu de Kil'Jaeden...Je me souviens m'être battue contre lui, et puis....plus rien...

-Tu as grièvement blessé Kil'Jaeden dans ta fureur aveugle...Je m'étonne d'ailleurs de voir que tu n'as pas ravagé Northrend...La sagesse d'Anja à porté ses fruits en toi et t'a appris à te contrôler, même sous ta forme démoniaque...Mais je ne sais pas où il se trouve...Peut-être qu'il reviendra...Mais je pense que vu la déculottée que tu lui as envoyée, il se tiendra discret, maintenant...Je dois aussi te dire combien j'ai été fier de te voir lui tenir tête en l'insultant presque !

Allansïa sourit de ce compliment. Son père continua.

- Tu as sûrement envie de passer un peu de temps avec ton ami, à présent...Ne crains rien, ta mère et moi serons toujours là quand tu voudras nous parler...A bientôt, Allansïa...

- Au revoir, Papa...

Le visage d'Illidan disparut de son champ de vision. Allansïa rouvrit ses yeux et sortit de la cabine non sans avoir caressé une dernière fois la joue de son père, ce héros...

Allansïa remonta les escaliers et trouva Elgÿn en train d'observer l'horizon. Elle lui caressa doucement l'épaule puis l'attira contre elle en l'embrassant, tandis que le navire approchait des côtes d'Ashenvale...

De retour à Nuronàn, la population fut effarée de voir le corps du Traître ramené par sa fille. L'audace d'Allansïa à avoir été cherché le corps de son père en plein coeur des Terres Glacées de Northrend ainsi que la tendresse que, malgré tout, elle semblait éprouver pour son défunt parent, changea complètement l'opinion de la population sur Allansïa. Cette dernière fut intégrée à part entière à la cité avec le consentement de tous les citoyens, sauf celui des membres de la Force Vindicative et, bien évidemment, de Maïev. Malgré la rancune dont elle faisait preuve à l'égard des Stormrage, la population était maintenant et définitivement contre elle, et elle préféra se faire discrète dans les mois qui suivirent le retour d'Allansïa et de son compagnon, lequel fut lui aussi accepté sans réserves d'aucune sorte. Néanmoins, Maïev ne manquait jamais l'occasion de lancer un regard plus que meurtrier à l'un où à l'autre - parfois les deux - les rares fois où elle les croisait.

Honorant la promesse qu'elle avait faite, et bénéficiant encore de maigres liens avec la magie de la lumière, Sylvanas remit en état Lordaeron avec le soutien réticent, mais néanmoins efficace de Varimathras. Malgré le fait que son organisme avait retrouvé un métabolisme « elfique », elle interdit à elle et ses troupes l'accès à Quel'Thalas, mais engagea des équipes de hauts elfes afin d'aider à la restauration de la cité détruite.

Allansïa enterra Illidan dans la tombe de sa mère, à Winterspring, et éleva une statue de cristal, ressemblant à de la glace, à l'effigie de son père sur cette tombe, dans le but de rappeler l'endroit où son père était tombé. Pour ne pas oublier sa mère et l'attachement qu'elle portait à la Déesse, Allansïa enchanta la statue de telle sorte que, à chaque nuit, la lumière de la lune se reflétait dans le monument cristallin, le faisant étinceler de toutes parts. La longue vie qu'elle mena - et qu'elle mène encore actuellement - aux côtés d'Elgÿn Sunfire et de leurs enfants, lui fut en tout point bénéfique...D'ailleurs, elle l'est toujours...
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